Joint hier au téléphone, Privat Oula député de la circonscription de Duékoué, revient sur les attentes et les garanties du peuple wê relativement à son audience avec le président de la République, aujourd’hui.
Une opinion qualifie d’ « audience de la dernière chance » la rencontre qu’a aujourd’hui le peuple wê avec le président de la République. Est-ce aussi votre avis ?
Je voudrais d’emblée préciser une chose, c’est qu’il faut toujours aller à ce genre de rencontre avec un esprit positif. Il faut y aller avec un esprit du donner et du recevoir. On ne peut pas dire que nous allons à une rencontre de la dernière chance. C’est une rencontre qui va nous permettre d’aplanir les quelques difficultés qui restent à résoudre concernant notre région.
Quels sont ces problèmes ?
Ce sont des problèmes liés à la sécurité, le foncier rural, celui des dozo et surtout plaider pour nos frères qui sont en exil et dont nous allons demander le retour. Le chef de l’Etat a certainement beaucoup de choses, dont des conseils, à nous dire. Et nous allons le rencontrer avec des rameaux. Je voudrais préciser que nous allons chez le président des Ivoiriens, celui qui est au-dessus de tous les partis politiques : c’est donc une rencontre républicaine.
Comment comptez-vous poser les problèmes des exilés dans un texte de réconciliation, de vérité et de justice ?
Nous sommes conscients de la séparation des pouvoirs. Le président de la République est un homme pointilleux sur cet aspect de l’organisation des institutions. Nous en tiendront compte pour poser nos problèmes. Mais aujourd’hui aucun Guéré ou Wê n’est fier de savoir que ses frères sont en exil. On ne peut pas souhaiter l’exil à son pire ennemi. Nous allons exposer ce souci au président de la République. La plupart des frères qui veulent revenir et avec lesquels nous sommes en contact sont dans un esprit de réconciliation, de pardon et de repentance. Allons surtout lui dire merci pour ce qu’il a fait pour notre région parce qu’aujourd’hui, cette partie du pays est en chantier.
Comme d’autres régions, l’Ouest n’échappe pas à la réalité des querelles politiques et le leadership. Qu’avez-vous fait pour assainir les esprits autour de cette rencontre ?
Nos parents sont déjà dans un élan de réconciliation parce que la politique les a suffisamment divisés. Elle a détruit notre région. Nous n’avons pas dit la vérité à nos parents et pourtant ils ne vivent pas de politique. Ils ont besoin de développement : des hôpitaux, des écoles, des routes… Mais ceux à qui nous avons besoin de parler ce sont ceux qui sont à Abidjan Accra, Lomé qui de temps en temps intoxiquent nos parents. Dieu merci, certains de nos frères en exil ont compris la nécessité d’oublier le passer et d’aller à la réconciliation.
Concrètement, comment avez-vous préparé cette réunion ?
Nous avons effectué des tournées pour parler avec nos parents. Ni Jésus Christ, ni Mahomet n’ont fait l’unanimité, mais nous avons fait des efforts autour de nos aînés que sont les ministres Kéï Boguinard, Emile Constant Bombet, Dagobert Banzio, Anne-Désirée Oulotto, des doyens Oulaï Tiabas, Guéï François, pour amener nos frères à comprendre que nos parents n’ont pas besoin de politique et de division. Ils ont besoin de retourner dans leurs champs, dans leurs campements, de vendre leurs produits. Ils n’ont plus besoin de mensonge et d’être désunis.
Qu’est-ce que le peuple wê attend du président ?
Nous voulons que les régions du Cavally et du Guémon soient déclarées zones sinistrées afin qu’il y ait un véritable plan Marshall - pourquoi pas un plan Ado - pour nos régions. Ceci devrait permettre à l’Etat d’avoir un programme dense pour ces régions. Au niveau de la sécurité, il faut reconnaître qu’il y a une nette amélioration. Mais il reste beaucoup à faire parce que la guerre a tout emporté. Nous voulons que le chef de l’Etat nous aide à reconstruire l’Ouest. Il faut que l’Etat puisse créer des emplois pour les jeunes. Il est bien facile de leur demander de déposer les armes, mais il faut trouver un mécanisme pour leur garantir du travail.
En retour que garantissez-vous au président de la République ?
Notre contribution consiste à parler aux jeunes ; chose que nous faisons tous les jours et qui nous a permis de cerner leurs problèmes. La politique générale présentée à l’Assemblée nationale par le Premier ministre comporte de très bons projets pour l’Ouest. Il y a par exemple le projet de construction du chemin de fer, le ministre Dagobert Banzio a un projet sur la riziculture, le ministre Sidiki Konaté a développé un important programme pour les jeunes, le ministre Adama Toungara est revenu d’un voyage avec le président de la République et a ramené un projet d’investigation dans nos régions. C’est pour tous ces projets que nous demandons à nos jeunes d’être patients afin qu’ils puissent profiter du programme présidentiel.
Cette sensibilisation porte-t-elle ses fruits dans une région où l’autorité parentale a souventes fois été remise en cause ?
Le problème de génération n’est pas propre à notre région. C’est un problème de formation. C’est un problème qui interpelle tous les cadres et les autorités. Depuis plus de 15 ans, nos universités et nos écoles ne forment plus des cadres. Elles ont fabriqué des personnes prêtes à la revendication dans un esprit syndical négatif. Mais à notre niveau, nous nous organisons en mettant en place des cadres pour discuter. Pour ce faire, nous avons intérêt à être unis et de respecter les générations, les institutions et ceux qui les incarnent.
Par quel message voudriez-vous conclure cet entretien ?
Je voudrais dire qu’avec nos frères Malinké, Akan, Burkinabé etc. nous avons toujours cultivé la paix. Nous sommes tous condamnés à vivre ensemble. Alors, nous devons tous nous pardonner nos erreurs. Mais ce n’est pas parce qu’un Guéré, un Baoulé ou un Burkinabé a posé un acte qu’on s’attaque à ses parents. Il faut circonscrire les problèmes et avoir recours à la justice quand un individu pose un acte.
Entretien réalisé par Bidi Ignace
Une opinion qualifie d’ « audience de la dernière chance » la rencontre qu’a aujourd’hui le peuple wê avec le président de la République. Est-ce aussi votre avis ?
Je voudrais d’emblée préciser une chose, c’est qu’il faut toujours aller à ce genre de rencontre avec un esprit positif. Il faut y aller avec un esprit du donner et du recevoir. On ne peut pas dire que nous allons à une rencontre de la dernière chance. C’est une rencontre qui va nous permettre d’aplanir les quelques difficultés qui restent à résoudre concernant notre région.
Quels sont ces problèmes ?
Ce sont des problèmes liés à la sécurité, le foncier rural, celui des dozo et surtout plaider pour nos frères qui sont en exil et dont nous allons demander le retour. Le chef de l’Etat a certainement beaucoup de choses, dont des conseils, à nous dire. Et nous allons le rencontrer avec des rameaux. Je voudrais préciser que nous allons chez le président des Ivoiriens, celui qui est au-dessus de tous les partis politiques : c’est donc une rencontre républicaine.
Comment comptez-vous poser les problèmes des exilés dans un texte de réconciliation, de vérité et de justice ?
Nous sommes conscients de la séparation des pouvoirs. Le président de la République est un homme pointilleux sur cet aspect de l’organisation des institutions. Nous en tiendront compte pour poser nos problèmes. Mais aujourd’hui aucun Guéré ou Wê n’est fier de savoir que ses frères sont en exil. On ne peut pas souhaiter l’exil à son pire ennemi. Nous allons exposer ce souci au président de la République. La plupart des frères qui veulent revenir et avec lesquels nous sommes en contact sont dans un esprit de réconciliation, de pardon et de repentance. Allons surtout lui dire merci pour ce qu’il a fait pour notre région parce qu’aujourd’hui, cette partie du pays est en chantier.
Comme d’autres régions, l’Ouest n’échappe pas à la réalité des querelles politiques et le leadership. Qu’avez-vous fait pour assainir les esprits autour de cette rencontre ?
Nos parents sont déjà dans un élan de réconciliation parce que la politique les a suffisamment divisés. Elle a détruit notre région. Nous n’avons pas dit la vérité à nos parents et pourtant ils ne vivent pas de politique. Ils ont besoin de développement : des hôpitaux, des écoles, des routes… Mais ceux à qui nous avons besoin de parler ce sont ceux qui sont à Abidjan Accra, Lomé qui de temps en temps intoxiquent nos parents. Dieu merci, certains de nos frères en exil ont compris la nécessité d’oublier le passer et d’aller à la réconciliation.
Concrètement, comment avez-vous préparé cette réunion ?
Nous avons effectué des tournées pour parler avec nos parents. Ni Jésus Christ, ni Mahomet n’ont fait l’unanimité, mais nous avons fait des efforts autour de nos aînés que sont les ministres Kéï Boguinard, Emile Constant Bombet, Dagobert Banzio, Anne-Désirée Oulotto, des doyens Oulaï Tiabas, Guéï François, pour amener nos frères à comprendre que nos parents n’ont pas besoin de politique et de division. Ils ont besoin de retourner dans leurs champs, dans leurs campements, de vendre leurs produits. Ils n’ont plus besoin de mensonge et d’être désunis.
Qu’est-ce que le peuple wê attend du président ?
Nous voulons que les régions du Cavally et du Guémon soient déclarées zones sinistrées afin qu’il y ait un véritable plan Marshall - pourquoi pas un plan Ado - pour nos régions. Ceci devrait permettre à l’Etat d’avoir un programme dense pour ces régions. Au niveau de la sécurité, il faut reconnaître qu’il y a une nette amélioration. Mais il reste beaucoup à faire parce que la guerre a tout emporté. Nous voulons que le chef de l’Etat nous aide à reconstruire l’Ouest. Il faut que l’Etat puisse créer des emplois pour les jeunes. Il est bien facile de leur demander de déposer les armes, mais il faut trouver un mécanisme pour leur garantir du travail.
En retour que garantissez-vous au président de la République ?
Notre contribution consiste à parler aux jeunes ; chose que nous faisons tous les jours et qui nous a permis de cerner leurs problèmes. La politique générale présentée à l’Assemblée nationale par le Premier ministre comporte de très bons projets pour l’Ouest. Il y a par exemple le projet de construction du chemin de fer, le ministre Dagobert Banzio a un projet sur la riziculture, le ministre Sidiki Konaté a développé un important programme pour les jeunes, le ministre Adama Toungara est revenu d’un voyage avec le président de la République et a ramené un projet d’investigation dans nos régions. C’est pour tous ces projets que nous demandons à nos jeunes d’être patients afin qu’ils puissent profiter du programme présidentiel.
Cette sensibilisation porte-t-elle ses fruits dans une région où l’autorité parentale a souventes fois été remise en cause ?
Le problème de génération n’est pas propre à notre région. C’est un problème de formation. C’est un problème qui interpelle tous les cadres et les autorités. Depuis plus de 15 ans, nos universités et nos écoles ne forment plus des cadres. Elles ont fabriqué des personnes prêtes à la revendication dans un esprit syndical négatif. Mais à notre niveau, nous nous organisons en mettant en place des cadres pour discuter. Pour ce faire, nous avons intérêt à être unis et de respecter les générations, les institutions et ceux qui les incarnent.
Par quel message voudriez-vous conclure cet entretien ?
Je voudrais dire qu’avec nos frères Malinké, Akan, Burkinabé etc. nous avons toujours cultivé la paix. Nous sommes tous condamnés à vivre ensemble. Alors, nous devons tous nous pardonner nos erreurs. Mais ce n’est pas parce qu’un Guéré, un Baoulé ou un Burkinabé a posé un acte qu’on s’attaque à ses parents. Il faut circonscrire les problèmes et avoir recours à la justice quand un individu pose un acte.
Entretien réalisé par Bidi Ignace