Un coup de massue. C’est l’effet qu’a fait la dernière décision prise par la Chambre préliminaire hier, dans le camp Gbagbo. Les juges de La Haye ont donné leur verdict quant à la capacité du président Laurent Gbagbo à suivre son procès dans le box des accusés. Pour les juges de la Chambre préliminaire, la question ne souffre d’aucune ambiguïté. Laurent Gbagbo est apte à participer à la procédure qui est en cours en ce moment contre lui devant la Cour. Ce qui signifie que la Cour trouve que l’ancien président de la République n’est pas aussi mal en point comme veut le faire croire ses avocats. Ils ont par la même occasion annoncé que la date de la confirmation des charges sera bientôt fixée. Une lecture entre les lignes montrent clairement que la Cour n’a pas du tout l’intention d’accorder la liberté provisoire à Laurent Gbagbo. Par conséquent, il n’y a plus de suspense quant à l’issue de l’audience du 30 octobre dernier. Le verdict est clairement suggéré dans la décision prise par la Chambre préliminaire hier. Seule consolation pour Me Emmanuel Altit et son client. Des ajustements pratiques seront mis en place afin de permettre à l’ancien chef d’Etat de participer à l’audience de confirmation des charges dans cette affaire. Pour faciliter les choses à Laurent Gbagbo, la Cour veillera à ce que les audiences ne soient pas longues. Elle mettra en place des installations appropriées pour permettre à Laurent Gbagbo de bien se reposer pendant les pauses. En outre, le prisonnier de La Haye le plus célèbre en ce moment ne sera pas obligé de suivre toute la procédure. Pour le ménager, la Cour le dispensera de certaines étapes. Il pourra même, selon les juges de La Haye, suivre son procès par liaison vidéo, s’il le désirait. La Chambre déterminera les modalités appropriées pour la conduite des audiences en consultation avec la Défense et le Greffe. Cette décision fait suite à une requête qu’avait introduite la défense en juin dernier. Me Emmanuel Altit avait demandé que la Cour examine l’état de santé de son client qui, selon lui, n’est pas au mieux de sa forme pour suivre son procès. Il avait demandé, pour ce faire, aux juges de La Haye de reporter l’audience de la confirmation des charges qui était initialement prévue le 13 août dernier. Le 26 juin 2012, la Chambre avait nommé trois experts pour aider à déterminer si Gbagbo était apte à véritablement exercer ses droits au cours de la procédure engagée à son encontre devant la Cour. Les rapports médicaux confidentiels ont été déposés le 19 juillet 2012. Une audience sur cette question a été tenue à huis clos les 24 et 25 septembre 2012, en présence de Gbagbo, ses avocats, l’accusation, le greffe et les experts nommés par la Chambre. Hier, la décision est tombée au moment où l’on s’y attendait le moins, créant l’émoi dans le camp des partisans de l’ancien président de la République. Un véritable soulagement pour les victimes qui commençaient à trouver le temps trop long. Laurent Gbagbo a été remis à la CPI le 30 novembre 2011 et est apparu pour la première fois devant les juges de la Chambre préliminaire le 5 décembre 2011. Il est accusé de crimes contre l’humanité en tant que coauteur direct. Sa responsabilité pénale individuelle aurait été engagé dans des meurtres, viols et d’autres actes de violences sexuelles ainsi que d’actes de persécutions et inhumains perpétrés pendant la crise postélectorale.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly