Duékoué, le 24 août 2012 - Je voudrais tout d’abord m’acquitter du devoir de vous présenter les excuses de M. Madani M. Tall, Directeur des Opérations de la Banque mondiale qui est absent de Côte d’Ivoire et me charge de vous dire combien il aurait aimé être avec vous en ce moment.
Monsieur le Premier Ministre, il y a deux semaines jour pour jour, nous étions à Bouaké pour une cérémonie forte de signification et de symboles, relative à la réception des Centres d’Archivage Judiciaire de l’Etat Civil réalisés dans le cadre du Projet d’Assistance Post-Conflit (PAPC). Aujourd’hui nous sommes à Duékoué pour le lancement du Projet d’Urgence pour la Réintégration des Déplacés Internes conçu par le PAPC.
Tout en vous sachant gré de votre sollicitude et de votre engagement personnel à soutenir les actions du PAPC, permettez-moi d’y lire également et surtout votre attachement à voir se matérialiser ce qui est désormais convenu d’appeler le Renouveau de la Côte d’Ivoire. Car comment ne pas faire le lien entre les fondements de l’initiative qui nous réunit ici ce matin et le cri de cœur que vous avez récemment lancé à Tous vos compatriotes – sans exclusive – , leur rappelant leur communauté de destin et les appelant à Re-faire triompher les valeurs qui ont forgé la grandeur de la Côte d’Ivoire, Terre de brassage, Terre de Diversité, Terre de multiculturalisme, Terre de multi confessionnalisme, Terre de communautarisme, Terre de paix et de prospérité.
Excellence Mesdames et Messieurs, c’est justement parce que certains de nos compatriotes ivoiriens se sont écartés de ces valeurs, que Duékoué est devenue la ville Martyre, la ville où la barbarie humaine s’est encore manifestée récemment et de la manière la plus hideuse.
Le projet que vous portez sur les fonds baptismaux ce matin, Monsieur le Premier Ministre, tire son essence de la volonté de la Banque mondiale et de l’équipe de coordination du PAPC, de raviver les flammes des valeurs qui firent de la Côte d’Ivoire un havre de paix et de Re-créer les conditions du Vivre ensemble au sein de nos communautés. Plus qu’une simple opération de Re-construction des cases et de réhabilitation des équipements sociaux de base, il s’agit, avant tout, d’une démarche dont le fondement et la finalité sont la Re-création de la Cohésion Sociale au sein des communautés retenues dans cette première phase pilote. Cette démarche est assise sur le concept de la participation et de l’appropriation dont les principes de base sont : (i) la consultation des populations afin de prendre en compte leurs priorités ; (ii) la facilitation de la mise en place des Comités de Développement Communautaire constitués de toutes les composantes socio-culturelles vivant dans la Communauté, (iii) l’Inventaire des cases à reconstruire ou à réhabiliter par les comités, (iv) la réalisation des travaux par un opérateur technique avec la participation de tous les membres de la communautés qui serviront de main d’œuvre, fabriqueront eux-mêmes les briques de béton ou de terre stabilisée, fourniront les agrégats, notamment le sable et les pierres, approvisionneront les chantiers en eau pour la fabrication du mortier. Cette démarche participative permettra au Malinké de contribuer à la construction de la case du Guéré, au Baoulé de se sentir solidaire du Dioula, l’objectif étant de contribuer à Re-créer le sentiment de communauté de destin et le vivre ensemble qui n’aurait jamais dû cesser d’être la marque de fabrique de la Côte d’Ivoire.
Le Renouveau de la Côte d’Ivoire, c’est certes des infrastructures à la dimension des ambitions de ce pays, mais c’est également l’élégance des mœurs et des esprits, le bannissement du repli identitaire et le triomphe de la communauté de destin. Le Renouveau de la Côte d’Ivoire c’est la capacité des filles et des fils de ce pays à faire des longues années de crise une opportunité, une formidable opportunité pour fortifier les fondations et les piliers de cette Nation en construction.
L’Histoire nous l’enseigne : Aucun des peuples que nous admirons aujourd’hui et qui nous servent de modèle, je dis bien aucun, n’a été épargné par l’épouvante et l’horreur. J’évoquerai ici, la Guerre de sécession aux Etats Unis, les nombreuses déchirures Européennes dont les deux grandes guerres dites Mondiales. Au regard des horreurs qu’ont connu ces pays, la crise ivoirienne pourrait être considérée comme une banale éructation. Et pourtant tous ces pays ont voulu, su et pu reprendre leur marche en avant comme si la guerre avait servi de ferment à la reconstruction et à l’édification des Nations. L’exemple le plus proche de nous est la construction Européenne qui s’est faite sur les cendres de la seconde guerre mondiale. Qui aurait pu parier que Français et Allemands travailleraient à une communauté de destin ? Parce que ces peuples là ont expérimenté l’horreur, ils en ont tiré toutes les leçons, ont décidé de magnifier tout ce qui peut les rendre plus forts et s’en ont donné les moyens. Et à cet effet, dois-je rappeler ici que la Banque mondiale au nom de laquelle je m’exprime en ce moment à Duékoué, a été créée justement sur les cendres de la seconde guerre mondiale en vue de la reconstruction de l’Europe et son premier prêt d’un montant de 250 millions de dollars a été accordé en 1947 à la France.
Cette évocation est un clin d’œil à l’humilité et surtout un écho à l’appel à la raison et à plus de lucidité que vous avez lancé aux Elites Ivoiriennes afin qu’à l’image des grands peuples tel que nous enseigne l’Histoire, la longue nuit noire de la crise ivoirienne soit transformée en une irréversible opportunité pour le Renouveau de la Côte d’Ivoire que nous lèguerons aux générations futures.
Ce Renouveau que nous appelons de tous nos vœux, commence aujourd’hui à Duékoué et si nous le voulons fermement, un jour, l’Histoire racontera certes, que Duékoué a été ville Martyre, ville de toutes les horreurs, symbole du déclin de la Côte d’Ivoire. Mais également nous l’espérons de tous nos vœux, l’Histoire enseignera à nos enfants que c’est à Duékoué qu’ont éclos les prémices du Renouveau de la Côte d’Ivoire réconciliée avec elle-même.
Je vous remercie de votre attention
Emmanuel N. Noubissié, Chargé principal des opérations, chef du projet PAPC à la Banque mondiale
Monsieur le Premier Ministre, il y a deux semaines jour pour jour, nous étions à Bouaké pour une cérémonie forte de signification et de symboles, relative à la réception des Centres d’Archivage Judiciaire de l’Etat Civil réalisés dans le cadre du Projet d’Assistance Post-Conflit (PAPC). Aujourd’hui nous sommes à Duékoué pour le lancement du Projet d’Urgence pour la Réintégration des Déplacés Internes conçu par le PAPC.
Tout en vous sachant gré de votre sollicitude et de votre engagement personnel à soutenir les actions du PAPC, permettez-moi d’y lire également et surtout votre attachement à voir se matérialiser ce qui est désormais convenu d’appeler le Renouveau de la Côte d’Ivoire. Car comment ne pas faire le lien entre les fondements de l’initiative qui nous réunit ici ce matin et le cri de cœur que vous avez récemment lancé à Tous vos compatriotes – sans exclusive – , leur rappelant leur communauté de destin et les appelant à Re-faire triompher les valeurs qui ont forgé la grandeur de la Côte d’Ivoire, Terre de brassage, Terre de Diversité, Terre de multiculturalisme, Terre de multi confessionnalisme, Terre de communautarisme, Terre de paix et de prospérité.
Excellence Mesdames et Messieurs, c’est justement parce que certains de nos compatriotes ivoiriens se sont écartés de ces valeurs, que Duékoué est devenue la ville Martyre, la ville où la barbarie humaine s’est encore manifestée récemment et de la manière la plus hideuse.
Le projet que vous portez sur les fonds baptismaux ce matin, Monsieur le Premier Ministre, tire son essence de la volonté de la Banque mondiale et de l’équipe de coordination du PAPC, de raviver les flammes des valeurs qui firent de la Côte d’Ivoire un havre de paix et de Re-créer les conditions du Vivre ensemble au sein de nos communautés. Plus qu’une simple opération de Re-construction des cases et de réhabilitation des équipements sociaux de base, il s’agit, avant tout, d’une démarche dont le fondement et la finalité sont la Re-création de la Cohésion Sociale au sein des communautés retenues dans cette première phase pilote. Cette démarche est assise sur le concept de la participation et de l’appropriation dont les principes de base sont : (i) la consultation des populations afin de prendre en compte leurs priorités ; (ii) la facilitation de la mise en place des Comités de Développement Communautaire constitués de toutes les composantes socio-culturelles vivant dans la Communauté, (iii) l’Inventaire des cases à reconstruire ou à réhabiliter par les comités, (iv) la réalisation des travaux par un opérateur technique avec la participation de tous les membres de la communautés qui serviront de main d’œuvre, fabriqueront eux-mêmes les briques de béton ou de terre stabilisée, fourniront les agrégats, notamment le sable et les pierres, approvisionneront les chantiers en eau pour la fabrication du mortier. Cette démarche participative permettra au Malinké de contribuer à la construction de la case du Guéré, au Baoulé de se sentir solidaire du Dioula, l’objectif étant de contribuer à Re-créer le sentiment de communauté de destin et le vivre ensemble qui n’aurait jamais dû cesser d’être la marque de fabrique de la Côte d’Ivoire.
Le Renouveau de la Côte d’Ivoire, c’est certes des infrastructures à la dimension des ambitions de ce pays, mais c’est également l’élégance des mœurs et des esprits, le bannissement du repli identitaire et le triomphe de la communauté de destin. Le Renouveau de la Côte d’Ivoire c’est la capacité des filles et des fils de ce pays à faire des longues années de crise une opportunité, une formidable opportunité pour fortifier les fondations et les piliers de cette Nation en construction.
L’Histoire nous l’enseigne : Aucun des peuples que nous admirons aujourd’hui et qui nous servent de modèle, je dis bien aucun, n’a été épargné par l’épouvante et l’horreur. J’évoquerai ici, la Guerre de sécession aux Etats Unis, les nombreuses déchirures Européennes dont les deux grandes guerres dites Mondiales. Au regard des horreurs qu’ont connu ces pays, la crise ivoirienne pourrait être considérée comme une banale éructation. Et pourtant tous ces pays ont voulu, su et pu reprendre leur marche en avant comme si la guerre avait servi de ferment à la reconstruction et à l’édification des Nations. L’exemple le plus proche de nous est la construction Européenne qui s’est faite sur les cendres de la seconde guerre mondiale. Qui aurait pu parier que Français et Allemands travailleraient à une communauté de destin ? Parce que ces peuples là ont expérimenté l’horreur, ils en ont tiré toutes les leçons, ont décidé de magnifier tout ce qui peut les rendre plus forts et s’en ont donné les moyens. Et à cet effet, dois-je rappeler ici que la Banque mondiale au nom de laquelle je m’exprime en ce moment à Duékoué, a été créée justement sur les cendres de la seconde guerre mondiale en vue de la reconstruction de l’Europe et son premier prêt d’un montant de 250 millions de dollars a été accordé en 1947 à la France.
Cette évocation est un clin d’œil à l’humilité et surtout un écho à l’appel à la raison et à plus de lucidité que vous avez lancé aux Elites Ivoiriennes afin qu’à l’image des grands peuples tel que nous enseigne l’Histoire, la longue nuit noire de la crise ivoirienne soit transformée en une irréversible opportunité pour le Renouveau de la Côte d’Ivoire que nous lèguerons aux générations futures.
Ce Renouveau que nous appelons de tous nos vœux, commence aujourd’hui à Duékoué et si nous le voulons fermement, un jour, l’Histoire racontera certes, que Duékoué a été ville Martyre, ville de toutes les horreurs, symbole du déclin de la Côte d’Ivoire. Mais également nous l’espérons de tous nos vœux, l’Histoire enseignera à nos enfants que c’est à Duékoué qu’ont éclos les prémices du Renouveau de la Côte d’Ivoire réconciliée avec elle-même.
Je vous remercie de votre attention
Emmanuel N. Noubissié, Chargé principal des opérations, chef du projet PAPC à la Banque mondiale