La Fondation pour les chimpanzés sauvages ou Wild Chimpanzee Fondations (WFC) célèbre, depuis le 05 octobre dernier, les 33 ans de recherche et de conservation sur les chimpanzés en Côte d’Ivoire. Le pionnier de ce projet, le professeur Christophe Boesch, est revenu dans cet entretien sur ses trois décennies de recherche à travers le projet Chimpanzés de Taï.
Quels sont les principaux résultats de recherche sur les chimpanzés ?
Il n’est pas aisé de résumer 33 années de recherches, où se sont succédé des centaines d’étudiants internationaux et Ivoiriens. Dans les grandes lignes, plusieurs domaines de recherche ont été développés sur les chimpanzés : les comportements, l’écologie, les aspects cognitifs (langage, mémoire, planification,..), les études génétiques, hormonales, vétérinaires et même archéologiques. Toutes ces études avaient pour but de comprendre les similarités et les différences existantes entre les hommes et les chimpanzés, nos plus proches parents. Ainsi, les hommes partagent plus de 98% de leur patrimoine génétique avec le chimpanzé. Les chimpanzés sont même génétiquement plus proches de l’homme qu’ils ne le sont par rapport aux gorilles. Les chimpanzés du parc National de TaÏ en Côte d’Ivoire sont particulièrement intéressants car ils présentent des comportements très complexes et très similaires aux comportements existant chez l’homme, comparés aux autres sites de recherche en Afrique. Les chimpanzés du parc National de TaÏ, utilisent plus d’une trentaine outils comme des cailloux pour casser les noix, des baguettes pour extraire des graines. Ils chassent en coopération d’autres singes qui se déplacent très rapidement dans les arbres. En effet, sans cette coopération qui est un comportement complexe, les activités de chasse échoueraient souvent. Tous les comportements qui existent chez les chimpanzés de taÏ, ne se retrouvent pas systématiquement dans les autres groupes de génération en génération. La première étude archéologique sur les chimpanzés a même pu montrer que ces comportements sont anciens et que déjà il ya 4300 ans les chimpanzés cassaient déjà les noisettes, ce qui représente 220 générations de chimpanzés.
Quelle est la situation actuelle des chimpanzés en Côte d’Ivoire?
Le chimpanzé est une espèce en voie de disparition et elle est extrêmement menacée en Côte d’Ivoire. Les principales menaces sont la déforestation et le braconnage. En 1989, il y a eu un premier inventaire de la population de chimpanzés habitants en côte d’ivoire et ce même inventaire a été refait en 2007. Le résultat est alarmant, 90% de la population de chimpanzés a disparu. Dans certains espaces où les indices de présence de chimpanzés avaient été observés dans des zones forestières 17 ans plus tôt, il n’a été observé que des plantations de cacao et parfois aucun arbre de la forêt primaire n’avait survécu à ces endroits. La situation du parc National de Taï, reste unique, car d’une part, c’est la plus grande forêt primaire protégée en Afrique de l’Ouest et la population de chimpanzés a pu rester stable au cours des dernières décennies.
quelles seraient les conséquences de la disparition de ces aires protégées ? Et comment réagir face à de telles menaces?
Il faut stopper immédiatement la déforestation des aires protégées et le braconnage des chimpanzés, pas seulement pour les chimpanzés, mais pour l’avenir des hommes vivants aux abords de ces aires protégées. L’avenir proche de ces zones forestières dégradées est inquiétant, on assiste à des confits fonciers, à la diminution de la productivité agricole, à la pollution des cours d’eau, et bien d’autres conséquences comme l’apparition de maladies liées à la déforestation. Le professeur Christophe Boesch, qui dirige les recherches du projet chimpanzés depuis 33ans, a pu expliquer quelques résultats des recherches vétérinaires qui montrent d’une part qu’en consommant la viande de chimpanzés et de singes, les populations ont été contaminées par les mêmes virus que portent ces animaux et d’autres part, que l’abattage des arbres et la disparition de la canopée, font également émerger des maladies qui n’étaient alors transmises par les moustiques qu’à la cime des arbres.
Finalement, avec la disparition des chimpanzés et de leur habitat, les Ivoiriens perdent leur patrimoine culturel, que va-t-on pouvoir transmettre à nos enfants?
L’une des alternatives, c’est le développement de l’écotourisme qui permet de tirer directement des bénéfices d’une bonne conservation de la forêt, mais pour pouvoir développer ces programmes qui peuvent bénéficier à la population riveraine et même à l’économie nationale. Il faut donc protéger immédiatement ce qui reste actuellellement.
Réalisée par
DEBORAH MANOU (Stg)
Quels sont les principaux résultats de recherche sur les chimpanzés ?
Il n’est pas aisé de résumer 33 années de recherches, où se sont succédé des centaines d’étudiants internationaux et Ivoiriens. Dans les grandes lignes, plusieurs domaines de recherche ont été développés sur les chimpanzés : les comportements, l’écologie, les aspects cognitifs (langage, mémoire, planification,..), les études génétiques, hormonales, vétérinaires et même archéologiques. Toutes ces études avaient pour but de comprendre les similarités et les différences existantes entre les hommes et les chimpanzés, nos plus proches parents. Ainsi, les hommes partagent plus de 98% de leur patrimoine génétique avec le chimpanzé. Les chimpanzés sont même génétiquement plus proches de l’homme qu’ils ne le sont par rapport aux gorilles. Les chimpanzés du parc National de TaÏ en Côte d’Ivoire sont particulièrement intéressants car ils présentent des comportements très complexes et très similaires aux comportements existant chez l’homme, comparés aux autres sites de recherche en Afrique. Les chimpanzés du parc National de TaÏ, utilisent plus d’une trentaine outils comme des cailloux pour casser les noix, des baguettes pour extraire des graines. Ils chassent en coopération d’autres singes qui se déplacent très rapidement dans les arbres. En effet, sans cette coopération qui est un comportement complexe, les activités de chasse échoueraient souvent. Tous les comportements qui existent chez les chimpanzés de taÏ, ne se retrouvent pas systématiquement dans les autres groupes de génération en génération. La première étude archéologique sur les chimpanzés a même pu montrer que ces comportements sont anciens et que déjà il ya 4300 ans les chimpanzés cassaient déjà les noisettes, ce qui représente 220 générations de chimpanzés.
Quelle est la situation actuelle des chimpanzés en Côte d’Ivoire?
Le chimpanzé est une espèce en voie de disparition et elle est extrêmement menacée en Côte d’Ivoire. Les principales menaces sont la déforestation et le braconnage. En 1989, il y a eu un premier inventaire de la population de chimpanzés habitants en côte d’ivoire et ce même inventaire a été refait en 2007. Le résultat est alarmant, 90% de la population de chimpanzés a disparu. Dans certains espaces où les indices de présence de chimpanzés avaient été observés dans des zones forestières 17 ans plus tôt, il n’a été observé que des plantations de cacao et parfois aucun arbre de la forêt primaire n’avait survécu à ces endroits. La situation du parc National de Taï, reste unique, car d’une part, c’est la plus grande forêt primaire protégée en Afrique de l’Ouest et la population de chimpanzés a pu rester stable au cours des dernières décennies.
quelles seraient les conséquences de la disparition de ces aires protégées ? Et comment réagir face à de telles menaces?
Il faut stopper immédiatement la déforestation des aires protégées et le braconnage des chimpanzés, pas seulement pour les chimpanzés, mais pour l’avenir des hommes vivants aux abords de ces aires protégées. L’avenir proche de ces zones forestières dégradées est inquiétant, on assiste à des confits fonciers, à la diminution de la productivité agricole, à la pollution des cours d’eau, et bien d’autres conséquences comme l’apparition de maladies liées à la déforestation. Le professeur Christophe Boesch, qui dirige les recherches du projet chimpanzés depuis 33ans, a pu expliquer quelques résultats des recherches vétérinaires qui montrent d’une part qu’en consommant la viande de chimpanzés et de singes, les populations ont été contaminées par les mêmes virus que portent ces animaux et d’autres part, que l’abattage des arbres et la disparition de la canopée, font également émerger des maladies qui n’étaient alors transmises par les moustiques qu’à la cime des arbres.
Finalement, avec la disparition des chimpanzés et de leur habitat, les Ivoiriens perdent leur patrimoine culturel, que va-t-on pouvoir transmettre à nos enfants?
L’une des alternatives, c’est le développement de l’écotourisme qui permet de tirer directement des bénéfices d’une bonne conservation de la forêt, mais pour pouvoir développer ces programmes qui peuvent bénéficier à la population riveraine et même à l’économie nationale. Il faut donc protéger immédiatement ce qui reste actuellellement.
Réalisée par
DEBORAH MANOU (Stg)