Le procureur militaire Ange Kessi Kouamé est très entreprenant. Concomitamment aux poursuites contre les militaires impliqués dans les événements de la crise postélectorale, le commissaire du gouvernement veut élucider l’assassinat du général Robert Guéï. Hier, Ange Kessi Kouamé a confié à l’Afp, avoir débuté l’audition des personnes suspectées d’avoir participé à l’assassinat de l’ancien chef de la junte ivoirienne. « J’ai commencé les auditions ce matin », a déclaré Ange Kessi Kouamé. L’ouverture de l’enquête est consécutive à une plainte déposée par la famille du défunt patron de l’armée ivoirienne, dans les années 95. Et, selon les confidences faites par le procureur militaire, c’est pour éviter que la prescription décennale ne rende caduque les poursuites, qu’il a ouvert hier, l’enquête. Cette prescription décennale devrait entrer en vigueur, la semaine prochaine. C’est, en effet, le 19 septembre 2002, aux premières heures de la crise militaire, que le général Robert Guéï a été tué. Selon plusieurs sources, notamment proches de son parti, l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (Udpci), ce sont des soldats se réclamant de Laurent Gbagbo qui ont attenté à sa vie. Ils l’auraient sorti de la cathédrale Saint Paul du Plateau où il s’était réfugié, pour l’assassiner. Son corps a été retrouvé sur la Corniche. Selon les premières versions données, à l’époque par les dirigeants frontistes au pouvoir, celui qui a dirigé le pays du 25 décembre 1999 à octobre 2000, a été tué au combat, alors qu’il se rendait à la télévision ivoirienne, pour lire une déclaration de prise de pouvoir. Une version qui a convaincu très peu de personnes dans l’opinion nationale, puisque le général Guéï était vêtu d’un pyjama. Dans une vidéo diffusée, en juin dernier, sur les antennes de la télévision nationale, un militaire pris, pour tentative de déstabilisation a confirmé la première thèse, celle de l’assassinat. Il a même avancé le nom d’Anselme Séka Yapo dit Séka Séka, ancien patron de la sécurité de Simone Gbagbo, ex-Première dame. Selon l’Afp qui dit tenir l’information d’une source proche du dossier, Séka Séka serait bel et bien le suspect numéro un. Recherché par les autorités ivoiriennes, le commandant Séka Séka a été arrêté le 16 octobre 2011, à l’aéroport Félix Houphouet-Boigny. Jean-Blé Guirao, secrétaire général adjoint de l’Udpci que nous avons joint, hier, s’est réjoui de l’ouverture de l’enquête. « J’espère qu’elle va aboutir », nous a-t-il indiqué, par téléphone. Demain, doit s’ouvrir, la semaine d’hommage au général Guéï. C’est une initiative de son parti.
Marc Dossa
Marc Dossa