Si on se réfère uniquement aux déclarations officielles, tout baigne. Comme l’année dernière avant que n’éclate la crise des vols départ, le ou les comités d’organisation-c’est le cas de le dire-sont peu prolixes sur les difficultés qui pourraient conduire à un remake des années passées. Derrière toute la face visible des préparatifs, se cache un véritable conflit de compétences qui pourrait finir par plomber toute l’organisation. L’une des protagonistes est la directrice générale des Cultes, Aminata Diaby Dao qui, à l’instar des pèlerinages évangéliques, s’attire en ce moment une colère dans le milieu du hadj pour son emprise sur les opérations du voyage. Il lui est reproché d’outrepasser ses missions et ses limites administratives pour s’imposer dans l’organisation pratique. Selon nos informateurs, un rôle comme le recrutement des agents recenseurs à Abidjan qu’elle s’est arrogé n’est pas de son ressort. Les agents recenseurs, sont ces personnes qui sur les lieux d’inscription contrôlent les dossiers du candidat pour s’assurer qu’il possède le certificat d’aptitude médicale, et les autres pièces requises, avant de l’autoriser à aller verser le droit d’inscription à la caisse. Du coup, le pouvoir qu’elle a sur ces agents lui permet d’être la seule à maîtriser la liste définitive, avec toute la latitude d’annoncer 5.000 pèlerins inscrits pendant qu’il y en a moins, et d’introduire officieusement des noms à des conditions que personne ne peut savoir. En tant que mandataire du ministre de tutelle, il lui suffit de dire au Trésor public que ces ajouts sont possibles sans que le plafond initial de 5.000 pèlerins soit dépassé. La liste étant officiellement fermée, les retardataires qui ne veulent pas rater cette édition sont prêts à tous les sacrifices financiers. Sauf que seulement 1,5 million du FCFA sur le montant qu’ils auront déboursé ira dans la caisse. Le reste, une somme équivalente, ou plus selon nos sources, est la part de celui qui a permis cette inscription inespérée. L’observateur averti qui attire notre attention sur ces magouilles n’en fait pas sa préoccupation majeure. Son plus gros souci concerne les dysfonctionnements que cela peut créer dans la programmation des vols, un des chapitres les plus délicats du hadj. Pis, ajoute-t-on, les mésententes entre la Direction des Cultes et les autres composantes de l’organisation ont été préjudiciables aux pèlerins ces dernières années en Arabie Saoudite. La liste des tâches que s’accapare la directrice des Cultes est loin d’être exhaustive. Pourtant, selon l’article 29 du décret n° 2011-388 du 16 novembre 2011 portant organisation du ministère d’Etat, ministère de l’Intérieur (Nous nous sommes procuré la copie intégrale du décret), elle est chargée : «de réaliser les études relatives au régime juridique et à l’organisation des associations cultuelles, examiner les dossiers relatifs à l’agrément des missions religieuses, promouvoir le dialogue entre les différentes religions, promouvoir de bons rapports entre l’administration et les représentations des différentes religions; assister les cultes et les religions dans le cadre de leurs manifestations, encadrer l’organisation et assurer le suivi des pèlerinages et des visites des lieux saints, assister les organisations confessionnelles dans la recherche de financement, de promouvoir la liberté religieuse et la laïcité de l’Etat, suivre les dossiers de contentieux…» Essentiellement un rôle de supervision. L’opérationnel doit quant à lui être géré par des organes ponctuels comme c’est le cas au Sénégal (lire l’interview du commissaire général au pèlerinage du Sénégal).
En Côte d’Ivoire, un commissaire est nommé chaque année. Un comité de surveillance composé de représentants de l’Etat et de la communauté musulmane a été mis en place. Il est dirigé par Vassiriki Touré. Notre rendez-vous du vendredi après-midi avec lui a été annulé à la dernière minute en raison d’une réunion de ce comité portant entre autres sur la décision du chef de l’Etat, Alassane Ouattara, d’offrir le voyage à 500 fidèles démunis, et de permettre à 500 retardataires ayant le certificat d’aptitude médicale de s’inscrire cette semaine. Ce qui porte à 6.000 l’effectif des pèlerins enregistrés par l’Etat. Nous avons également approché le commissaire du hadj, Dr Losseni Cissé, pour avoir un point exact des inscriptions. Il n’a pu nous parler que du recrutement et de la formation des encadreurs. De son côté, le Conseil supérieur des imams (Cosim) semble embarrassé par les couacs dans les préparatifs, notamment le manque d’harmonie entre la directrice des Cultes et les autres organes. «Pour l’image de la communauté musulmane, ce sont des problèmes qu’il ne faut pas amener sur la place publique. Nous sommes en train de les régler discrètement», a souhaité au téléphone un proche du Cheikh Fofana. Après avoir, durant une semaine, tenté sans succès de la joindre sur son téléphone portable, et envoyé des sms pour lui signifier notre vœu de la rencontrer, nous nous sommes rendus jeudi à 14 heures au bureau de la directrice des Cultes à Cocody. Mais après plus d’une heure d’attente, nous verrons juste Aminata Diaby Dao s’éclipser par la deuxième sortie de son bureau, celle qui, apprenons-nous, se croirait intouchable parce qu’étant l’épouse du médecin particulier du président de la République. Outre les griefs qui la visent, nous aurions voulu qu’elle se prononce, puisqu’elle a tout en main, sur la gestion décriée du budget du hadj qui s’élèverait à 15 milliards de FCFA dont 8 milliards de subvention de l’Etat, le rejet de dossiers de candidats à l’organisation privée et ses liens qualifiés de douteux avec les 7 opérateurs qui ont eu les agréments. Mme Dao pourra aussi, le jour où elle le souhaitera, répondre aux soupçons sur les pourcentages qu’elle et d’autres têtes fortes auraient obtenu sur le prix de chaque billet d’avion.
C.S.
En Côte d’Ivoire, un commissaire est nommé chaque année. Un comité de surveillance composé de représentants de l’Etat et de la communauté musulmane a été mis en place. Il est dirigé par Vassiriki Touré. Notre rendez-vous du vendredi après-midi avec lui a été annulé à la dernière minute en raison d’une réunion de ce comité portant entre autres sur la décision du chef de l’Etat, Alassane Ouattara, d’offrir le voyage à 500 fidèles démunis, et de permettre à 500 retardataires ayant le certificat d’aptitude médicale de s’inscrire cette semaine. Ce qui porte à 6.000 l’effectif des pèlerins enregistrés par l’Etat. Nous avons également approché le commissaire du hadj, Dr Losseni Cissé, pour avoir un point exact des inscriptions. Il n’a pu nous parler que du recrutement et de la formation des encadreurs. De son côté, le Conseil supérieur des imams (Cosim) semble embarrassé par les couacs dans les préparatifs, notamment le manque d’harmonie entre la directrice des Cultes et les autres organes. «Pour l’image de la communauté musulmane, ce sont des problèmes qu’il ne faut pas amener sur la place publique. Nous sommes en train de les régler discrètement», a souhaité au téléphone un proche du Cheikh Fofana. Après avoir, durant une semaine, tenté sans succès de la joindre sur son téléphone portable, et envoyé des sms pour lui signifier notre vœu de la rencontrer, nous nous sommes rendus jeudi à 14 heures au bureau de la directrice des Cultes à Cocody. Mais après plus d’une heure d’attente, nous verrons juste Aminata Diaby Dao s’éclipser par la deuxième sortie de son bureau, celle qui, apprenons-nous, se croirait intouchable parce qu’étant l’épouse du médecin particulier du président de la République. Outre les griefs qui la visent, nous aurions voulu qu’elle se prononce, puisqu’elle a tout en main, sur la gestion décriée du budget du hadj qui s’élèverait à 15 milliards de FCFA dont 8 milliards de subvention de l’Etat, le rejet de dossiers de candidats à l’organisation privée et ses liens qualifiés de douteux avec les 7 opérateurs qui ont eu les agréments. Mme Dao pourra aussi, le jour où elle le souhaitera, répondre aux soupçons sur les pourcentages qu’elle et d’autres têtes fortes auraient obtenu sur le prix de chaque billet d’avion.
C.S.