On l’appelle docteur, quelquefois, professeur. Les plus intimes le traitent simplement d’artiste des herbes. Mais pour tous, c’est un guérisseur hors pair. Sans prétendre détenir la science infuse des plantes, Dr André Awo nous ouvre son cœur.
Alors que l’ex-ministre des Sports et des loisirs effectuait une mission à l’intérieur du pays, l’un de ses subalternes s’étonne devant sa fraîcheur physique constante. Ce dernier lui demande son secret. Dagobert Banzio lui montre alors une bouteille contenant une boisson «travaillée» qu’il transporte dans sa voiture. Les autres en boivent et sont «requinqués» en quelques minutes. Quand Dr André Awo raconte cette anecdote, on croit se trouver devant une publicité de boissons énergisantes en vogue. Mais non, le Béninois, la cinquantaine révolue, est sérieux. C’est lui qui a confectionné cette boisson pour le ministre, avec une plante dont il ne cesse de vanter les qualités : l’aloe vera. «Cette plante peut soigner 75 maladies. Grâce à son jus, on peut guérir l’ulcère, la fatigue générale, l’impuissance sexuelle…» Ce vendredi, sous une chaleur de plomb, André Awo nous fait visiter son jardin d’Eden à Adjouffou, un des sous-quartiers de Port-Bouet. C’est un enclos d’environ 400 m² où poussent plusieurs types de plantes aux vertus «inestimables». Parmi elles, l’ «hysope israélien» qui soigne la cataracte, les maux d’yeux. Et tenez-vous bien, purifie l’âme des mauvais esprits. Mais il y a aussi le «wantawinzin» (ce sont des noms béninois), qui soigne la tension, les boutons, les furoncles. Et il ne faut surtout pas oublier l’ «Awonto», très efficace contre les problèmes cardiaques. Depuis 1999, date de la mort de son père Ambroise Awo, André a hérité de son savoir. Un gros livre où ce dernier a mentionné ses secrets et quelques bénédictions faites avec de la salive puis frottées sur sa tête. Mais Ambroise Awo n’était pas n’importe qui. Il était connu en Côte d’Ivoire pour ses talents inégalables de guérisseur. Même si, aujourd’hui, le fils l’accuse d’avoir basculé du côté des forces obscures : le Vaudou et les fétiches. André Awo a décidé de marcher dans les pas de son grand-père, Jean Awo, qui était un fervent catholique. Celui-là même qui a soigné un célèbre cardinal du Bénin. André veut que les autorités ivoiriennes mettent à sa disposition un espace pour cultiver ses plantes rares qui seront utiles pour la médecine traditionnelle et même moderne. Pourquoi pas ? Il assure avoir aidé l’ancien maire du Plateau, Emmanuel Dioulo à guérir alors qu’il débutait encore dans le métier. Et il continue de recevoir des personnalités à son domicile, situé à une dizaine de mètres du potager. Sur le coût de ses prestations, il préfère garder le silence. «Je veux être connu», lance Awo sans complexe. Mais il ne veut pas être connu en tant que peintre en bâtiment, son métier d’origine, ni même footballeur (car il a été joueur), mais comme docteur. Pourtant, ce quinquagénaire, marié et père de 8 enfants, n’a aucune notion en médecine. Et on est même surpris de ce sobriquet de docteur qu’il porte. «C’est arrivé, il y a six ans, raconte-t-il. Un de mes amis qui est médecin est venu me rendre visite. Il a subitement pris un coup de fatigue. Je lui ai préparé une potion à base de plantes. Quand il l’a bue, peu de temps après, il a commencé à transpirer. Surpris par cette guérison instantanée, il m’a surnommé docteur. Souvent il m’appelait professeur». Aujourd’hui, selon lui, il arrive que son ami médecin réoriente certains de ses patients vers lui. En attendant d’être désigné 1er guérisseur ivoirien comme son père l’a été au Gabon, Dr André reçoit ses patients dans son salon. C’est déjà ça.
Raphaël Tanoh
Alors que l’ex-ministre des Sports et des loisirs effectuait une mission à l’intérieur du pays, l’un de ses subalternes s’étonne devant sa fraîcheur physique constante. Ce dernier lui demande son secret. Dagobert Banzio lui montre alors une bouteille contenant une boisson «travaillée» qu’il transporte dans sa voiture. Les autres en boivent et sont «requinqués» en quelques minutes. Quand Dr André Awo raconte cette anecdote, on croit se trouver devant une publicité de boissons énergisantes en vogue. Mais non, le Béninois, la cinquantaine révolue, est sérieux. C’est lui qui a confectionné cette boisson pour le ministre, avec une plante dont il ne cesse de vanter les qualités : l’aloe vera. «Cette plante peut soigner 75 maladies. Grâce à son jus, on peut guérir l’ulcère, la fatigue générale, l’impuissance sexuelle…» Ce vendredi, sous une chaleur de plomb, André Awo nous fait visiter son jardin d’Eden à Adjouffou, un des sous-quartiers de Port-Bouet. C’est un enclos d’environ 400 m² où poussent plusieurs types de plantes aux vertus «inestimables». Parmi elles, l’ «hysope israélien» qui soigne la cataracte, les maux d’yeux. Et tenez-vous bien, purifie l’âme des mauvais esprits. Mais il y a aussi le «wantawinzin» (ce sont des noms béninois), qui soigne la tension, les boutons, les furoncles. Et il ne faut surtout pas oublier l’ «Awonto», très efficace contre les problèmes cardiaques. Depuis 1999, date de la mort de son père Ambroise Awo, André a hérité de son savoir. Un gros livre où ce dernier a mentionné ses secrets et quelques bénédictions faites avec de la salive puis frottées sur sa tête. Mais Ambroise Awo n’était pas n’importe qui. Il était connu en Côte d’Ivoire pour ses talents inégalables de guérisseur. Même si, aujourd’hui, le fils l’accuse d’avoir basculé du côté des forces obscures : le Vaudou et les fétiches. André Awo a décidé de marcher dans les pas de son grand-père, Jean Awo, qui était un fervent catholique. Celui-là même qui a soigné un célèbre cardinal du Bénin. André veut que les autorités ivoiriennes mettent à sa disposition un espace pour cultiver ses plantes rares qui seront utiles pour la médecine traditionnelle et même moderne. Pourquoi pas ? Il assure avoir aidé l’ancien maire du Plateau, Emmanuel Dioulo à guérir alors qu’il débutait encore dans le métier. Et il continue de recevoir des personnalités à son domicile, situé à une dizaine de mètres du potager. Sur le coût de ses prestations, il préfère garder le silence. «Je veux être connu», lance Awo sans complexe. Mais il ne veut pas être connu en tant que peintre en bâtiment, son métier d’origine, ni même footballeur (car il a été joueur), mais comme docteur. Pourtant, ce quinquagénaire, marié et père de 8 enfants, n’a aucune notion en médecine. Et on est même surpris de ce sobriquet de docteur qu’il porte. «C’est arrivé, il y a six ans, raconte-t-il. Un de mes amis qui est médecin est venu me rendre visite. Il a subitement pris un coup de fatigue. Je lui ai préparé une potion à base de plantes. Quand il l’a bue, peu de temps après, il a commencé à transpirer. Surpris par cette guérison instantanée, il m’a surnommé docteur. Souvent il m’appelait professeur». Aujourd’hui, selon lui, il arrive que son ami médecin réoriente certains de ses patients vers lui. En attendant d’être désigné 1er guérisseur ivoirien comme son père l’a été au Gabon, Dr André reçoit ses patients dans son salon. C’est déjà ça.
Raphaël Tanoh