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Politique Publié le vendredi 31 août 2012 | Le Mandat

Interview-Sûreté nationale, situation de Bloléquin/Aimé Gnonsian (Opérateur économique): “La Côte d’Ivoire était dans la même zone que l’Irak

© Le Mandat Par Lass Communication
Horreur à Bloléquin: les miliciens libériens massacrent les populations civiles
Mars 2011. Dans leur repli face à l`arrivée des Forces républicaines, les miliciens libériens massacrent les populations civiles. Photo: Les populations avaient trouvé refuge à la Préfecture de Blolequin avant le massacre
Les Américains ont voulu ‘’blackister’’ nos ports’’
Si le port d’Abidjan et l’Aéroport FHB sont aujourd’hui certains d’être certifiés en fin d’année 2012, c’est en majeure partie grâce à Aimé Gnonsian, jeune cadre ivoirien très discret, patron du Groupe Solen, les évaluations et plans de sureté. Dans cet entretien, l’homme d’affaires donne les raisons de son engagement pour la Côte d’Ivoire.

Directeur d’une importante société en Europe, vous décidez de revenir en Côte d’Ivoire votre pays natal. Pourquoi une telle option ?
Ma réelle motivation, c’est de relancer l’économie du pays parce que je me suis rendu compte que malgré la crise, la Côte d’Ivoire représente le maillon fort de l’économie sous-régionale. Donc, il fallait soutenir ce maillon fort-là, à la limite le relancer. Quand on assume de grandes responsabilités au niveau mondial, quel que soit l’endroit où l’on se trouve, on n’oublie jamais son pays. Surtout quand son pays est en période de crise et qu’on se dit que nous devons tous apporter notre pierre à sa reconstruction. Il est vrai qu’il y a des gens qui font de la politique, mais ce ne sont pas eux seuls qui doivent intervenir pour notre pays.

Au moment où de nombreuses entreprises hésitent encore à intervenir sur le marché ivoirien, ne croyez-vous pas avoir ainsi pris des risques ?
Entreprendre, c’est toujours prendre des risques. Mais, quand on prend les risques, on sait les mesurer. Il y a de réelles opportunités sur le marché ivoirien. Nous les avons identifiées depuis l’extérieur, et nous sommes rentrés pour pouvoir faire tourner les activités concernées. Et je pense que ceux qui sont partis l’ont fait en raison de ce qu’on appelle « l’évaluation liée aux risques de sécurité dans le pays » parce qu’on est dans une zone instable. Par exemple, la Côte d’Ivoire, à un moment donné, était notée par la COFACE dans la zone D au même titre que l’Irak. Donc, quand quelqu’un vient investir ici et que les assureurs lui demandent énormément de choses, il est évident qu’il prendra beaucoup moins de risques. Moi, je ne suis pas dans ce cas de figure, je viens investir mes propres fonds ; par conséquent, je n’ai pas à craindre pour cela. Mais, je sais que la Côte d’Ivoire est un pays important économiquement.

Que faites-vous exactement au Port d’Abidjan et à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny ?
Nous avons commencé par l’aéroport d’Abidjan parce qu’il y avait une grosse problématique au niveau de la certification de l’aéroport d’Abidjan pour pouvoir avoir des vols entre les Etats-Unis et la Côte d’Ivoire. Et ça, c’est l’objectif final poursuivi par l’autorité compétente qui est l’ANAC. Au niveau de l’aéroport d’Abidjan, nous accompagnons notre partenaire qui est une entreprise canadienne qui s’occupe de la sûreté. Je veux parler de caméra, de vidéosurveillance, de contrôle d’accès, de scanner pour la détection d’explosifs, de métaux…C’est un travail que nous faisons depuis trois ans, au quotidien et ce, 24h/24. Au niveau du port d’Abidjan, qui a été certifié par l’Organisation maritime internationale depuis 2004, il s’est avéré que juste après la crise post-électorale, les gardes côtes américains ont voulu « blackister » nos ports. Ça veut dire que, certes on a la certification mais ils n’étaient pas sûrs de l’applicabilité de ce que nous faisons surtout que nous venons de traverser une longue période de crise. Nous avons réagi promptement pour accompagner le port à la fois pour la certification au niveau de l’organisation maritime internationale mais vis-à-vis des Américains. Aujourd’hui, quand ceux qui ont connu le port il y a un an, y arrivent, ils se rendent compte qu’il y a eu de grands changements au niveau de la sûreté mais avec un impact probant sur la rentabilité, la fluidité des opérations de manutention du port, la circulation et l’identification des personnes qui y travaillent.

Quels sont les résultats qui ont été donnés au niveau de l’aéroport
Au niveau de l’aéroport, c’est positif. La certification, je n’en parle pas parce que je ne suis pas l’autorité désignée pour en parler mais pour tous ceux qui voyagent, ils ont vu qu’il y a un changement depuis deux ans. N’importe qui ne rentre à l’aéroport, même si c’est un agent des forces de l’ordre ; il faut être dûment mandaté pour avoir accès à l’aéroport. Vous savez, il y a des compagnies aériennes qui étaient à un vol par semaine et qui sont maintenant à un vol par jour. Il y a même une compagnie turque qui vient de s’y établir. Plus il y a de passagers, plus l’économie va tourner.

Votre intervention au port semble avoir satisfait les partenaires de la Côte d’Ivoire, notamment les Etats-Unis. Est-ce le début d’une confiance avec l’expertise locale ?
Nous sommes confiants dans ce que nous faisons. C’est vrai que le secteur dans lequel nous intervenons était par le passé détenu par des groupes étrangers qui ont fait leur preuve, mais nous sommes arrivés, nous apportons une réelle valeur ajoutée parce que nous connaissons réellement le terrain, nous connaissons nos habitudes et nous avons l’expertise que les autres ont. Donc, l’Etat peut être fier d’avoir fait appel à des expertises locales. Je crois que l’Etat doit continuer dans ce sens si on veut développer davantage notre économie, si on veut développer davantage les compétences de nos jeunes.

Vous êtes discret mais très actif à Bloléquin, votre département. Nourrissez-vous des ambitions politiques ?
Je suis suffisamment occupé par mes activités professionnelles et économiques pour me disperser encore dans des activités politiques. Je crois qu’il faut être disponible quand on s’engage sur une voie. Celle que j’ai choisie me sied à merveille. N’empêche, pour ce qui concerne le développement de la région, étant un fils de la région, je crois que peu importe la voie que j’emprunte mais il me faut être présent au niveau du développement. Surtout que dans mes expertises, gérer le bien privé ou le bien public représente la même chose. Donc, je dois m’engager davantage pour le développement de ma région. Ce que je fais actuellement n’est qu’un début et j’ai de grandes ambitions.

Quelles sont ces ambitions ?
Vous savez que notre région a souffert de la crise depuis 2002. Moi, je ne veux pas revenir sur les tenants et les aboutissants de cette crise. Ce que je sais est que notre région est potentiellement riche, notamment en ressources humaines et ressources naturelles. Nous possédons un sous-sol extrêmement riche et la forêt la plus vierge, la plus dense actuellement de la Côte d’ivoire. Tout ce qui nous manque, c’est l’organisation. Il faut qu’on mette en place de bonnes organisations, que ce soit par les coopératives, des actions de développement. On cible les projets majeurs susceptibles de drainer tout le monde. Moi, par exemple, j’ai une plantation d’hévéa qui fait des émules. Je ne demande pas à tout le monde d’avoir 50 hectares, mais si chaque paysan a deux hectares, ce ne serait pas mal. On a des projets au niveau de la riziculture. Vous savez, le riz fluvial qui est utilisé chez nous, a un cycle de production de cinq mois et il s’avère qu’un institut agronomique a réussi à développer une variété de riz qui a un cycle de production de 3 mois et avec un bon rendement à l’hectare. Nous avons fait un test sur deux hectares en 2010, la production était excellente. Le résultat a été tellement bon que les paysans en ont fait une semence pour pouvoir l’utiliser l’année suivante. Malheureusement, en 2011, les nombreux efforts ont été anéantis pour raison de guerre.

Si vous devez vous adresser à eux, quel message leur porteriez-vous ?
Ce sera un message global aussi bien pour ceux de la ville que ceux des villages. Nous avons des potentialités, des richesses. Nous ne devons pas nécessairement attendre que l’Etat fasse tout pour nous, nous devons nous organiser et prendre surtout des initiatives. L’on dit souvent ‘’Aides-toi, le Ciel t’aidera’’. Donc les tenants et les aboutissants, c’est nous qui détenons, y compris tous les maillons de la chaîne. La balle est dans notre camp, dépassons les considérations politiciennes et avançons. On peut être paysan, conserver sa richesse, malgré le changement politique.

MASS DOMI
massoueudomi@yahoo.fr
Collaboration particulière de L. Saki
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