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Économie Publié le mardi 23 octobre 2012 | Nord-Sud

Cherté du mouton à la veille de la Tabaski : Les commerçants tranchent : “les prix ne baisseront pas”

Cherté du mouton à la veille de la Tabaski : Les commerçants tranchent : “les prix ne baisseront pas”
© Nord-Sud Par EMMA
Activités gouvernementales : Le ministre Kobenan Innocent Adjoumani visite l’abattoir de Port-Bouet.
Vendredi 19 aout 2011. Abidjan. Le ministre des Ressources Animales et Halieutiques Kobenan Innocent Adjoumani s’est rendu à l’abattoir de Port-Bouet.
A trois jours de la Tabaski, le marché du mouton n’est pas suffisamment approvisionné.

«Prie ton Seigneur et fais lui un sacrifie…» (Coran, Sourate 108, Verset 2). Voici l’un des passages du livre saint de l’Islam qui évoquent le rituel que les mu­sulmans vont accomplir le 26 octobre en commémoration de l’acte d’obéissance d’Abraham à Dieu. Cha­que année, au 10e jour du mois lunaire en cours, le fidèle majeur qui en a les moyens a l’obligation d’immoler, à cette date, une bête, de préférence un mouton. Mais, cette année, l’on se demande s’ils seront nombreux les musulmans de Côte d’Ivoire capables de respecter cette prescription de leur religion. Tellement les coûts des bêtes ont pris l’ascenseur. Hier, à Port-Bouët, le plus grand parc à bétail du pays, les moutons de 70.000 Fcfa étaient petits et chétifs. Selon plusieurs vendeurs, les prix auxquels ils s’approvisionnent sont assez élevés contrairement aux années précédentes. Adama Kanté, commerçant, en désignant un petit mouton, a affir­mé : « Cette bête, je l’ai achetée à 70.000 F. A combien voulez-vous que je la revende ?», s’interroge-t-il. L’an dernier, indique-t-il, le même animal pouvait être vendu à 60.000 F au maximum. Selon le président de l’Union ouest-africaine des marchands et importateurs de bétail (Uoamib), Koné Losseni, les moutons achetés à 65.000 F l’an passé se vendent actuellement entre 110.000 F et 120.000 F. Il est formel, il y a une vérité à ne pas cacher aux Ivoiriens : « il n’y a pas de moutons cette année. Même au Burkina Faso qui nous ravitaille, le mouton y manque », tran­che- t-il. Pour lui, il ne faut pas s’attendre à une réduction des cours avec ce déficit sur le marché. Et d’ajouter qu’en 2011, à la même période, il y avait plus de 300 camions et 200 wagons. «Actuellement, il y a moins de 200 camions et 100 wagons. Vous voyez la différence ! », clame-t-il. Il explique cette situation par le fait qu’en 2011, les exportateurs burkinabè ont subi des pertes allant jusqu’à 23,6 millions Fcfa à cause des vols à l’abattoir. « Ces commerçants n’ont pas voulu revenir à Abidjan. Nombre d’entre eux veulent explorer d’autres capitales », a-t-il précisé. Et d’interpeller les autorités afin qu’elles renforcent la sécurité autour de l’abattoir. « Il y a certes les Frci, mais, il faut aussi la présence de la police et de la gendarmerie », a souhaité le président de l’Uoamib. Cette question de sécurité a été également invoquée par les commerçants d’Abobo. Selon eux, les récentes attaques contre les Frci ont causé des frayeurs chez certains exportateurs. Par ailleurs d’autres gardent de mauvais souvenirs des braquages et des coupeurs de routes dont ils ont été victimes l’année dernière. Pour Sylla Arouna qui n’a reçu que 40 têtes de mouton, à trois jours de la fête, la situation est inquiétante. Et Koné Adama d’ajouter que les entraves à la fluidité ont certes été levées, mais le déficit ne pourra être comblé. D’autres raisons citées par nos interlocuteurs : « Le prix des aliments du bétail a augmenté, les frais de transport également. C’est une situation internationale». En dépit de ces grosses inquiétudes relevées par les acteurs, le conseiller technique du ministre du Commerce en charge de la qualité, Dr Bakayoko Souleymane, est catégorique : «Le marché sera suffisamment approvisionné. Je tiens à rassurer les populations qu’à partir de demain (aujourd’hui) et ce jusqu’à la date-butoir, les différents marchés auront suffisamment de moutons », promet-il. Selon lui, l’an passé, les exportateurs sont venus à deux semaines de la fête. Ce qui a eu pour effet d’accroître leurs charges. « Cette année, de commun accord, il a été décidé de faire venir les camions à deux jours de la fête. Soyez donc tranquilles, la tendance va s’inverser », insiste-t-il. Au dire de Bakayoko Souleymane, l’offre qui va connaître un boom va contribuer à réduire de façon drastique les coûts. En outre, il a indiqué que le comité de crise visant à gérer la Tabaski a mis en place des numéros verts pour combattre toutes formes de tracasseries. « Tous les opérateurs peuvent appeler pour dénoncer tout abus », a-t-il conseillé. Pour le collaborateur de Dagobert Banzio, même si certains Etats de l’Afrique de l’ouest attirent les pays exportateurs de bétail, force est d’indiquer que la Côte d’Ivoire est une destination attrayante. D’abord, parce que des mesures ont été mises en œuvre pour faciliter la fluidité. Il s’agit notamment de l’interdiction du convoyage et de la lutte contre le racket. Ensuite, il y a l’accueil des exportateurs dans de bonnes conditions, et enfin la sécurité des moutons et des commerçants. C’est pourquoi, il est convaincu que la pénurie factice prendra fin. Quant au président de l’Association panafricaine des commerçants et vendeurs de bétail de Côte d’Ivoire, Cissé Cheick Hamed Tidiane, il pense qu’il faille envisager, pour les années à venir, de promouvoir la production nationale par l’élevage.

Ahua K
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