Contre toute attente, la Chambre préliminaire I chargée du dossier de l'ex-chef de l'Etat Laurent Gbagbo a convoqué une audience pour le 24 Septembre prochain. La décision a été prise hier même et a été aussitôt annoncée publiquement. La défense de Laurent Gbagbo avait-elle été avertie au préalable d'une telle audience et de la date? Va-t-elle (ou peut-elle) contester et demander encore un report pour ce jugement de fond sur une requête présentée par elle? Une autre demande de report ne sera-t-elle pas considérée comme une obstruction de la part de la défense de Laurent Gbagbo, qui au départ, avait fait le choix de la collaboration avant d'entrer dans une politisation de la procédure et d'une confrontation permanente avec la Cour, la où le débat doit se faire plutôt entre le bureau du Procureur et la défense. Assaillie de plusieurs procédures, notamment la requête en incompétence qui fait l'objet d'un appel, la Cour décide néanmoins de convoquer une audience pour statuer sur la capacité de Laurent Gbagbo à assister à son procès. Est-ce une manière pour la Cour d'affirmer son autorité et de refuser que la défense lui dicte son agenda. Avant même le verdict en appel sur sa compétence, la Cour déroule son agenda comme pour indiquer qu'en appel, aucune décision "miracle" pour les pro-Gbagbo n'est possible. La défense va-t-elle jouer le jeu, et «valider» l'audience du 24 septembre prochain ? Certes, elle peut espérer que la Cour déclare inapte Laurent Gbagbo, et estimer qu'il ne peut assister au procès compte tenu des mauvais traitements qu'il aurait subi. Dans un tel cas, cette décision suffit-elle à annuler toute la procédure, pour cause de mauvais traitement subis? La Cour a déjà donné une appréciation contestée par la défense, qui joue gros: si le procureur parvient à démontrer que Laurent Gbagbo est bel et bien valide, et parvient à convaincre la Cour dans ce sens, si enfin le procès est maintenu avec ou sans la présence de Laurent Gbagbo, Me Altit et les siens prennent un gros coup. D'autant plus que Laurent Gbagbo est invité à être lui-même à la barre le 24 Septembre 2012. S’il peut répondre à présent à cette audience même à huis clos, en quoi lui sera-t-il impossible d’être présent, lors des audiences de confirmation des charges et plus tard, durant le procès lui-même ; malgré leur caractère public. Gros piège tendu à la défense. Comment Me Altit et son équipe vont-ils réagir? Au delà des rapports médicaux et de ce qui n'est pas visible, les uns et les autres (juges, procureur et avocats) auront la possibilité d'avoir une idée à partir de l'aspect physique, moral et de l'apparence ou de la mine que l'ex chef de l'Etat donnera à voir le 24 septembre prochain.
Charles Kouassi
Charles Kouassi
