L’ex-patron de la Garde républicaine, Bruno Dogbo Blé, traîne derrière lui une longue liste de crimes commis de 2002 à 2011.
Quand les faits d’arme d’un officier se résument à des assassinats ! Si le général Bruno Dogbo Blé sera le 2 octobre prochain devant le tribunal militaire, ce n’est certainement pas parce que le procureur lui en veut personnellement. Mais parce que l’ancien homme fort du régime de Laurent Gbagbo a commis une longue série de crimes graves pendant son service aux côtés de l’ex-chef de l’Etat. Visiblement, il a beaucoup contribué à l’entretien du tristement célèbre sobriquet de ‘’boucher des lagunes’’ attribué à son chef, aujourd’hui à La Haye. De source militaire, le soldat, alors colonel, est depuis 2000 l’un des hommes orchestre des faux coups du clan Gbagbo. Ce serait ses hommes de main qui ont planifié la répression de la marche des militants du Rassemblement des républicains (Rdr) en octobre 2000 et qui s’est soldée par le charnier de Yopougon. Deux ans plus tard, soit le 19 septembre 2002, le général Robert Guéi est assassiné dans les premières heures de la tentative de coup d’Etat qui s’est muée en rébellion armée. L’épouse, l’aide de camp et le personnel domestique du «général balayeur» sont tous exécutés. Dogbo Blé est cité comme le coordonnateur de cette expédition punitive. De septembre 2002 à février 2003, les escadrons de la mort sèment la terreur à Abidjan. Un lien est encore établi entre ces groupes de tueurs et lui. L’une des victimes les plus connues de ces milices est le comédien Camara Yéréfé dit ‘’H’’ tué le 2 février 2003. Emile Téhé, Diomandé Soualio, Coulibaly Ousmane, Dr. Benoît Dacoury-Tabley, etc. ont également fait les frais de ces tueurs. Le 24 mars 2004, l’opposition décide d’organiser une marche de protestation contre les blocages dans l’application des Accords de Linas-Marcoussis. Les manifestants n’ont même pas le temps de sortir de chez eux. Ils sont cueillis par des militaires de la Garde républicaine aux ordres du colonel Dogbo Blé, alors commandant du palais. L’Organisation des Nations unies parle de 120 personnes froidement assassinées là où l’opposition en dénombre 500. Les meurtres du général Dogbo Blé ne s’arrêtent pas là.
Une si longue liste…
A la faveur de la crise postélectorale, devant la tentative de confiscation du pouvoir par son chef, il se fait plus tueur que jamais. A la limite, l’officier général en fait une affaire personnelle. Ce serait lui qui aurait suggéré le blocus du Golf à Laurent Gbagbo et veillé à son exécution. Pis, ses propos lors d’une conférence de presse le 10 décembre 2010 à la Garde républicaine montrent l’ampleur de son rôle dans ce qui s’est passé : «Je vous donne l’ordre de mettre hors d’état de nuire, par tous les moyens, tout individu qui tentera de détourner l’un d’entre vous. Il en est de même pour les militaires. S’ils ne dénoncent pas les acteurs de la dérive, ou s’ils sont eux-mêmes la source, ils subiront le même sort. Que ceux qui ne se sentent plus des nôtres s’en aillent». Il a ajouté : «Je suis là pour accomplir une mission avec vous, celle de défendre notre République qui tend à être bafouée par des étrangers qui méprisent sa souveraineté. La Côte d’Ivoire a des enfants. Nous ! C’est donc à nous de défendre les terres de nos pères. On ne peut pas accepter que notre pays soit piétiné». Ces mots sonnent comme l’ordre qu’il a donné aux soldats. Il y aura plus de 3.000 morts par la suite. Au nombre desquels le colonel-major Adama Dosso. Selon les assassins que cite le procureur militaire, Ange Kessi, Dogbo Blé a donné l’ordre clair d’éliminer l’ancien commandant de l’armée de l’air. «Il a été interpellé au check-point du Golf hôtel par des militaires qui l’ont reconnu et qui ont avisé leur chef, Kipré Yaba, qui était le chef des opérations autour du Golf. C’est lui qui a appelé le général Dogbo Blé qui était le patron de la Garde républicaine et qui leur a demandé de le conduire à ses bureaux. Une fois sur place, Dogbo Blé a donné instruction de l’amener sur l’autoroute(…) A 42 kilomètres après, ils le descendent. Ils sortent la Kalach et ils l’abattent froidement. Et ils ont laissé son corps dans la broussaille», a relaté le commissaire du gouvernement au cours d’une conférence de presse le 7 septembre dernier. L’ancien patron de la Gr doit également répondre du délit d’atteinte à la liberté de la presse. Le 16 décembre 2010, c’est sous ses ordres que les quotidiens proches de l’opposition d’alors ont été empêchés de paraître. Avec tout ça, pas sûr qu’il s’en sorte.
Bamba K. Inza
Quand les faits d’arme d’un officier se résument à des assassinats ! Si le général Bruno Dogbo Blé sera le 2 octobre prochain devant le tribunal militaire, ce n’est certainement pas parce que le procureur lui en veut personnellement. Mais parce que l’ancien homme fort du régime de Laurent Gbagbo a commis une longue série de crimes graves pendant son service aux côtés de l’ex-chef de l’Etat. Visiblement, il a beaucoup contribué à l’entretien du tristement célèbre sobriquet de ‘’boucher des lagunes’’ attribué à son chef, aujourd’hui à La Haye. De source militaire, le soldat, alors colonel, est depuis 2000 l’un des hommes orchestre des faux coups du clan Gbagbo. Ce serait ses hommes de main qui ont planifié la répression de la marche des militants du Rassemblement des républicains (Rdr) en octobre 2000 et qui s’est soldée par le charnier de Yopougon. Deux ans plus tard, soit le 19 septembre 2002, le général Robert Guéi est assassiné dans les premières heures de la tentative de coup d’Etat qui s’est muée en rébellion armée. L’épouse, l’aide de camp et le personnel domestique du «général balayeur» sont tous exécutés. Dogbo Blé est cité comme le coordonnateur de cette expédition punitive. De septembre 2002 à février 2003, les escadrons de la mort sèment la terreur à Abidjan. Un lien est encore établi entre ces groupes de tueurs et lui. L’une des victimes les plus connues de ces milices est le comédien Camara Yéréfé dit ‘’H’’ tué le 2 février 2003. Emile Téhé, Diomandé Soualio, Coulibaly Ousmane, Dr. Benoît Dacoury-Tabley, etc. ont également fait les frais de ces tueurs. Le 24 mars 2004, l’opposition décide d’organiser une marche de protestation contre les blocages dans l’application des Accords de Linas-Marcoussis. Les manifestants n’ont même pas le temps de sortir de chez eux. Ils sont cueillis par des militaires de la Garde républicaine aux ordres du colonel Dogbo Blé, alors commandant du palais. L’Organisation des Nations unies parle de 120 personnes froidement assassinées là où l’opposition en dénombre 500. Les meurtres du général Dogbo Blé ne s’arrêtent pas là.
Une si longue liste…
A la faveur de la crise postélectorale, devant la tentative de confiscation du pouvoir par son chef, il se fait plus tueur que jamais. A la limite, l’officier général en fait une affaire personnelle. Ce serait lui qui aurait suggéré le blocus du Golf à Laurent Gbagbo et veillé à son exécution. Pis, ses propos lors d’une conférence de presse le 10 décembre 2010 à la Garde républicaine montrent l’ampleur de son rôle dans ce qui s’est passé : «Je vous donne l’ordre de mettre hors d’état de nuire, par tous les moyens, tout individu qui tentera de détourner l’un d’entre vous. Il en est de même pour les militaires. S’ils ne dénoncent pas les acteurs de la dérive, ou s’ils sont eux-mêmes la source, ils subiront le même sort. Que ceux qui ne se sentent plus des nôtres s’en aillent». Il a ajouté : «Je suis là pour accomplir une mission avec vous, celle de défendre notre République qui tend à être bafouée par des étrangers qui méprisent sa souveraineté. La Côte d’Ivoire a des enfants. Nous ! C’est donc à nous de défendre les terres de nos pères. On ne peut pas accepter que notre pays soit piétiné». Ces mots sonnent comme l’ordre qu’il a donné aux soldats. Il y aura plus de 3.000 morts par la suite. Au nombre desquels le colonel-major Adama Dosso. Selon les assassins que cite le procureur militaire, Ange Kessi, Dogbo Blé a donné l’ordre clair d’éliminer l’ancien commandant de l’armée de l’air. «Il a été interpellé au check-point du Golf hôtel par des militaires qui l’ont reconnu et qui ont avisé leur chef, Kipré Yaba, qui était le chef des opérations autour du Golf. C’est lui qui a appelé le général Dogbo Blé qui était le patron de la Garde républicaine et qui leur a demandé de le conduire à ses bureaux. Une fois sur place, Dogbo Blé a donné instruction de l’amener sur l’autoroute(…) A 42 kilomètres après, ils le descendent. Ils sortent la Kalach et ils l’abattent froidement. Et ils ont laissé son corps dans la broussaille», a relaté le commissaire du gouvernement au cours d’une conférence de presse le 7 septembre dernier. L’ancien patron de la Gr doit également répondre du délit d’atteinte à la liberté de la presse. Le 16 décembre 2010, c’est sous ses ordres que les quotidiens proches de l’opposition d’alors ont été empêchés de paraître. Avec tout ça, pas sûr qu’il s’en sorte.
Bamba K. Inza