Aujourd’hui, le phénomène de produits avariés sur le marché inquiète. Après la saisie de 18 tonnes de riz toxique, samedi, des interrogations subsistent.
Des trafiquants de riz avarié ont été arrêtés, samedi à Abobo PK 18 par le commandant Gaoussou Koné dit Jah Gao. Ils tentaient de dissimuler 18 tonnes, soit 548 sacs de céréale de mauvaise qualité qui devaient être vendus sur le marché ivoirien. La douane et le ministre du Commerce ont été saisis. Depuis cet incident, des questions brûlent les lèvres. Et si cette cargaison n’avait pas été saisie ? Cela ne signifie-t-il pas que des produits avariés sont sur le marché et que les populations sont en danger de mort ? Comme le dit un médecin du Chu de Treichville : sur quatre cas de maladie, il y a au moins un qui est lié à une intoxication alimentaire. Comme pour étayer cette idée, des cas graves ont été signalés par plusieurs consommateurs. « Plusieurs opérateurs réceptionnent le riz avarié qui vient du port pour le conditionner ensuite dans des sacs avec des marques de renommée en faisant croire au consommateur que c’est du riz de qualité. Certaines de ces qualités de riz sont même destinées aux animaux. Les opérateurs les traitent avant de les mettre sur le marché. D’autres ne le font même pas», atteste Soumahoro Ben N’Faly, président de l’Association pour la protection des consommateurs actifs de Côte d’Ivoire (Aprocaci). De quoi jeter un froid dans le dos des consommateurs. Mais s’il n’y avait que le riz ! Les produits de grande consommation tels que le lait, l’huile sont touchés par le phénomène. Avant la saisie des 18 tonnes de riz, le ministère du Commerce avait mis la main sur du sucre et du lait avariés. Soumahoro Ben N’Faly, qui s’est découvert des talents d’enquêteur témoigne : « Je vais moi-même sur le terrain pour mener nos petites enquêtes. J’ai fait une enquête à Adjamé, derrière le Forum. Nous sommes tombés sur un grand stock de produits périmés : du lait, de la sucrerie, de la pâte de tomate. C’est un véritable réseau qui prospère là-bas. Lorsque les produits arrivent, les grossistes les stockent et ils ont des clients qui viennent les chercher à bas prix ». Des réseaux de ce type prospèrent à Abidjan. Le phénomène s’étend peu à peu à tous les domaines. Des dentifrices aux bouillons. « L’huile, par exemple, est très contrefaite. Il y a une huile qui se vend dans des bidons jaunes de 20, 25 litres. La plupart des vendeuses d’alloco (banane plantain frite) la préfèrent parce qu’elle est moins cher (600 à 700 Fcfa le litre). Mais si vous mangez cet alloco, par l’odeur, vous saurez que c’est une mauvaise huile », signale-t-il. Mais il y a plus grave. Selon Marius Comoé, le président de la Fédération des associations des consommateurs de Côte d’Ivoire (Facaci), « Certains industriels, au lieu de détruire des produits dont la date de péremption est arrivée, préfèrent la modifier et remettre le produit dans le circuit», s’offusque-t-il. Des supermarchés, explique-t-il, se sont abonnés à ce genre de pratiques malveillantes. « Nous sommes régulièrement saisis par les consommateurs ou des groupements d’intérêt qui se plaignent de ce genre de désagréments ». M. Soumahoro ajoute que très souvent les entreprises fabricantes sont complices. «Lorsqu’elles savent qu’il reste un ou deux mois pour les péremptions de leurs produits, ces industriels les livrent à des opérateurs véreux. Ces derniers, au lieu de baisser le prix, vendent ces marchandises au prix normal jusqu’à la date de péremption. Puis, ils baissent les prix ». Pour lui, il y a lieu d’être vigilant à chaque fois qu’on fait un tour à la boutique: « le consommateur est en danger. Il y a des maladies dont nous ignorons l’origine et qui sont dues à ces produits». Mais une question demeure : comment ces produits peuvent-ils échapper au contrôle des services de l’Etat. A en croire les associations de consommateurs, les ‘’fraudeurs’’ utilisent le talon d’Achille de la douane ivoirienne : le Nord du pays. C’est de ce côté où les frontières sont les plus poreuses. « L’huile dans les bidons jaunes vient par exemple des pays limitrophes », soutient Soumahoro. Elle transite par Ouangolodougou, Ferké, Bouaké, Tiébissou avant d’arriver à Abidjan. Notre douane nous inquiète ». Mais selon Comoé, il faut aussi s’alarmer pour les contrôles au niveau du port. Il en veut pour preuve les 18 tonnes de riz saisies. « Les structures étatiques ne sont pas capables de veiller régulièrement sur le marché de la consommation », s’inquiète-il. Accusés, les commerçants se défendent. «Dans toutes les corporations, il y a souvent des brebis galeuses. Il ne faut pas généraliser la question », réagit Soumahoro Farikou, le président de la Fédération nationale des commerçants de Côte d’Ivoire (Fenacci). Les commerçants, dit-il, sont régulièrement sensibilisés afin de tourner le dos à ce type de pratiques dangereuses pour les consommateurs ». Ecoutent-ils ? On n’en est pas sûr. Le président de la Fenacci fait lui-même cette révélation: «Rendez-vous dans les grands magasins et visitez les produits périssables tels que le yaourt, les fromages. Lorsque vous regarderez la date de péremption, vous verrez qu’elle est d’une semaine. A la fin de la semaine, demandez-vous où vont ces produits lorsqu’ils ne sont pas achetés ? » Lorsque la question lui est retournée, M. Soumahoro répond : « je ne peux vous le dire ».
Le ministère du commerce accuse
Moussa Koné, le directeur de cabinet du ministre du Commerce est assez imprégné du sujet. « Pour ce qui concerne le riz, il y a une procédure à respecter. Dès lors qu’il y a une avarie notée par les autorités maritimes, le ministère du Commerce devrait être saisi pour donner l’autorisation de retraitement (par des unités agréées et bien équipées). Parce que tous les riz avariés ne sont pas à retraiter. Il y a des riz qui peuvent devenir toxiques pendant le transport. En ce moment-là, il doit être détruit. Malheureusement, la procédure n’est pas suivie. Ils arrivent à sortir le produit frauduleusement comme ce qui s’est passé pour le riz. Cela, avec la complicité de certaines personnes au niveau du port », note-t-il. Sur ce cas précis, son ministère, révèle-t-il, a saisi la direction générale du port et celle de la douane pour leur demander de faire attention : « il y a du riz qui sort et qui peut porter atteinte à la santé de la population. Nous leur avons demandé de veiller à suivre la procédure ». Concernant les stocks de produits de contrebande qui arrivent sur le marché par les failles des frontières, Moussa Koné répond : « nous contrôlons ces produits et lorsqu’il y a des produits avariés, nous les retirons. Nous avons saisi, il y a deux jours une quantité importante d’huile que nous allons détruire. Nous avons eu à saisir du lait ». Les moyens pour y mettre un terme ? Ce n’est pas au ministère du commerce, dit-il, de durcir le contrôle, mais aux autorités douanières et portuaires. Il y a un moment, le phénomène avait baissé, selon lui. « Aujourd’hui, les opérateurs eux-mêmes se plaignent de ce qu’il y a un nouveau développement. Le ministère est conscient qu’il y a des efforts à faire. Le ministre a reçu les commerçants et leur a demandé de cesser ces pratiques. Cette situation ne profite à personne. L’économie en prend un coût, le consommateur également ». Joint par téléphone, le service communication de la douane a promis nous trouver une personne ressource pour se prononcer sur le sujet. Ce qui n’a été possible jusqu’à ce que nous mettions sous presse.
R.T
Des trafiquants de riz avarié ont été arrêtés, samedi à Abobo PK 18 par le commandant Gaoussou Koné dit Jah Gao. Ils tentaient de dissimuler 18 tonnes, soit 548 sacs de céréale de mauvaise qualité qui devaient être vendus sur le marché ivoirien. La douane et le ministre du Commerce ont été saisis. Depuis cet incident, des questions brûlent les lèvres. Et si cette cargaison n’avait pas été saisie ? Cela ne signifie-t-il pas que des produits avariés sont sur le marché et que les populations sont en danger de mort ? Comme le dit un médecin du Chu de Treichville : sur quatre cas de maladie, il y a au moins un qui est lié à une intoxication alimentaire. Comme pour étayer cette idée, des cas graves ont été signalés par plusieurs consommateurs. « Plusieurs opérateurs réceptionnent le riz avarié qui vient du port pour le conditionner ensuite dans des sacs avec des marques de renommée en faisant croire au consommateur que c’est du riz de qualité. Certaines de ces qualités de riz sont même destinées aux animaux. Les opérateurs les traitent avant de les mettre sur le marché. D’autres ne le font même pas», atteste Soumahoro Ben N’Faly, président de l’Association pour la protection des consommateurs actifs de Côte d’Ivoire (Aprocaci). De quoi jeter un froid dans le dos des consommateurs. Mais s’il n’y avait que le riz ! Les produits de grande consommation tels que le lait, l’huile sont touchés par le phénomène. Avant la saisie des 18 tonnes de riz, le ministère du Commerce avait mis la main sur du sucre et du lait avariés. Soumahoro Ben N’Faly, qui s’est découvert des talents d’enquêteur témoigne : « Je vais moi-même sur le terrain pour mener nos petites enquêtes. J’ai fait une enquête à Adjamé, derrière le Forum. Nous sommes tombés sur un grand stock de produits périmés : du lait, de la sucrerie, de la pâte de tomate. C’est un véritable réseau qui prospère là-bas. Lorsque les produits arrivent, les grossistes les stockent et ils ont des clients qui viennent les chercher à bas prix ». Des réseaux de ce type prospèrent à Abidjan. Le phénomène s’étend peu à peu à tous les domaines. Des dentifrices aux bouillons. « L’huile, par exemple, est très contrefaite. Il y a une huile qui se vend dans des bidons jaunes de 20, 25 litres. La plupart des vendeuses d’alloco (banane plantain frite) la préfèrent parce qu’elle est moins cher (600 à 700 Fcfa le litre). Mais si vous mangez cet alloco, par l’odeur, vous saurez que c’est une mauvaise huile », signale-t-il. Mais il y a plus grave. Selon Marius Comoé, le président de la Fédération des associations des consommateurs de Côte d’Ivoire (Facaci), « Certains industriels, au lieu de détruire des produits dont la date de péremption est arrivée, préfèrent la modifier et remettre le produit dans le circuit», s’offusque-t-il. Des supermarchés, explique-t-il, se sont abonnés à ce genre de pratiques malveillantes. « Nous sommes régulièrement saisis par les consommateurs ou des groupements d’intérêt qui se plaignent de ce genre de désagréments ». M. Soumahoro ajoute que très souvent les entreprises fabricantes sont complices. «Lorsqu’elles savent qu’il reste un ou deux mois pour les péremptions de leurs produits, ces industriels les livrent à des opérateurs véreux. Ces derniers, au lieu de baisser le prix, vendent ces marchandises au prix normal jusqu’à la date de péremption. Puis, ils baissent les prix ». Pour lui, il y a lieu d’être vigilant à chaque fois qu’on fait un tour à la boutique: « le consommateur est en danger. Il y a des maladies dont nous ignorons l’origine et qui sont dues à ces produits». Mais une question demeure : comment ces produits peuvent-ils échapper au contrôle des services de l’Etat. A en croire les associations de consommateurs, les ‘’fraudeurs’’ utilisent le talon d’Achille de la douane ivoirienne : le Nord du pays. C’est de ce côté où les frontières sont les plus poreuses. « L’huile dans les bidons jaunes vient par exemple des pays limitrophes », soutient Soumahoro. Elle transite par Ouangolodougou, Ferké, Bouaké, Tiébissou avant d’arriver à Abidjan. Notre douane nous inquiète ». Mais selon Comoé, il faut aussi s’alarmer pour les contrôles au niveau du port. Il en veut pour preuve les 18 tonnes de riz saisies. « Les structures étatiques ne sont pas capables de veiller régulièrement sur le marché de la consommation », s’inquiète-il. Accusés, les commerçants se défendent. «Dans toutes les corporations, il y a souvent des brebis galeuses. Il ne faut pas généraliser la question », réagit Soumahoro Farikou, le président de la Fédération nationale des commerçants de Côte d’Ivoire (Fenacci). Les commerçants, dit-il, sont régulièrement sensibilisés afin de tourner le dos à ce type de pratiques dangereuses pour les consommateurs ». Ecoutent-ils ? On n’en est pas sûr. Le président de la Fenacci fait lui-même cette révélation: «Rendez-vous dans les grands magasins et visitez les produits périssables tels que le yaourt, les fromages. Lorsque vous regarderez la date de péremption, vous verrez qu’elle est d’une semaine. A la fin de la semaine, demandez-vous où vont ces produits lorsqu’ils ne sont pas achetés ? » Lorsque la question lui est retournée, M. Soumahoro répond : « je ne peux vous le dire ».
Le ministère du commerce accuse
Moussa Koné, le directeur de cabinet du ministre du Commerce est assez imprégné du sujet. « Pour ce qui concerne le riz, il y a une procédure à respecter. Dès lors qu’il y a une avarie notée par les autorités maritimes, le ministère du Commerce devrait être saisi pour donner l’autorisation de retraitement (par des unités agréées et bien équipées). Parce que tous les riz avariés ne sont pas à retraiter. Il y a des riz qui peuvent devenir toxiques pendant le transport. En ce moment-là, il doit être détruit. Malheureusement, la procédure n’est pas suivie. Ils arrivent à sortir le produit frauduleusement comme ce qui s’est passé pour le riz. Cela, avec la complicité de certaines personnes au niveau du port », note-t-il. Sur ce cas précis, son ministère, révèle-t-il, a saisi la direction générale du port et celle de la douane pour leur demander de faire attention : « il y a du riz qui sort et qui peut porter atteinte à la santé de la population. Nous leur avons demandé de veiller à suivre la procédure ». Concernant les stocks de produits de contrebande qui arrivent sur le marché par les failles des frontières, Moussa Koné répond : « nous contrôlons ces produits et lorsqu’il y a des produits avariés, nous les retirons. Nous avons saisi, il y a deux jours une quantité importante d’huile que nous allons détruire. Nous avons eu à saisir du lait ». Les moyens pour y mettre un terme ? Ce n’est pas au ministère du commerce, dit-il, de durcir le contrôle, mais aux autorités douanières et portuaires. Il y a un moment, le phénomène avait baissé, selon lui. « Aujourd’hui, les opérateurs eux-mêmes se plaignent de ce qu’il y a un nouveau développement. Le ministère est conscient qu’il y a des efforts à faire. Le ministre a reçu les commerçants et leur a demandé de cesser ces pratiques. Cette situation ne profite à personne. L’économie en prend un coût, le consommateur également ». Joint par téléphone, le service communication de la douane a promis nous trouver une personne ressource pour se prononcer sur le sujet. Ce qui n’a été possible jusqu’à ce que nous mettions sous presse.
R.T