Comme annoncé, les Wê, populations des régions du Cavally et du Guémon, dans toute leur composante, étaient au palais présidentiel d’Abidjan-Plateau, sur invitation du chef de l’Etat, président de la République, Alassane Ouattara. On peut, tout de suite, dire que le rendez-vous a été tenu. Les medias étaient présents. La rencontre était retransmise en direct par les médias d’Etat, la Radio télévision ivoirienne (Rti) principalement. Mais prise aussi par les agences de presse internationales, en temps réel. Voici le décor. L’invitant, Alassane Ouattara, et les invités, le Cavally et le Guémon. Qu’avons-nous retenu après près de 3 heures de contact fraternel au pays d’Houphouët-Boigny, pays du dialogue. Le dialogue ! Voici l’une des premières leçons qu’on aura en mémoire du déplacement des Wê au palais présidentiel. Le dialogue franc, sincère, positif, et constructif. Le chef de l’Etat l’avait promis. Il a tenu parole, comme à l’accoutumée. Les populations des régions du Cavally et du Guémon, de leur côté, ont prouvé qu’elles sont des hommes et des femmes de foi. Mais avant d’aller plus loin, commençons par le commencement. Déjà, dès 9 heures du matin, le palais présidentiel était noir de monde. Les Wê étaient là : les têtes couronnées, les têtes pensantes, élus, cadres, religieux, jeunes, moins jeunes, vieux, femmes, plébéiens, nantis, épaules étoilées. La mobilisation fut totale. Cela a étonné plus d’un. Surtout, la communauté internationale. Pour une région, présentée comme hostile au président de la République, c’était une merveille pour les yeux, cette foule compacte, colorée, nombreuse, mais disciplinée. La mobilisation fut à la dimension de l’évènement. Oui, évènement car, il y a, à peine 7 mois, le président de la République effectuait sa première visite d’Etat dans l’Ouest ivoirien. Cette présence massive et distinguée des Wê au palais présidentiel était chargée de sens, et beaucoup de curiosité sous-tendait cette rencontre. Allaient-ils bouder le président ? Les Wê, par leur absence, ou par une présence étriquée, allaient-ils donner raison à ceux de l’intérieur qui pensent que le pays est à feu et à sang, chaque matin, et que l’Ouest est totalement coupé du reste de la Côte d’Ivoire ? La réponse a été donnée dans la salle et aux alentours du palais présidentiel. Cette présence massive et distinguée des Wê au palais présidentiel dévoilait surtout un état d’esprit. Etat d’esprit traduit dans un discours responsable, lu par un responsable (Tyeoulou Dyela Félix) au fait de la marche de l’Etat, entouré, pour la circonstance, par des sachants responsables. Le discours fut un discours de franchise et de vérité au Président. Un discours qui reflète la vraie réalité du vécu quotidien des populations sur le terrain. Les applaudissements nourris dans la salle traduisaient les aspirations profondes et l’adhésion totale de toutes les couches sociales des régions invitées. Les applaudissements nourris donnaient surtout à comprendre que tout n’avait pas été dit au Président Alassane Ouattara, lors de sa visite d’Etat à l’Ouest au mois d’Avril dernier. On lui aurait, sciemment, caché des choses. Le lundi 22 octobre 2012, tout a été dit et bien dit : le cas des exilés, les dozo qui s’érigent en forces régaliennes, des étrangers qui occupent illégalement les terres des autochtones, etc, etc. Le discours a passé au peigne fin les préoccupations d’une région qui, tout le monde s’accorde à le reconnaître, a payé le plus lourd tribut de la crise sociopolitique, du jeudi 19 septembre 2002 au lundi 11 avril 2011 avec la bataille du bunker à Abidjan. A travers le discours, on a senti que l’Ouest s’est retrouvé. La communion totale entre le porte-parole et les populations des régions du Cavally et du Guémon indiquait, fort éloquemment, que les lignes de la réconciliation ont bougé et que le mur de la méfiance s’estompe. Et, quand Alassane Ouattara, le président de tous les Ivoiriens, prendra la parole pour répondre aux aspirations de ses alliés et frères, c’est l’accord parfait. On a entendu, plus d’une fois, « Félix (Tyeoulou Dyela Felix, porte-parole du peuple Wê), je suis d’accord ». Ponctué par des applaudissements appuyés et des vivats. La symphonie achevée ! Oui, ce lundi 22 octobre 2012, on peut se prendre à rêver. Il y a des signes qui ne trompent pas. Chez nous, on le dit : quand quelqu’un ne veut pas t’accompagner à aller extraire ton bandji, il ne t’aide pas à porter ton canari. Sur le long chemin de la réconciliation, les Wê des régions du Cavally et du Guémon et le chef de l’Etat se sont accordés pour lancer un message fort : il est plus facile de faire la guerre que de faire la paix. Mais, nous prenons l’engagement, surtout les Wê, de saisir la main tendue du frère et de l’allié et de faire la paix. Et, comme nous sommes condamnés à vivre ensemble, faisons la paix. Le symbole du pagne blanc, déposé aux pieds d’Alassane Ouattara, en est la marque indélébile. Ce geste n’avait pas été fait, même lors de la visite officielle du chef de l’Etat dans l‘Ouest ivoirien. Les Wê ont ouvert leur cœur. Alassane Ouattara a ouvert son cœur. A l’endroit où se rencontrent la franchise et la vérité, ne pousse que du bonheur! Ce qui a été donné aux Ivoiriens de voir est de bon augure. Ne soyons pas naïvement euphoriques pour croire que demain la veille, tous les problèmes dans l’Ouest ivoirien seront soldés. Mais, déjà un grand pas a été franchi, et dans l’humilité en plus. Ce grand pas suffit à notre bonheur immédiat. Avec l’espoir que demain sera meilleur. Les Wê ont donné leur parole. Alassane Ouattara a donné sa parole. Quand dans un couple, les deux partenaires sont féconds, et qu’ils décident de faire un enfant, eh bien, cet enfant viendra au monde. Populations des régions du Cavally et du Guémon et le chef de l’Etat sont tombés d’accord pour pacifier l’Ouest. Alors, l’Ouest sera pacifié. L’Ouest pacifié, c’est, au dire des sachants, la Côte d’Ivoire qui sera pacifiée. La réconciliation, promise par Alassane Ouattara, pointe à l’horizon. Voici les enseignements d’une visite mémorable qui fera date dans l’histoire de la Côte d’Ivoire. Mille fois merci au Président Ouattara pour avoir réparé un grand tort fait au peuple Wê. En le considérant comme un peuple suiveur à vie de l’ancien président Laurent Gbagbo. Le contraire vient d’être démontré. Mille fois merci au digne, vaillant et républicain peuple Wê qui vient d’apporter un démenti cinglant à ceux qui tentaient depuis des années de le marginaliser ou de le présenter comme un peuple va t-en-guerre.
Denis KAH ZION
Denis KAH ZION