En présence du Premier ministre N’Dong-Sima, représentant le Président Ali Bongo-Odimba et des représentants des pays du Togo, du Ghana, du Cameroun et de l’Équateur sur la première Conférence mondiale sur le cacao initiée par l’Organisation internationale du cacao (Icco), le chef de l’Etat ivoirien a tenu un discours historique. Dont l’objectif est de définir la «feuille de route pour une économie cacaoyère durable, à l’horizon 2022». Au regard des potentialités de la Côte d’Ivoire, il a pris l’engagement d’en faire un pays émergent à l’horizon 2020. Cette vision s’est traduite par des propositions concrètes et claires. «La réalisation de cet objectif requiert la mise en œuvre coordonnée d’une série de mesures touchant l’ensemble des secteurs de notre économie, notamment le secteur agricole«, a-t-il souligné d’entrée de jeu. Ce secteur qui a connu la période glorieuse des années 1970, «est rentré en crise du fait de la chute des cours des matières premières. Cette crise a mis en évidence les limites de notre modèle de développement agricole», a révélé Alassane Ouattara. L’ambition de son gouvernement (pour l’heure dissout) est de relancer ce secteur par le retour à l’investissement, notamment par le secteur privé, et par des réformes en vue d’en améliorer la gouvernance. Pour ce faire, la Côte d’Ivoire a adopté un Programme national d’investissement agricole qui est le volet agricole du Plan national de développement (P.n.d) 2012-2015 que dirigeait des mains de maître le ministre d’Etat, ministre du Plan et du Développement, El hadj, Abdallah Albert Mabri Toikeusse. «Pour le financement de ce plan, un Groupe Consultatif sur la Côte d’Ivoire se tiendra les 4 et 5 décembre prochains à Paris, sous l’égide de la Banque Mondiale», a-t-il rassuré. La filière café-cacao occupe une place de choix dans ce Programme national d’investissement agricole «car plus que 15% du Pib est tributaire de la « bonne santé » de l’économie cacaoyère et 1/3 de la population ivoirienne vit directement ou indirectement du cacao», a fait remarquer Alassane Ouattara. Ainsi, le gouvernement a conduit une réforme de la filière café- cacao tant au niveau de la gouvernance que du système de production et de commercialisation. Cependant, il a relevé les contraintes liées aux ambitions du gouvernement. Les défis majeurs Une telle réforme, pour produire tous les effets attendus, doit s’inscrire dans une dynamique mondiale. C’est pourquoi, il a tenu à partager avec les acteurs du secteur sa vision d’une économie cacaoyère durable. «Les défis majeurs auxquels nous sommes confrontés sont ceux de la consommation, qui appelle une transformation durable, elle-même, fondée sur une production durable du cacao», a soutenu le Président ivoirien. L’adaptation continue des produits aux exigences du consommateur des marchés dits matures et l’offre de nouveaux produits apporteront un début de solution au défi de la consommation durable. Ce défi ne sera relevé que lorsque la base des populations consommatrices des produits issus du cacao, aura été élargie de façon effective et durable. L’avenir démographique du monde se situe donc chez ceux qui ne consomment pas encore suffisamment de produits issus du cacao. «Je veux parler des pays émergents en général, et surtout, de l’Afrique qui assure 70% de l’offre mondiale. C’est pourquoi, je souhaite que cette conférence propose des pistes en vue de créer la dynamique d’un élargissement de la base des consommateurs. L’accroissement de la demande mondiale de cacao sera la résultante de la stimulation de l’utilisation des produits industriels pour satisfaire des besoins alimentaires, cosmétiques et paramédicaux», a-t-il souhaité. Pour lui, la première composante de l’équation « production durable », porte sur le maintien de l’intérêt du producteur pour la culture du cacao. La production du cacao exige l’existence d’opérateurs économiques qui trouvent un intérêt suffisant à exercer leur métier. «La Côte d’Ivoire a, pour sa part, assumé sa responsabilité de premier contributeur à l’offre mondiale de cacao, à travers une politique de rémunération suffisante et prévisible au producteur. Le pouvoir d’achat qu’offrait ce revenu au producteur lui procurait une vie décente et lui permettait d’assurer la scolarisation de ses enfants et le bien- être de sa famille. Le producteur trouvait en effet, un intérêt à agir en faveur de la culture du cacao. Cet intérêt a été perdu après la réforme de 2000, qui a supprimé la prévisibilité des revenus aux producteurs», a-t-il regretté. Comme Houphouët, Alassane rassure les paysans La Côte d’Ivoire, se devait d’agir promptement pour maintenir l’intérêt du producteur pour la cacao culture. La récente réforme de la filière ivoirienne est un début de réponse à cette exigence. Nous devons tous travailler à assurer un prix convenable au producteur. Cela créera la continuité de l’approvisionnement du marché en fèves de qualité. La certification est l’instrument dédié à cette assurance. La construction d’une économie durable commande que l’approche de certification soit globale, c’est-à-dire multi composantes. C’est pourquoi, «je vous invite à travailler urgemment à la fixation de normes standards minima qui tiennent compte à la fois, des exigences des consommateurs et des réalités et spécificités des pays producteurs. Il nous faudra ensuite nous fixer des objectifs à atteindre en termes de quantités de cacao certifié», a indiqué Alassane Ouattara. «Pour notre part, et afin d’encourager le producteur à poursuivre la culture du cacao, la réforme a pris les deux actes suivants : Garantir au producteur, un prix minimum par campagne correspondant à 60% du prix Caf, et contenir la fiscalité et la parafiscalité dans une proportion maximale de 22%, celle-ci étant de 18% pour la campagne en cours. Vu le poids du cacao dans notre économie et sa contribution au budget national, il s’agit là d’un sacrifice important consenti en faveur de la communauté cacaoyère», a conclu l’ex-Premier ministre du Président Félix Houphouët-Boigny. Il est donc clair dans l’esprit de tous que ceux qui doivent diriger les paysans doivent être transparents. Le temps de «manger» leur argent est terminé. Comme Houphouët, mais avec cette fois la rigueur sous peine de tomber sous le coup de la loi, chaque acteur, à n’importe quel niveau où il se trouve est averti.
Seriba Koné
Seriba Koné