Le temps ne fait pas la Réconciliation. Mais plutôt la recherche de la Vérité, de la Justice et la Réparation. C’est le chemin qu’Alassane Ouattara a décidé d’emprunter dès sa prise de pouvoir. Le premier acte a été la mise en place de la Commission Dialogue Vérité et Réconciliation. Puis la Justice en attendant la Réparation. Lundi, lors de la « rencontre-vérité » avec les populations Wê des régions du Cavally et du Guémon, le Président de la République est encore resté intraitable sur la question. « La Justice est au c?ur du processus de Réconciliation » a-t-il répondu à ses hôtes qui sollicitaient la libération de prison de certains des leurs et au retour d’exil de certains autres. Pour caricaturer, il a expliqué que ceux qui sont en exil peuvent rentrer et vaquer tranquillement à leurs occupations. En attendant bien sûr d’éventuelles convocations de la Justice. Pour ce faire, il a même enjoint en tant que Chef suprême de la Magistrature, le Premier ministre, ministre de la Justice, garde de sceaux, de faire accélérer les procédures, les alléger afin de rendre la Justice plus efficace. Et aussi plus équitable. Comme pour dire son attachement à la Justice. Comme pour dire aussi qu’il n’y aura de passe-droits pour personne. Tous ceux qui seront convoqués par la Justice devront répondre. Ce passage est donc pour le Chef de l’Etat inéluctable si la Côte d’Ivoire veut aller à la Réconciliation et à une paix durable. C’est le choix qu’il a fait. Avec raison. Car, il n’est pas évident qu’une victime, qui n’a pas vu sa souffrance réparée, à tout le moins, reconnue, puisse pardonner et se réconcilier. Elle ne se sentira d’ailleurs pas en sécurité et n’aura aucune foi en l’avenir. La Vérité et la Justice sont impératives dans le contexte de la Côte d’Ivoire. Ce sont ces principes qui seront le ciment d’une paix durable. Ce sont ces principes qui peuvent garantir que ce qui s’est passé ne se reproduira plus. Certains pays ont fait le choix des solutions totalement politiques. Avec notamment des amnisties généralisées. Ils ont tort. Cela ne peut survenir qu’après la reconnaissance des souffrances, leurs compréhensions, les motivations des bourreaux, leur punition, les réparations pour les victimes. Le Chef de l’Etat fait bien de s’accrocher à la Justice comme condition sine qua non pour aller à la Réconciliation. Il n’y a pas meilleur chemin pour éviter de revivre ce passé que certains entendent refouler.
KIGBAFORY Inza
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