Le président Alassane Ouattara a enfin nommé le Premier ministre de son « choix », pourrait-on dire. Même si c'est un autre « cheval » issu du Parti Démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI-RDA), selon l'accord conclu par les deux ténors du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP), Henri Konan Bédié et Alassane Ouattara, lors du second tour de l'élection présidentielle du 28 novembre 2010. En effet, entre le chef de l’État ivoirien et le nouveau locataire de la Primature, il y a une longue histoire d'amitié et de collaboration qui remonte à au moins trois décennies. C'est le président de la République lui-même, qui en a rendu témoignage à Grand-Bassam, au cours d'un Séminaire portant sur le (nouveau) profil de carrière et de Code d'éthique et de déontologie des diplomates ivoiriens, courant 2012. Cette grande rencontre avait été organisée par celui qui était jusqu'au mercredi 14 novembre 2012, le ministre des Affaires Étrangères de la Côte d'Ivoire. Depuis hier mardi 21 novembre, Daniel Kablan-Duncan est le nouveau chef du Gouvernement ivoirien. Il succède à Jeannot Ahoussou-Kouadio, qui a passé huit (08) mois (du 13 mars au 14 novembre 2012) à la « Maison Blanche » du Plateau. Pour rappel, lors de la cérémonie d'ouverture du séminaire des Diplomates, le président Alassane Ouattara avait partagé cette confidence à l'auditoire, que nous paraphrasons : « En 1989, lorsque le Président Houphouët (Boigny Félix) m'a appelé pour diriger le Comité interministériel, puis le Gouvernement en qualité de Premier ministre, j'ai posé une condition au « Vieux ». Je lui est dit qu'il y a un jeune ivoirien qui travaille avec moi à la Banque Centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), et que s'il ne vient pas avec moi au Gouvernement, je ne pourrai pas accepter le poste. J'étais en ce moment le Gouverneur de la Banque », avait d'emblée confié l'actuel chef de l’État, avant de poursuivre : « Le Président (Houphouët) m'a demandé de qui il s'agissait, et je lui ai répondu qu'il s'appelle Kablan-Duncan. Alors le « Vieux » m'a dit : « Donc viens avec lui alors ? » C'est ainsi que je suis retourné à Dakar pour convaincre mon frère Duncan, qui a été Ministre délégué auprès du Premier ministre chargé de l’Économie, des Finances (du Budget, du Plan, du Commerce et de l'Industrie) durant mon mandat à la Primature, de 1990 à 1993 », a témoigné le président Alassane Ouattara. Cette (re)consécration de Daniel Kablan-Duncan au poste de Premier ministre de Côte d'Ivoire, 12 ans après avoir occupé ce même poste, traduit la fidélité en amitié du chef de l’État. Ouattara et Duncan ont été « collègues » à la BCEAO, puis dans le Gouvernement de l'unique Premier ministre d'Houphouët-Boigny, ensuite dans le « Gouvernement du Golf » pendant la crise postélectorale ; par ailleurs dans les équipes gouvernementales dirigées par Soro Guillaume et Ahoussou Jeannot. Il faut une véritable amitié scellée par la compétence, la confiance réciproque, la complicité entre les deux hommes, la complémentarité et une grande dose de « technocratie » pour « co-gérer » pendant de si longues années les affaires économiques, financières et publiques de l'espace UEMOA et de la Côte d'Ivoire. Comme l'a dit un observateur avisé de la scène politique ivoirienne, « il n'y a pas de génération spontanée en politique ». Le président Alassane Ouattara et son nouveau Premier ministre viennent d'en donner la preuve par quatre.
ANASSE ANASSE
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