Tous mes écrits sont comme des miroirs que je tends aux lecteurs pour se mirer et surtout pour qu’ils voient leurs plaies afin de les soigner. Je suis un combattant inlassable contre les dérives du peuple. Je suis persuadé que c’est en le corrigeant qu’on arrive à créer une classe de dirigeants à la moralité irréprochable. C’est de la base qu’on monte vers le haut. En cela, les Japonais nous donnent de bons exemples de mangers efficaces. Occuper un poste de responsabilité au pays du soleil levant signifie qu’on a été, d’abord, un travailleur acharné dans tous les services. Depuis des années, je me bats pour que mes lecteurs se regardent dans un miroir et se corrigent. Combien de fois, j’ai attiré l’attention de mes lecteurs sur certaines dérives commises par nos cadres, nos intellectuels ? Hélas, en Afrique, on lit très peu et on parle beaucoup. Un livre, un article ou une chronique qui vilipende un dirigeant politique est lu de la première ligne à la dernière. On reste toujours le lecteur passionné de tout ce qui va mal chez les autres. On refuse de se regarder soi-même. On ne voit que la bosse des autres. Le mal, c’est toujours chez les autres. On se fait donneur de leçons quand on est bourré de défauts, de plaies purulentes. Mes écrits sont donc ce miroir pour que chacun voit en lui-même ce qu’il cache aux autres. Que de peine pour moi de savoir qu’un si brillant journaliste, l’un des plus doués de sa génération puisse se laisser aller à une telle disgrâce. Je l’ai toujours dit et écrit que la qualité de leader, de responsable, passe absolument par la pratique quotidienne des cinq genres de lecture. Grand journaliste, brillant homme politique, professeur de grand renom, ne signifie pas qu’on est instruit des lectures d’élévation, de ravissement ou autres lectures de distraction et même celles dites d’information. La lecture d’acquisition, tout ce qui s’apprend dans les écoles, les universités, ne saurait faire de quelqu’un un sage. notre admiration pour Cheick Yérim Seck ne pouvait nous amener à imaginer qu’il pouvait se comporter ainsi, manquant de sagesse que seule la pratique quotidienne des textes sacrés et des ouvrages de spiritualités peuvent procurer. Avoir une pratique religieuse ne signifie pas qu’on a une spiritualité. Il y a une différence entre la croyance et la foi. Cheick Yérim Sow avait l’admiration d’un grand public africain car écrivant dans la presse internationale. Ce complexe pousse d’ailleurs certains écrivains ou journalistes africains à vouloir coûte que coûte voir leur nom apparaître dans des journaux ou livres édités en Europe, sachant bien que ce n’est pas leur public, à moins de se contenter d’une dizaine d’ »africanistes ». Pour ceux qui ne le savent pas, Cheick Yérim Seck vient d’être condamné pour une prison ferme de trois ans au Sénégal où il est le directeur de publication d’un journal après une carrière internationale bien remplie. Mariée à deux belles femmes, père de quatre enfants, il s’est laissé aller à un plaisir éphémère. Ce qui lui est arrivé est du quotidien en Afrique, particulièrement chez les journalistes, les hommes politiques et les intellectuels. C’est pourquoi un grand silence entoure cette affaire dans de nombreux pays africains contrairement à l’affaire DSK. Parler des autres et nous oublier sont notre sport favori. CYS, comme on l’appelle affectueusement, rencontre une jeune fille, N’Dèye Assata Tall. Très belle, elle a vingt ans. Echange de numéros. Qui ne le fait pas ? Quatre jours plus tard, il donne rendez-vous à cette fille dans une auberge. Elle vient à sa rencontre. Du classique pour les hommes africains mariés. De nombreux câlins et il passe à l’acte malgré la fille qui avoue sa virginité. Il fonce malgré les cris. Fille d’un magistrat, elle porte plainte. Plusieurs fois, j’ai attiré l’attention des cadres africains que l’Afrique bouge, que l’Afrique change. Il faut qu’ils fassent extrêmement attention dans leur conduite, leur comportement avec une femme, une jeune fille. Le vent de moralité venu de l’Occident frappe de plein fouet l’Afrique. Les jeunes filles connaissent de plus en plus leurs droits et les lois. Des jeunes avocats deviennent de plus en plus teigneux, des nouveaux magistrats ne veulent plus laisser le continent aller à la dérive. De plus en plus, de nombreux cadres et intellectuels africains feront les frais de ce nouveau vent qui souffle sur l’Afrique. Il n’y a pas de semaine qui passe en Afrique si un homme n’est pas accusé et condamné pour une histoire de viol. Cela commence à devenir un jeu pour de nombreuses femmes. C’est aux hommes de faire extrêmement attention. Non seulement, on perd sa réputation, son honneur mais en plus il faut payer des dommages et intérêts. Les avocats de CYS vont faire appel. Mais pour le moment, il est en prison. Il ne s’agit pas de savoir si la fille est aussi condamnable, le débat fait rage au Sénégal, mais l’important, c’est de signaler à nos journalistes, à nos hommes politiques, à nos intellectuels et à tous les cadres africains, qu’ils apprennent à se retenir en dehors de leur femme. Une femme blessée peut tout. C’est à l’homme de ne pas s’avancer vers la porte d’un plaisir qui peut conduire en enfer. Il faut faire attention aux messages qu’on envoie à une nénette. L’Afrique bouge, l’Afrique change. Méfions-nous. Affaire de femme, ce n’est pas une parenthèse délicieuse. C’est un vrai défi à l’homme. Maîtrisons-nous. Ainsi va l’Afrique.
A la semaine prochaine
Par Isaïe Biton Koulibaly