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Société Publié le samedi 13 octobre 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Comment le goût de l’argent vient aux enfants ?

Les enfants ! Il ne s’agit pas de tous les enfants et peut-être même de quelques enfants. Une manière de parler, d’écrire, de s’exprimer, généraliste. Dans une société où ce qu’on ne dit pas, ou ce qu’on n’exprime pas devient une vérité pour les détracteurs exige des précautions élémentaires. Déformer la pensée des autres est un plaisir pour de nombreux citoyens. Le mal-être des uns et des autres se guérit par le dénigrement des autres. Je comprends mieux maintenant les traditionalistes africains qui commencent toujours leurs propos en présentant leurs excuses pour leurs propos qui pourraient blesser les autres. Ici, nous ne sommes pas du tout dans la tradition. Une chronique est un sujet de réflexion d’une personne sur un sujet donné. Ce qu’il pense, ce qu’il croit. Ce n’est pas une vérité absolue mais tout juste pour susciter la réflexion, le débat pour une fin de semaine. Mon constat est implacable. Les enfants africains, ivoiriens ont un fort goût prononcé pour le matériel et l’argent. D’où cela leur vient-il ? L’enfant apprend par imitation. Tel père, tel fils. L’enseignement donné ne peut que plaire à l’enfant. Le père a toujours raison. Ce père gâte son enfant. Il lui donne tout ce qu’il demande. Le père dit à son enfant que la chose la plus importante dans la vie est l’argent et qu’il faut le chercher sans répit. Le père a tout et veut tout. Dieu n’est qu’un décor. On s’en souvient qu’aux quelques minutes de prière ou des jours de célébration. Dieu est là-haut, l’homme est en bas, est devenu le crédo. Même dans le monde rural, l’enfant est élevé dans le but de devenir riche, de dépasser l’enfant du voisin. C’est aussi la naissance de l’envie, de la jalousie. En ville, l’argent de poche devient une nécessité absolue. Chacun donne à son fils et pourquoi ne pas donner plus que le fils du voisin. Les enfants des pauvres vivent dans l’aigreur. Pourquoi les autres et pourquoi pas nous ? Ils voient des enfants venir à l’école dans des voitures. On ne peut pas uniformiser la société mais on peut donner des exemples. Les pères doivent être des modèles de modestie, d’humilité. Si l’enfant prend déjà goût à l’argent, au matériel, c’est la situation du pays qui est en danger. On sait tous que l’argent ne suffit pas et ne suffira jamais. Et aussi qu’il ne rassasie pas. On le cherche sans cesse. Il semble s’envoler à chaque fois qu’on s’apprête à l’atteindre. Quand le Christ dit qu’on ne peut choisir Dieu et l’argent c’est une très grande vérité dont la dimension mérite plusieurs tomes d’explications. Mais c’est la réussite de certaines personnes dans le domaine des sports et de la musique qui ont été le déclencheur de ce goût immodéré des enfants pour de l’argent. Tous sont convaincus que l’école, le travail, Dieu ne donne pas de l’argent dont ils ont besoin. A douze ans, des enfants rêvent de devenir des milliardaires. La presse, les radios, les télés leur parlent chaque semaine de ceux qui sont partis de rien et qui font fortune, gagnant en deux mois tout l’argent que des gens mettraient cinquante ans pour atteindre et même pas. Cette promotion de l’argent gagné dans le sport et la musique a été la grande plaie qui commence à détruire les fondements des nations africaines. Les enfants ne sont plus les seuls concernés, même les parents dorment et se réveillent en pensant aux milliards qu’ils pourraient avoir. Le but étant la belle vie, la dolce Vita. Avoir de nombreuses belles voitures, des maisons au grand standing, des voyages dans le monde, des comptes bancaires garnis et surtout les belles femmes. Comme ce rêve ne peut se réaliser, alors le goût de l’argent commencé depuis l’enfance va se manifester dans la corruption. Voler l’Etat, voler l’entreprise. Tout sera mis en marche pour réaliser le rêve des stars du football, des sports et de la musique. Le rêve des pays africains d’être émergents ne pourra que se ralentir. On voit bien aujourd’hui que l’état désastreux des mentalités est encore pire que l’état des routes. Et ce n’est pas la direction des grands travaux qu’il faut, mais plus. Dix mille fois plus. Un sursaut national même. Tout effort de développement ne peut que se fracasser contre la mentalité de personnes, d’élites, qui veulent s’enrichir coûte que coûte et rapidement. Que de personnes recrutent des mystiques pour devenir riches ou avoir de grands postes pour avoir des milliards. Ils oublient ou on ne leur dit pas ce qui les attend par ces pratiques. Monter plus haut pour tomber plus bas ou même être enfoui au sous- sol sans avoir pleinement été conscient qu’on a vraiment réussi sa vie. Ces milliardaires qui font rêver sont rares dans la société. Ce sont des choix de Dieu et de par leur travail. Faire croire aux enfants qu’ils ont tous leur chance est une erreur grave. Que les parents s’attèlent à donner une très bonne instruction à leurs enfants. Ne pas devenir la star rêvée, ce qui a toutes les chances d’arriver, ne pas avoir une bonne situation professionnelle car n’ayant pas sérieusement étudié, c’est la porte ouverte à toutes les dérives. L’émergence de nos pays commence d’bord dans la cellule familiale. Il faut commencer par donner le goût de l’effort, du travail, de l’humilité à l’enfant dès son jeune âge. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine !

Par Isaïe Biton Koulibaly
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