Conserver et promouvoir des pièces et des collections (objets d’art, biens scientifiques ou techniques) afin de pérenniser les valeurs culturelles propres à une communauté donnée, c’est la vocation de tout musée. Celui de la ville historique de Grand-Bassam est spécialisé dans la conservation des costumes types des peuples de Côte d’Ivoire. Il y a quelques semaines de cela, nous y avons fait un tour, histoire de nous enquérir de l’état de santé de cette institution qui, signalons-le, n’affichait pas très bonne mine l’an dernier. En effet, en septembre 2011, dans le cadre d’une étude que menions à propos des édifices culturels d’Abidjan et banlieue, laquelle étude nous avait respectivement conduit au musée des civilisations de Côte d’Ivoire, à la Bibliothèque nationale au Plateau ainsi qu’au Palais de la culture de Treichville, nous avons été peiné par l’état de dégradation du musée national du Costume de Grand-Bassam. Problème d’étanchéité, manque de matériels et de produits nécessaires à l’entretien des collections, des soucis d’électricité sans oublier l’embrun marin qui constitue le principal ennemi de l’institution. Les problèmes étaient d’une telle ampleur qu’à cette époque, un projet de délocalisation du musée faisait grand bruit dans la commune du défunt maire Jean-Michel Moulod. Ajouté à tout cela, un taux de fréquentation relativement bas. Cependant, de septembre 2011 à aujourd’hui (Octobre 2012), soit un an après, beaucoup a été fait. Mieux, les travaux qui s’y déroulent depuis quelques semaines témoignent du renouveau et de la vie qui lentement et sûrement sont en train de gagner ce musée. C’est en tout cas, l’idée ou du moins le sentiment qui se dégage après avoir visité les lieux et à l’issue des échanges avec d’une part Tizié Bi, directeur de l’institution et d’autre part avec certains agents.
Eviter une autre fermeture
Ouvert en 1980, c’est l’arrêté 003 du 30 avril 1981 portant création du musée national du costume de Grand-Bassam qui l’institue officiellement. Bâti sur une superficie de 1500 m2, il est limité au Nord par la mairie, au Sud par le boulevard-Treich-Laplène, à l’Est par la préfecture et à l’Ouest par la résidence du préfet. Avant d’être érigée en musée, la bâtisse muséale avait auparavant servi d’habitation à plusieurs gouverneurs de la colonie de Côte d’Ivoire. De Louis Gustave Binger (1893-1896) à Henri Roberdeau (1898-1902) en passant par Eugène Bertin et Louis Moutet, «le palais des gouverneurs» comme on l’appelle a vu passé tant d’évènements et tant de monde que son histoire se confond à celle la Côte d’Ivoire coloniale. D’autant que Grand-Bassam a été la première capitale du pays d’Houphouët-Boigny. C’est Bernard Dadié, chargé des affaires culturelles dans le gouvernement du père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne dans les années 70 qui eût l’idée de faire de l’ «hôtel des gouverneurs», un musée. Mais plusieurs soucis liés à l’entretien des collections vont occasionner sa fermeture à plusieurs reprises (en1986, 1992, 1998). Depuis l’an 2004, ce musée a rouvert ses portes et fonctionne tant bien que mal. Administré par Tizié Bi Koffi, il est géré au quotidien par près d’une dizaine d’agents qui s’emploient à le faire vivre et à le rendre attrayant. Le défi pour cette équipe consiste à faire en sorte que jamais plus le musée national du costume de Grand-Bassam ne ferme. Pour ce faire, à l’issue d’un séminaire tenu au début de cette année 2012, décision a été prise de privilégier les expositions temporaires qui à la différence des expositions permanentes ont l’avantage d’accroître la durée de vie des collections.
Un musée en chantier
Plusieurs chantiers sont en ce moment en cours au musée de Grand-Bassam. Déjà à l’entrée du site, plusieurs ouvriers s’activent à rendre la cour plus belle et plus salubre à travers le jardinage. Parce qu’en effet, au-delà des collections, il faut aussi prendre soin du cadre et de l’environnement de ces objets de valeur afin que le passant ait envie d’y entrer et que ceux qui visitent le musée pour la première fois aient envie d’y revenir. En plus de l’embellissement de la cour, deux grandes salles au rez-de-chaussée du bâtiment (autrefois abandonnées) ont entièrement été réhabilitées et peuvent désormais servir de lieu de travail et de réunions. Par ailleurs, un autre bâtiment inachevé est sur le point d’être transformé en une salle de réserves.
Une affluence remarquable
A côté de la réhabilitation des salles et de l’embellissement des pelouses, l’afflux de visiteurs constitue également un motif de satisfaction. En effet, le musée de Grand-Bassam enregistre en cette année 2012, un taux de visite largement supérieur à celui de l’an dernier. Puisqu’au dire des gestionnaires de ce site, alors qu’en septembre 2011, le nombre de visiteurs avoisinait à peine 3000, en septembre 2012, l’on se situe à près de 7000 visiteurs. Soit un peu plus du double. Selon Tizié Bi, cette affluence est certes due à la politique de promotion qu’il a mise en place mais elle est également liée au nouveau statut de la ville de Grand-Bassam. En fait, depuis fin juin, la ville historique de Grand-Bassam est classée patrimoine mondial de l’Unesco. Et justement, cette inscription favorise, selon le directeur du musée, une affluence exemplaire et encourageante. «En principe, le musée est fermée les lundis, mais depuis quelques semaines, je donne des dérogations pour qu’il soit ouvert à certains groupes de visiteurs. C’est dire l’intérêt particulier que suscite Grand-Bassam et son musée», a confié Tizié Bi.
Plusieurs projets en vue
Dans le souci d’impulser davantage de dynamisme et de vie au musée national du costume de Grand-Bassam, l’équipe dirigeante a plusieurs projets en vue. Entre autres, la collecte des costumes de personnalités (politiques, artistiques, sportives etc.) ayant marqué l’histoire de la Côte d’Ivoire. Ce travail de conservation et de valorisation est bien évidemment lié au devoir de mémoire qui doit habiter chaque Ivoirien; l’installation de tisserands sur le site du musée afin que les potentiels visiteurs connaissent le processus de fabrication des costumes. Sans oublier l’ouverture d’une boutique qui permettrait aux visiteurs de s’offrir des vêtements de type traditionnels etc. Aussi beaux et ambitieux soient-ils, ces projets ne connaîtront leur réalisation qu’avec des moyens conséquents. Et sur ce point, il convient de souligner que les problèmes d’ordre financier sont importants. L’Etat fait des efforts et apporte des subventions pour le bon fonctionnement et la gestion efficiente des institutions culturelles comme le musée de Grand-Bassam. Cependant, au regard des besoins et des difficultés qui émaillent la vie de ces structures, l’appui de partenaires privés est nécessaire. Il faut à cet effet, féliciter «La fondation Tapa» qui est en train d’équiper certaines structures du domaine de la culture dont le musée national du costume de Grand-Bassam.
Francis Kouamé
Eviter une autre fermeture
Ouvert en 1980, c’est l’arrêté 003 du 30 avril 1981 portant création du musée national du costume de Grand-Bassam qui l’institue officiellement. Bâti sur une superficie de 1500 m2, il est limité au Nord par la mairie, au Sud par le boulevard-Treich-Laplène, à l’Est par la préfecture et à l’Ouest par la résidence du préfet. Avant d’être érigée en musée, la bâtisse muséale avait auparavant servi d’habitation à plusieurs gouverneurs de la colonie de Côte d’Ivoire. De Louis Gustave Binger (1893-1896) à Henri Roberdeau (1898-1902) en passant par Eugène Bertin et Louis Moutet, «le palais des gouverneurs» comme on l’appelle a vu passé tant d’évènements et tant de monde que son histoire se confond à celle la Côte d’Ivoire coloniale. D’autant que Grand-Bassam a été la première capitale du pays d’Houphouët-Boigny. C’est Bernard Dadié, chargé des affaires culturelles dans le gouvernement du père fondateur de la Côte d’Ivoire moderne dans les années 70 qui eût l’idée de faire de l’ «hôtel des gouverneurs», un musée. Mais plusieurs soucis liés à l’entretien des collections vont occasionner sa fermeture à plusieurs reprises (en1986, 1992, 1998). Depuis l’an 2004, ce musée a rouvert ses portes et fonctionne tant bien que mal. Administré par Tizié Bi Koffi, il est géré au quotidien par près d’une dizaine d’agents qui s’emploient à le faire vivre et à le rendre attrayant. Le défi pour cette équipe consiste à faire en sorte que jamais plus le musée national du costume de Grand-Bassam ne ferme. Pour ce faire, à l’issue d’un séminaire tenu au début de cette année 2012, décision a été prise de privilégier les expositions temporaires qui à la différence des expositions permanentes ont l’avantage d’accroître la durée de vie des collections.
Un musée en chantier
Plusieurs chantiers sont en ce moment en cours au musée de Grand-Bassam. Déjà à l’entrée du site, plusieurs ouvriers s’activent à rendre la cour plus belle et plus salubre à travers le jardinage. Parce qu’en effet, au-delà des collections, il faut aussi prendre soin du cadre et de l’environnement de ces objets de valeur afin que le passant ait envie d’y entrer et que ceux qui visitent le musée pour la première fois aient envie d’y revenir. En plus de l’embellissement de la cour, deux grandes salles au rez-de-chaussée du bâtiment (autrefois abandonnées) ont entièrement été réhabilitées et peuvent désormais servir de lieu de travail et de réunions. Par ailleurs, un autre bâtiment inachevé est sur le point d’être transformé en une salle de réserves.
Une affluence remarquable
A côté de la réhabilitation des salles et de l’embellissement des pelouses, l’afflux de visiteurs constitue également un motif de satisfaction. En effet, le musée de Grand-Bassam enregistre en cette année 2012, un taux de visite largement supérieur à celui de l’an dernier. Puisqu’au dire des gestionnaires de ce site, alors qu’en septembre 2011, le nombre de visiteurs avoisinait à peine 3000, en septembre 2012, l’on se situe à près de 7000 visiteurs. Soit un peu plus du double. Selon Tizié Bi, cette affluence est certes due à la politique de promotion qu’il a mise en place mais elle est également liée au nouveau statut de la ville de Grand-Bassam. En fait, depuis fin juin, la ville historique de Grand-Bassam est classée patrimoine mondial de l’Unesco. Et justement, cette inscription favorise, selon le directeur du musée, une affluence exemplaire et encourageante. «En principe, le musée est fermée les lundis, mais depuis quelques semaines, je donne des dérogations pour qu’il soit ouvert à certains groupes de visiteurs. C’est dire l’intérêt particulier que suscite Grand-Bassam et son musée», a confié Tizié Bi.
Plusieurs projets en vue
Dans le souci d’impulser davantage de dynamisme et de vie au musée national du costume de Grand-Bassam, l’équipe dirigeante a plusieurs projets en vue. Entre autres, la collecte des costumes de personnalités (politiques, artistiques, sportives etc.) ayant marqué l’histoire de la Côte d’Ivoire. Ce travail de conservation et de valorisation est bien évidemment lié au devoir de mémoire qui doit habiter chaque Ivoirien; l’installation de tisserands sur le site du musée afin que les potentiels visiteurs connaissent le processus de fabrication des costumes. Sans oublier l’ouverture d’une boutique qui permettrait aux visiteurs de s’offrir des vêtements de type traditionnels etc. Aussi beaux et ambitieux soient-ils, ces projets ne connaîtront leur réalisation qu’avec des moyens conséquents. Et sur ce point, il convient de souligner que les problèmes d’ordre financier sont importants. L’Etat fait des efforts et apporte des subventions pour le bon fonctionnement et la gestion efficiente des institutions culturelles comme le musée de Grand-Bassam. Cependant, au regard des besoins et des difficultés qui émaillent la vie de ces structures, l’appui de partenaires privés est nécessaire. Il faut à cet effet, féliciter «La fondation Tapa» qui est en train d’équiper certaines structures du domaine de la culture dont le musée national du costume de Grand-Bassam.
Francis Kouamé