Les chefs traditionnels des localités où les positions des Forces républicaines de Côte d’Ivoire (Frci) ont été attaquées ont eu une série de rencontres pour assurer les autorités de leur soutien.
Une véritable offensive pour soigner leur image. Les chefs traditionnels des localités jugées hostiles au pouvoir (les positions des Forces républicaines de Côte d’Ivoire ont été attaquées dans certaines de ces circonscriptions) ont initié des rencontres avec les autorités. Objectif : assurer que leurs localités respectives ne serviront pas à la déstabilisation du pouvoir. Le chef du gouvernement, le président de l’Assemblée nationale, le ministre de l’Intérieur ont, tour à tour, reçu la profession de foi de ces gardiens de la tradition dont les territoires sont présentés comme de probables foyers de rébellion. Le 28 août, une délégation des têtes couronnées du Sud-Comoé rencontre le Premier ministre, Jeannot Kouadio-Ahoussou. «Comme notre région est très proche du Ghana et qu’aujourd’hui, beaucoup de rumeurs proviennent de ce pays voisin, nous avons indiqué au Premier ministre que le peuple du Sud-Comoé n’a rien à voir avec tout ce qui se passe (attaques, ndlr) parce qu’il a pour activité la culture de la terre», ont rassuré les chefs par la voix de leur porte-parole, Augustin Kadjo Niamien. Le 8 septembre, c’était au tour du président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, de recevoir l’Organisation des institutions coutumières du Grand-Ouest (Oicg) conduite par Koudou Grah 1er. Cette région, ce n’est un secret pour personne, est acquise à la cause de l’ancien régime. Ce qui en ferait un terreau fertile des actions de déstabilisation du régime Ouattara. L’Oicg était venue dire à l’Etat, à travers le chef du Parlement, son engagement dans la réconciliation nationale. Même scénario deux jours après au cabinet du ministre de l’Intérieur.
Simple profession de foi ?
Hamed Bakayoko a reçu la visite d’une délégation des chefs de tribus du département de Tabou. Le chef central, Kané Bouadi Joseph, a exprimé les regrets de sa population pour les différentes attaques dans la zone. «Nous voulons changer. Nous avons fauté vis-à-vis du gouvernement et nous demandons sa clémence…Nous devons nous remettre en cause», a-t-il confessé. Avant d’ajouter: «Vous pouvez compter sur nous. Nous irons dans la direction que vous allez nous indiquer». Acte similaire le 12 septembre dernier au siège du Rassemblement des républicains (Rdr) à la rue Lepic. La chefferie Krou du département d’Issia est venue dire au président Alassane Ouattara qu’elle est résolument engagée dans les actions de développement et de réconciliation qu’il mène. «A Issia, nous avons oublié ce qui s’est passé. Ce qui est passé est passé. Hier est derrière nous», confiait le chef Justin Séry à Amadou Soumahoro, le secrétaire général par intérim du parti au pouvoir. La démarche des têtes couronnées est, à n’en point douter, noble. C’est même une leçon de grandeur, un signe d’humilité, comme l’a indiqué Hamed Bakayoko à ses hôtes venus de Tabou. Seulement, sans vouloir jouer le pessimiste endurci, il convient tout de même de s’interroger sur leur sincérité. Est-ce une simple action marketing pour détourner les regards d’eux ou est-ce un réel engagement pour la paix ? Car, il ne suffit pas de dire qu’on n’a rien à voir avec ce qui se passe. Il faut aussi poser des actes pour y mettre fin. Déjà en avril, en prélude à la visite d’Etat du président Alassane Ouattara à l’Ouest, les chefs de cette région avaient assuré œuvrer «infatigablement et sans cesse dans le sens du pardon et de la réconciliation. Nous proposons au chef de l’Etat de nous confier des missions de sensibilisation au sein de nos populations». Leur porte-parole, Koudou Grah 1er a poursuivi : «Nous sommes prêts à aller en mission pour parler à nos fils qui sont au Ghana, au Libéria, un peu partout !». Les attaques meurtrières dans la région des Montagnes contre les Frci et la population ont été perpétrées après cette profession de foi. Lors de sa rencontre avec la chefferie du Leboutou à Dabou le 24 août, Hamed Bakayoko avait trouvé inadmissible que des activités subversives se préparent sur la terre d’un chef sans que ce dernier soit au courant. De son avis, il est soit complice, soit un mauvais dirigeant. La première hypothèse étant la plus plausible. Mais puisqu’il y a une accalmie, accordons aux gardiens de la tradition le bénéfice du doute. Et espérons que les armes ne tonnent plus.
Bamba K. Inza
Une véritable offensive pour soigner leur image. Les chefs traditionnels des localités jugées hostiles au pouvoir (les positions des Forces républicaines de Côte d’Ivoire ont été attaquées dans certaines de ces circonscriptions) ont initié des rencontres avec les autorités. Objectif : assurer que leurs localités respectives ne serviront pas à la déstabilisation du pouvoir. Le chef du gouvernement, le président de l’Assemblée nationale, le ministre de l’Intérieur ont, tour à tour, reçu la profession de foi de ces gardiens de la tradition dont les territoires sont présentés comme de probables foyers de rébellion. Le 28 août, une délégation des têtes couronnées du Sud-Comoé rencontre le Premier ministre, Jeannot Kouadio-Ahoussou. «Comme notre région est très proche du Ghana et qu’aujourd’hui, beaucoup de rumeurs proviennent de ce pays voisin, nous avons indiqué au Premier ministre que le peuple du Sud-Comoé n’a rien à voir avec tout ce qui se passe (attaques, ndlr) parce qu’il a pour activité la culture de la terre», ont rassuré les chefs par la voix de leur porte-parole, Augustin Kadjo Niamien. Le 8 septembre, c’était au tour du président de l’Assemblée nationale, Guillaume Soro, de recevoir l’Organisation des institutions coutumières du Grand-Ouest (Oicg) conduite par Koudou Grah 1er. Cette région, ce n’est un secret pour personne, est acquise à la cause de l’ancien régime. Ce qui en ferait un terreau fertile des actions de déstabilisation du régime Ouattara. L’Oicg était venue dire à l’Etat, à travers le chef du Parlement, son engagement dans la réconciliation nationale. Même scénario deux jours après au cabinet du ministre de l’Intérieur.
Simple profession de foi ?
Hamed Bakayoko a reçu la visite d’une délégation des chefs de tribus du département de Tabou. Le chef central, Kané Bouadi Joseph, a exprimé les regrets de sa population pour les différentes attaques dans la zone. «Nous voulons changer. Nous avons fauté vis-à-vis du gouvernement et nous demandons sa clémence…Nous devons nous remettre en cause», a-t-il confessé. Avant d’ajouter: «Vous pouvez compter sur nous. Nous irons dans la direction que vous allez nous indiquer». Acte similaire le 12 septembre dernier au siège du Rassemblement des républicains (Rdr) à la rue Lepic. La chefferie Krou du département d’Issia est venue dire au président Alassane Ouattara qu’elle est résolument engagée dans les actions de développement et de réconciliation qu’il mène. «A Issia, nous avons oublié ce qui s’est passé. Ce qui est passé est passé. Hier est derrière nous», confiait le chef Justin Séry à Amadou Soumahoro, le secrétaire général par intérim du parti au pouvoir. La démarche des têtes couronnées est, à n’en point douter, noble. C’est même une leçon de grandeur, un signe d’humilité, comme l’a indiqué Hamed Bakayoko à ses hôtes venus de Tabou. Seulement, sans vouloir jouer le pessimiste endurci, il convient tout de même de s’interroger sur leur sincérité. Est-ce une simple action marketing pour détourner les regards d’eux ou est-ce un réel engagement pour la paix ? Car, il ne suffit pas de dire qu’on n’a rien à voir avec ce qui se passe. Il faut aussi poser des actes pour y mettre fin. Déjà en avril, en prélude à la visite d’Etat du président Alassane Ouattara à l’Ouest, les chefs de cette région avaient assuré œuvrer «infatigablement et sans cesse dans le sens du pardon et de la réconciliation. Nous proposons au chef de l’Etat de nous confier des missions de sensibilisation au sein de nos populations». Leur porte-parole, Koudou Grah 1er a poursuivi : «Nous sommes prêts à aller en mission pour parler à nos fils qui sont au Ghana, au Libéria, un peu partout !». Les attaques meurtrières dans la région des Montagnes contre les Frci et la population ont été perpétrées après cette profession de foi. Lors de sa rencontre avec la chefferie du Leboutou à Dabou le 24 août, Hamed Bakayoko avait trouvé inadmissible que des activités subversives se préparent sur la terre d’un chef sans que ce dernier soit au courant. De son avis, il est soit complice, soit un mauvais dirigeant. La première hypothèse étant la plus plausible. Mais puisqu’il y a une accalmie, accordons aux gardiens de la tradition le bénéfice du doute. Et espérons que les armes ne tonnent plus.
Bamba K. Inza