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Politique Publié le mardi 11 septembre 2012 | Le Temps

230 morts ou 13 morts dans le camp des réfugiés de Nahibly : L’Onu banalise le massacre de Duékoué

© Le Temps Par DR
Duékoué: Les personnes déplacées du camp de Niambly trouvent un nouveau refuge
22 Juillet 2012. Duékoué. Un aperçu de l`atmosphère après l` attaque du camp des personnes déplacées dans l`ouest de Côte-d`Ivoire.
Le vendredi 20 juillet 2012, une attaque d’une violence inouïe cible le camp des réfugiés de Nahibly. Les auteurs sont des éléments des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci), des partisans civils d’Alassane Ouattara et des chasseurs traditionnels appelés Dozos. Cette attaque a fait plus de 50 morts selon des sources anonymes proches de la Croix rouge basée dans la ville de Duékoué qui abrite ledit camp. Deux jours plus tard, le bilan s’alourdit après des fouilles du périmètre du camp et des témoignages des parents de victimes. L’on dénombre 230 corps sans vie, tous reconnus comme des réfugiés du camp des déplacés de guerre de Nahibly et appartenant majoritairement à l’ethnie Guéré. Ce chiffre est confirmé par l’association des cadres, filles et fils de la région du grand ouest, membres du Comité de sauvegarde du patrimoine foncier Wê (Cspf-WÊ) qui se réunissaient dans un restaurant à Cocody les Deux-Plateaux. Dans un volumineux mémorandum, le Cspf-Wê fait le tour de la question de la survie du peuple Wê, fait des recommandations et interpelle la communauté internationale sur «le génocide du peuple Wê».
Un jour après l’attaque, soit le 21 juillet, l’Ambassade de Suisse condamne le massacre du camp des réfugiés de Nahibly qui bénéficie du soutien humanitaire de la Croix rouge, une association humanitaire basée en Suisse. «L’Ambassade de Suisse en Côte d`Ivoire prend acte avec grande préoccupation des nouvelles attaques dirigées contre des personnes civiles à Duékoué. Elle condamne en particulier l’attaque d`un camp de personnes déplacées sous la protection des Nations Unies, quelle qu’en soit la raison. La Confédération suisse est le dépositaire des Conventions de Genève et des autres instruments du droit international humanitaire, et l’Ambassade rappelle que toute attaque contre des personnes civiles tout comme l’abus d’installations civiles protégées à des fins violents y sont strictement interdites. Elle souligne que la Suisse s’est engagée pendant la récente crise en Côte d`Ivoire comme le troisième donateur d’aide humanitaire en faveur des populations dans le besoin, en particulier à l’ouest du pays et aussi dans le camp de Nahibly, maintenant touché. L’Ambassadeur de Suisse s’est rendu, depuis janvier 2011, à plusieurs reprises à l’ouest dans le contexte de cette aide et pour soutenir le dialogue entre les populations en conflit. L’Ambassade en appelle au Gouvernement de la République et à l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire afin qu`ils prennent toutes les mesures pour identifier et punir les coupables, d’où qu`ils viennent, et pour protéger efficacement la population civile et les opérations humanitaires». Peut-on lire le communiqué de la représentation diplomatique Helvétique en Côte d’Ivoire. Alors que le pouvoir ivoirien et l’Organisation des nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) se rejettent la responsabilité de la surveillance. Le n°2 de l’Onuci, Arnauld Akodiénou, ayant été catégorique quant au rôle de son organisation en martelant que, «la responsabilité primaire pour la sécurité du camp en incombait aux autorités ivoiriennes (qui) étaient chargées de la surveillance générale du camp»… Par précaution et certainement pour ne pas entrer dans la guerre des chiffres qui oppose désormais les parents des victimes et le pouvoir ivoirien, la Suisse omet de mentionner dans son communiqué le nombre de victimes massacrées.
Mais l’Onuci n’entend pas les choses de cette oreille. L’intervention de son patron Gérard Berth Koender’s vient semer le trouble dans les esprits des parents des victimes. En minimisant le bilan. Le 21 juillet, à l’issue d’une audience à la résidence d’Henri Konan Bédié, le représentant du Secrétaire général de l’Onu dresse un bilan réductif du massacre au grand dam des familles éplorées. L’Onu condamne "avec force" l’attaque contre un camp de déplacés dans l’ouest de la Côte d`Ivoire, qui a fait "sept morts et 13 blessés", et appelle les autorités ivoiriennes à "plus d’efforts" pour assurer la sécurité dans cette région meurtrie, dit-il. Ignorant le bilan préalablement dressé par les parents des victimes et le Comité de sauvegarde du patrimoine foncier Wê (Cspf-Wê), plus proches de la réalité car directement concernés par les massacres.
Pourquoi avoir choisi de réduire le nombre des victimes des Frci et Dozos ? Selon un gendarme français de l’Opération Licorne qui a requis l’anonymat, il s’est agit pour la représentation onusienne en Côte d’Ivoire de mettre fin à la brouille qui commençait à s’installer entre elle et le régime d’Abidjan, suite à la question de la responsabilité de la surveillance du camp que les deux entités se sont rejetées. Il ne fallait donc pas faire cas des 230 morts donnés par les parents des victimes, car cela accablaient davantage le régime Ouattara. Dès lors, le chiffre de «sept morts» rendu public par Berth Koenders passe légèrement en hausse (pour moins choquer) et devient «13 morts, 3 brûlés vifs et 30 blessés». La stratégie étant de donner du crédit par le certificateur patenté qu’est l’Onuci. Toute la presse proche du pouvoir pouvait alors relayer ces chiffres officiels. Les plus prudents évoqueront «au moins une dizaine de morts, des dizaines de blessés…». Même certaines organisations de défense des droits de l’homme, notamment la Ligue ivoirienne des droits de l’homme (Lidho) rentreront dans les rangs suite à cette communication du représentant du Secrétaire général de l’Onu. En effet, tout en s’exerçant à «noter avec stupéfaction que les soldats des Casques bleus de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire, sous la responsabilité desquels est placé ce site d’accueil, n’ont pu empêcher l’incendie du camp et le massacre de ces populations vulnérables…». La Lidho s’en tiendra aux chiffres «officiels» certifiés de l’Onuci et adoubés par le gouvernement de Côte d’Ivoire. Alors questions : que fait-on des 217 cadavres restants officiellement non reconnus, si l’on s’en tient aux 17 morts ? Pourquoi un tel cynisme dans le traitement des malheurs qui s’abattent sur le peuple Wê ? Qu’est-ce qui peut expliquer le fait que la communauté internationale reste de marbre devant ces victimes de la barbarie des pro-Ouattara ? Y’a-t-il une différence de douleurs entre 230 et 13 ? La vie ne devrait-elle pas avoir la même importance et susciter le même intérêt de la part des défenseurs des droits humains quelle qu’en soit le nombre de personne tuée ? C’est à ne rien y comprendre, surtout lorsqu’il est ressasser à longueur de journée que la «Communauté internationale condamne».
Simplice Allard
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