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Politique Publié le mercredi 7 novembre 2012 | Diasporas-News

Intervention internationale : Quand, comment ?

Chasser les islamistes, et ce le plus vite possible. Chaque malien –civil ou militaire – en rêve et surtout s’il se trouve « coincer » dans la partie septentrionale. Hélas ! La pesanteur de la machine diplomatique internationale en décide autrement ; une lenteur mise à profit par AQMI, MUJAO, Boko Haram et les djihadistes de fourbir leurs armes.

La résolution 2071
Oui, c’est maintenant acté ! Le conseil de sécurité de l’ONU a enfin adopté à l’unanimité, le 12 octobre dernier, une résolution relative à la crise malienne : la 2071. Elle demande instamment aux organisations régionales africaines et le système des Nations-Unies, dans un délai n’excédant pas 45 jours, un plan d’intervention visant à reconquérir le Nord-Mali. En d’autres termes, le gendarme du Monde, demande à la CEDEAO, l’Union Africaine mais aussi au Secrétaire Général de l’ONU de préparer un plan opérationnel pour cette intervention : nombre d’hommes à engager, logistique nécessaire, le budget inhérent.
Et donc le coup de menton du président en exercice de la CEDEAO du mois d’avril n’était que de l’esbroufe ?
A l’époque, SEM Alassane Ouattara a convoqué un Sommet extraordinaire des chefs d’Etat pour dénoncer le coup d’Etat militaire du capitaine Amadou Sanogo et de sa clique. Après un conclave de deux heures dans un hôtel de Dakar, nos sages d’Afrique ont pris les mesures suivantes : « embargo total contre la junte et l’envoi d’une force expéditionnaire de la CEDEAO pour freiner la progression des mouvements insurrectionnels du Nord-Mali ». Le verbatim de cette conférence retiendra les propos du président en exercice : « nous avions décidé de la mise en place immédiate de la force d’attente de la CEDEAO… (Nous) avions également demandé au comité d’état-major de voir les modalités d’activation de cette force… ».
La dernière proposition de la CEDEAO remontait à mi-août. Son plan fût largement revu à la baisse : d’abord un débarquement des troupes étrangères à Bamako pour sécuriser les institutions de la transition ; ensuite, la formation des troupes maliennes et enfin la phase de reconquête du Nord.
Et que nous dit-on après six mois de crise alors que la population est entrain de crever la gueule ouverte à Kidal, Tombouctou et Gao en subissant la charia au quotidien : « revoyez votre copie ! ». N’incriminons pas uniquement la CEDEAO. Car Jean Ping de l’Union Africaine, Saïd Djinnit, représentant de Ban Ki Moon et Alain Juppé encore ministre des Affaires Etrangères de la France ont également cosigné cette déclaration à l’issue de ce Sommet de Dakar !


Le crépuscule du régime d’ATT
Doit-on aujourd’hui rendre les putschistes responsables de la chute du régime du président Amadou Toumani Touré (ATT) et de l’annexion du Nord-Mali par les islamistes ?
Eriger en exemple de démocratie par toute la communauté internationale, le régime d’ATT était à bout de souffle et complètement déconnecté de la réalité du pays. Les rues et les casernes observaient avec une certaine amertume par le train de vie ostentatoire de l’entourage du chef de l’Etat et de certains officiers. Le népotisme et la corruption sont devenus les deux mamelles du pouvoir finissant. L’affaire d’Air-Cocaïne de 2009 n’a jamais été élucidée. Pour rappel, un avion, en provenance du Vénezuela, lesté de quelques tonnes de drogue – estimé à 200 millions d’€uros - a atterri à Tarkint en plein désert malien et l’armée s’en est rendue compte que deux jours plus tard alors que la carlingue vide finissait de se consumer. ATT avait promis des sanctions dans les rangs de l’armée ; elles sont restées lettre morte. C’était un régime aux abois car sinon pourquoi le dispositif militaire déployé dans le Nord était-il sous-équipé alors que tous les observateurs reconnaissaient le danger pour tout le Sahel de l’éventrement des dépôts d’armes libyens ? Le locataire du palais de Koulouba aurait redouté la marche de blindés sur Bamako. Quant aux velléités d’indépendance touarègue du Nord, il considérait que c’était à son successeur de les régler.

La fausse piste du dialogue
L’impéritie de la communauté internationale n’a fait encore qu’aggraver la situation économique de la zone « libre ». Oui, il fallait que les putschistes retournent à leur caserne mais les sanctions économiques et financières ont été désastreuses pour le pays. Non seulement tous les programmes et les subventions des bailleurs de fonds internationaux ont été gelés mais le Trésor Public accusait un manque à gagner de 10 milliards FCFA (15 millions €uros) par mois.
Beaucoup de médiateurs ont offert leur service pour tenter de poursuivre la voie du dialogue. Entre autres, Tiebilé Dramé, Vice-président de la Coalition pour le Mali a exploré toutes les possibilités d’instaurer un dialogue avec les islamistes et les touaregs. Mais il s’est rendu à l’évidence qu’une négociation n’est possible qu’avec un préalable : « chasser les seigneurs de guerre étrangers »
Le président burkinabé Blaise Compaoré en fut le plus fervent. Il n’a jamais caché sa volonté de donner une chance de résolution pacifique du conflit en engageant un dialogue inclusif de paix et de réconciliation. Il reste Le médiateur attitré de la CEDEAO avec son ministre des Affaires Etrangères Djibril Bassolé comme missi dominici. Ce dernier était à la fois au four et au moulin. D’abord, ses allers-retours incessants entre Bamako et la caserne de Kati où était basée la junte pour arracher la mise en place d’un pouvoir transitoire ; ensuite, Blaise Compaoré a reçu à Ouagadougou une délégation d’indépendantistes du MNLA, de celle plus radicale proche d’AQMI : Ansar Dine et même les islamistes du MUJAO.
Sans l’enhardissement de cette médiation burkinabè, la résolution du Conseil de sécurité ne serait pas encore votée à cette heure-ci. Le gouvernement français s’est brusquement réveillé lorsqu’au début du mois de septembre le ministre des Affaires Etrangères du Burkina-Faso Djibril Bassolé débarqua à Paris. Il demanda expressément au Quai d’Orsay d’approuver officiellement la médiation supplémentaire du Qatar dans la crise malienne ! Ce qui prouverait la duplicité du Burkina-Faso. Depuis quelques mois, la monarchie du Golfe, jamais en retard d’une cause islamiste à défendre, financerait et livrerait des armes aux katiba basés au Nord Mali. Et une partie de ce trafic d’armes transiterait par le territoire burkinabé. Aussitôt, la France a dépêché, auprès du président malien par intérim Diacounda Traoré, son émissaire pour lui faire parapher la demande officielle d’intervention militaire de la CEDEAO.

Les préparatifs d’une intervention
Le Groupe International de Suivi et de Contact a tenu une réunion importante à Bamako le 18 et 19 octobre dernier. La toute nouvelle présidente de la commission de l’UA madame Nkosazana Dlamini-Zuma mais aussi Romano Prodi, envoyé spécial de l’ONU dans le Sahel, ont participé à cette conférence.
L’ordre du jour était « d’élaborer une stratégie détaillée de reconquête militaire du nord Mali sans pour autant fermer définitivement les portes du dialogue ». Cette réunion marque surtout la réintégration du Mali dans le concert des Nations et la reprise des programmes humanitaires. En contrepartie, la communauté internationale exige à ce que le gouvernement de transition établisse une feuille de retour pour l’organisation d’élections pour 2013.
Quant à l’Algérie, avec l’armée la plus puissante de la région, elle avance à pas comptés. Son premier ministre Abdelmalek Sella a déclaré que « son pays est attaché au principe de non-ingérence dans les affaires internes de ses voisins » ; avant tout de même de rajouter qu’il est fondamentalement utile d’aider et de conforter le gouvernement malien pour qu’il puisse recouvrir son intégrité territoriale. L’AQMI est pourtant un enfant engendré par la guerre civile algérienne des années 1990. Ses membres actuels sont des anciens djihadistes du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC). Chassés par l’armée algérienne, ils ont trouvé refuge dans le désert au Sud du pays. Sont-ils aujourd’hui des islamistes convaincus ou des bandits vivant de trafic de drogue et de prise d’otages ?
Hillary Clinton, Secrétaire d’Etat américain souhaite que l’Algérie s’implique davantage dans la crise malienne ; ne serait-ce-que pour surveiller ses frontières Est par lesquelles les islamistes font rentrer les armes en provenance de la Libye vers le Nord Mali. Les américains sont convaincus qu’AQMI est plus ou moins impliqué dans l’assaut, le 11 septembre dernier, de leur représentation de Benghazi qui a coûté la vie à son ambassadeur.
En tout cas depuis le sommet de Bamako (18-19 octobre), le Conseil Européen a également dessiné les grandes lignes de son mode d’intervention. Comme pour la Somalie, la mission des pays européens s’orientera sur les axes suivants : restructuration de l’armée malienne ; envoi d’instructeurs militaires pour former le contingent de la Mission de la CEDEAO au Mali (MICENA) ; surveillance aérienne et envoi d’instructeurs militaires. Dans la foulée Washington et Paris ont accordé leur violon pour coordonner leur mode opératoire.
La France, ancienne puissance coloniale, ne voudrait pas assumer le rôle de leader des forces coalisées. Elle se dissimule derrière la Politique de Sécurité et de Défense Commune (PSDC) de l’Union Européenne. Certes, la MICEMA interviendra sous résolution de l’ONU, ce ne seront pas ses quatre ou six bataillons (environ 3.000 hommes) mal entraînés qui viendront à bout des islamistes affluant au Nord Mali. Des centaines de djihadistes arriveraient des 4 coins du monde depuis que l’ONU a déclaré officiellement qu’une intervention au Mali est inéluctable. Tôt ou tard, les américains et les français mettront leur doigt dans l’engrenage de cette guerre contre le terrorisme.
Oui, Paris redoute l’exécution de ses otages qui sont toujours prisonniers au Niger. Est-ce-pour cela que des matériels et des hélicoptères ont été débarqués à Ouagadougou en provenance d’Abidjan ?

Reste encore l’ombre portée du capitaine Amadou Sanogo. Il s’est imposé une diète médiatique mais pour autant il tire toujours les ficelles en coulisse de son camp retranché de Kati. Il fut un visiteur du soir assidu du palais de Koulouba chez le président de la transition Diacounda Traoré depuis que celui-ci est rentré de Paris en juillet dernier. Il a même signé un décret nommant le capitaine Amadou Sanogo Président du Comité Militaire de Suivi de la Réforme des Forces de Défense et de Sécurité (CMSRFDS).
L’ancien putschiste reste convaincu que seule l’armée malienne devra libérer son territoire. Comment assurer la cohésion entre les troupes maliennes et les bataillons de la MICEMA alors que depuis fin juillet les matériels militaires du Mali - véhicules de transport, armes, munitions – sont bloqués dans une caserne de Conakry à cause de l’embargo de la CEDEAO ?

Alex ZAKA
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