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Société Publié le mercredi 10 octobre 2012 | Le Temps

District du Zanzan : Un coup d’éclat éphémère pour une visite présidentielle

Depuis l’annonce de l’arrivée d’Alassane Ouattara dans le District du Zanzan, certains travaux dans le cadre du Programme présidentiel d’urgence 2012 sont lancés à travers la région. Il s’agit notamment de la salubrité urbaine et de la réhabilitation de certaines infrastructures. En effet, «la production des ordures ne s’arrêtera pas car elle est au rythme de la ville. Mais rendre Bouna propre, c’est maintenant. En nettoyant Bouna, c’est notre propre maison que nous nettoyons», a dit Kouamé Koffi Kra Polin, Directeur général de l’entreprise Transbat-ci qui a en charge l’enlèvement des dépôts sauvages des ordures dans la ville de Bouna lors de son lancement la semaine dernière dans la cité du Bounkany. Idem à Bondoukou où c’est l’entreprise I- Concept qui a cette charge. «Le travail ne fait que commencer et nous espérons ne pas nous arrêter en si bon chemin car notre objectif majeur, c’est de travailler avec les populations en vue de régler de manière définitive le problème crucial d’ordure» a dit Kondo Yves, Directeur général de ladite entreprise. Ce sont plus de cinq mille tonnes d’ordures qui seront respectivement enlevées dans ces deux grandes villes du district du Zanzan où les populations ont trop souffert de ces tas d’immondices accumulés à cause d’une guerre injuste qu’on a imposée à la Côte d’Ivoire pendant une décennie à travers l’ex-rébellion armée. Mais si cette action est bien accueillie, les populations se désolent du caractère ponctuel de cette action pour célébrer un homme et ont des doutes sur son mode opératoire. Comme le constate si bien Binaté Lacina, sous préfet de Bouna et Gnamgbi Victor secrétaire général de la préfecture de Bondoukou, «la problématique n’est pas d’enlever les ordures à une période donnée pour un événement précis, mais la question est de savoir comment pérenniser cette action pour que les populations vivent dans un environnement saint». Surtout que, regrettent les deux entreprises en charge de l’enlèvement de ces ordures, «aussitôt ramassées, le lendemain sur le même site, on constate que les ordures y sont de nouveau déposées». N’est-ce pas mettre la charrue avant les bœufs dans cette opération qui revient chère aux contribuables ivoiriens ? Mais pour Bouaky Essy Yao Mathieu, Directeur régional de la salubrité, il reste persuadé que cette action ne s’arrêtera pas là car «il y aura la distribution de moyens de ramassages d’ordures aux collectivités dans une seconde phase». Mais pourquoi n’avoir pas commencé par là ? «C’est parce que Alassane Ouattara vient très prochainement dans le Zanzan qu’on veut enlever ces montagnes d’immondices, témoins visibles des affres de la longue crise que vit la Côte d’Ivoire. Mais je suis convaincu qu’avant son arrivée, ces montagnes d’ordures seront de nouveau là car aucune politique immédiate de ramassage de ces ordures n’est établie». Se plaint dame Tamia Cécile, une riveraine d’un dépôt sauvage à Bondoukou. Ville où certains travaux sont en cours de réalisation dans le cadre de la visite d’Alassane Ouattara qui offusque les populations. Il s’agit de la réhabilitation de la résidence du chef de l’Etat où une clôture de trois mettres de haut vient de voir le jour. «L’argent de cette seule clôture pouvait servir à faire plusieurs salles de classe et réhabiliter des écoles là où on attend le président» déplore Ouattara Issouf. La réhabilitation de la seule résidence va coûter, dit-on, au contribuable ivoirien plus de six cent millions de francs Cfa. Vrai ou faux ? A cela, il faut ajouter la restauration du bitume de la voie à partir de la station Shell en passant devant le Chr. Itinéraire que doit emprunter Alassane Ouattara pour aller à sa résidence. Quand la voie depuis l’aéroport jusqu’à ce carrefour sera simplement rechargée. «Et les autres artères de la ville qui sont dégradées que nous allons emprunter quand nous allons sortir pour l’accueillir ? Qu’est- ce qu’il en fait ?». S’interroge Francis Kassy. Quand les problèmes cruciaux de l’eau, de l’électricité et du dénuement du seul Chr devenu un mouroir continuent de se poser dans le District du Zanzan et qu’aucune action n’est menée pour y remédier. Au moment où les producteurs de la noix de cajou ont encore plus de 20 % de leur production sur la main. Que faut-il attendre donc de cette visite, au regard du bricolage qui se fait maintenant ?
Pascal Assibondry, Correspondant régional
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