S’il y a seulement un an que Laurent Gbagbo croupit dans le pénitencier de la Cour pénale internationale, les Ivoiriens se souviennent qu’il y a deux ans que débutait pour eux, une souffrance sans nulle autre pareille. C’est en effet le 29 novembre que la direction du Front populaire ivoirien (Fpi) d’alors, sous la conduite de Pascal Affi N’Guessan, monte au créneau, pour évoquer les fameuses fraudes au Nord. Il s’ensuit un blocage du processus électoral. La proclamation des résultats du scrutin, l’une des étapes importantes de ce processus, s’enrhume. Les représentants du régime de la refondation à la Commission électorale indépendante (Cei) prennent en otage l’organe électoral. Toutes les tentatives pour les ramener à la raison échouent. Au bout de trois jours de paralysie, Paul Yao-N’Dré, l’ancien président du Conseil constitutionnel, entre en scène. Après qu’il a déclaré avoir dessaisi la Cei de la prérogative de la proclamation des résultats de la présidentielle, il annonce son mentor, Laurent Gbagbo comme le vainqueur du scrutin. Pour réussir ce tour de passe-passe, Paul Yao-N’Dré a annulé les voix de plusieurs milliers d’électeurs du Nord. Une forfaiture qui ne passe pas puisque ce sont les résultats proclamés un jour après ceux de Yao-N’Dré, qui ont été certifiés par les Nations unies et par le représentant du Facilitateur du processus de sortie de crise. La Côte d’Ivoire se retrouve donc avec deux présidents. La communauté internationale qui refuse de cautionner la forfaiture de l’ancien dirigeant ivoirien s’engage alors à aider Alassane Ouattara à restaurer l’autorité de l’Etat. Le bras de fer engagé par Laurent Gbagbo est marqué par une violence inouïe. Comme enragés, les soldats favorables aux refondateurs, appuyés par des miliciens et des mercenaires, terrorisent la population, tuent d’innocentes personnes. La barbarie qui s’achève autour de mai 2011 se solde par près de 3000 morts.
Marc Dossa
Marc Dossa