Depuis ses premières attaques dans la zone de Taï au lendemain de la visite d’Etat du Président de la République dans l’ouest du pays au mois d’avril, un mystérieux commando attaque de façon récurrente différentes positions des Frci. Pour le pouvoir en place, ce sont les pro-Gbagbo qui attaquent. Faut-il donner raison au pouvoir? Au regard des faits, on ne se demande plus ‘’à quand la fin des attaques et des tueries ? Mais plutôt, à qui le prochain tour ? Taï, Duékoué, Yopougon, Akouédo, Dabou, Agboville, Noé, Bonoua, Samo, Azito et maintenant Bongouanou, voilà le parcours angoissant et meurtrier de ces assaillants aux intentions démesurément égocentriques. Dès les premiers moments des attaques, le pouvoir a pointé un doigt accusateur vers les pro-Gbagbo. Ceux-ci s’en sont défendus avec les arguments qui sont les leurs. Même s’ils ont perdu le pouvoir et refusé à un moment de se joindre au processus de réconciliation nationale, pro-Gbagbo et frontistes estiment qu’ils sont loin de vouloir reconquérir le pouvoir d’Etat par les armes. Le Fpi, le parti fondé par Laurent Gbagbo, a même produit un communiqué tout récemment dans lequel il a condamné ces attaques et demandé au pouvoir d’assurer la sécurité des personnes et des biens. Tout cela est beau et participe à l’apaisement du climat sociopolitique gangréné par ces actes subversifs. Mais au regard des cibles et des villes dans lesquelles ces attaques ont jusqu’ici eu lieu, une question demeure : quels sont ceux qui attaquent ? Certains ont vite fait de dire que ce sont les Frci. Et pourtant, ce sont eux les premières victimes de ces attaques sauvages et barbares. Que ce soit à Taï, Dabou, Akouédo, Noé, Yopougon pour ne citer que ces villes, ce sont les positions des Frci qui sont nuitamment attaquées. Ce qui ne peut nullement être des auto-coups dans lesquels les éléments des Frci sont massacrés. Il y a seulement quelque temps, la police ghanéenne a mis le grappin sur deux jeunes Ivoiriens qui s’étaient rendus à Cape Cost pour acheter des armes. Ceux-ci, après recoupement des informations, seraient des pro-Gbagbo. C’est aussi à Takoradi et à Tema au Ghana, que selon certaines sources, des pro-Gbagbo qui y séjournent depuis la fin de la crise tiennent régulièrement leurs réunions. Le commandant Abéhi, le pasteur Koré Moïse, Damana Adia Pickas, Marcel Gossio, Blé Goudé et Nandy Bamba la seconde épouse de Gbagbo, sont souvent cités comme étant les instigateurs de ces attaques. Pourquoi seules les villes favorables au Fpi sont-elles attaquées ? Il est bon de remarquer que les différentes villes attaquées sont connues pour être des bastions du Fpi. Bongouanou, la dernière sur la liste macabre de ces assaillants n’est-elle pas la ville natale d’Affi N’guessan le président du Fpi ? Ainsi Duékoué, Yopougon, Dabou, Agboville, Bonoua et les autres bénéficient-elles du même statut de villes bastions du Front populaire ivoirien. Alors question : « pourquoi seules les villes favorables au Fpi font l’objet d’attaques récurrentes des ennemis de la République ? La raison est toute simple. Ces attaques sont préparées de longues dates. Elles nécessitent des prises de contacts utiles pour bénéficier de la protection des populations de ces villes. A l’analyse, les rebelles savent clairement que les populations civiles des villes qu’ils attaquent leur sont favorables et prêtes à leur offrir gîtes et couverts et même protection en cas de riposte de l’armée régulière. Faut-il le rappeler, la bataille d’Abidjan au plus fort de la crise postélectorale s’est achevée dans la commune de Yopougon où résident un grand nombre de militants Fpi mais aussi de mercenaires libériens logés et nourris par des pro-Gbagbo. Pourquoi ces assaillants n’osent-ils pas attaquer les villes du nord qui sont les bastions du Rdr ? De notre point de vue, c’est parce qu’ils ne peuvent bénéficier d’une quelconque complicité interne dans ces villes ? Le pouvoir a-t-il raison d’accuser les pro-Gbagbo ? Chacun doit pouvoir répondre. Il ne faut pas non plus oublier qu’un rapport de l’Ong International crisis group et un autre des experts de l’Onu accablent les pro-Gbagbo. Allant jusqu’à les accuser d’intelligence avec Ansardine au Mali. L’objectif visé, en attaquant les éléments de l’armée nationale, consiste d’abord à les harceler pour ensuite les affaiblir, en les dépossédant de leurs armes de combat. A chaque attaque, ces rebelles emportent des armes pour se constituer.
Jean-Philippe Okann
Jean-Philippe Okann