Un an après son transfèrement à la Cour pénale internationale, nul ne peut dire avec exactitude quand se tiendra l’audience de confirmation des charges contre Laurent Gbagbo.
Laurent Gbagbo veut-il avoir les juges de la Cour pénale internationale à l’usure ? Almamy Diaby, président de collectif de victimes de la crise postélectorale est persuadé que c’est ce qui justifie que l’audience de confirmation des charges contre l’ancien président ivoirien n’a pu se tenir depuis que celui-ci a été transféré à la Cpi. L’amertume d’Almamy Diaby est d’autant plus grande que, dans l’opinion nationale, certains Ivoiriens étaient persuadés que les choses iraient vite, que justice allait être rendue aux victimes du long règne du fondateur du Front populaire ivoirien (Fpi). Erreur. Laurent Gbagbo n’a pas changé. On a vite oublié qu’il a reporté la présidentielle ivoirienne initialement prévue en 2005, à six reprises. Après l’audience de comparution initiale, le 5 décembre 2011, plus rien. Ce sera le jeu du chat et de la souris entre le chef de file de la refondation et les juges de la haute juridiction. C’est à quelques semaines de la tenue de l’audience de confirmation des charges initialement prévue le 18 juin 2012, que l’opinion apprend que Laurent Gbagbo a introduit via ses avocats, une demande de report. La Cpi fait droit à cette requête. Une nouvelle date est arrêtée pour cette audience de confirmation. Il s’agit de la date du 13 août 2012. Elle ne sera pas respectée. Entre-temps, les démarches pour repousser aux calendes grecques la comparution de l’ancien chef de l’Etat ivoirien ne manquent pas. Juste après l’audience de comparution initiale, Laurent Gbagbo, sous le prétexte qu’il est indigent, demande une assistance financière à la Cpi. La haute cour se déclare disposée à avancer quelques fonds à M. Gbagbo pour assurer sa défense. Après, ce sera une demande de remise en liberté. Cette fois, la Cpi dit niet. Loin d’être découragés par ce revers, les avocats de l’ancien chef de l’Etat sortent un autre tour de la besace de leur client : le faire passer pour un malade pas apte à être jugé. Au grand dam des victimes, Laurent Gbagbo vient donc de boucler un an dans le luxueux pénitencier de Scheveningen, sans être jugé. Une situation qui met hors de lui, Diaby Almamy. «Je pense que la Cpi joue avec les Ivoiriens. Si elle ne veut pas juger Laurent Gbagbo, qu’elle nous le ramène, nous saurons quoi en faire», fulmine-t-il, évoquant le sort des victimes qui continuent de porter leur traumatisme. «Il dort tranquillement pendant que les victimes continuent de souffrir. Il y en a qui ont encore des impacts de balle dans le corps. Il y en a qui, à cause de leur traumatisme, n’arrivent même pas à manger», se désole M. Diaby qui ne ménage non plus les autorités ivoiriennes. «Il faut que le président de la République prenne directement en main le dossier des victimes. Il est vrai qu’il ne peut pas tout gérer, mais ses collaborateurs qui sont chargés de s’occuper des victimes sont dans le folklore pour faire croire qu’ils travaillent. Ils foutent le bord… », peste le président de l’Ong Nouvelle vision contre la pauvreté (Nvcp). «Excusez-moi si vous trouvez que mes propos sont trop durs, trop crus mais, la souffrance des victimes me fait profondément souffrir. Il faut faire quelque chose», insiste-t-il.
Marc Dossa
Laurent Gbagbo veut-il avoir les juges de la Cour pénale internationale à l’usure ? Almamy Diaby, président de collectif de victimes de la crise postélectorale est persuadé que c’est ce qui justifie que l’audience de confirmation des charges contre l’ancien président ivoirien n’a pu se tenir depuis que celui-ci a été transféré à la Cpi. L’amertume d’Almamy Diaby est d’autant plus grande que, dans l’opinion nationale, certains Ivoiriens étaient persuadés que les choses iraient vite, que justice allait être rendue aux victimes du long règne du fondateur du Front populaire ivoirien (Fpi). Erreur. Laurent Gbagbo n’a pas changé. On a vite oublié qu’il a reporté la présidentielle ivoirienne initialement prévue en 2005, à six reprises. Après l’audience de comparution initiale, le 5 décembre 2011, plus rien. Ce sera le jeu du chat et de la souris entre le chef de file de la refondation et les juges de la haute juridiction. C’est à quelques semaines de la tenue de l’audience de confirmation des charges initialement prévue le 18 juin 2012, que l’opinion apprend que Laurent Gbagbo a introduit via ses avocats, une demande de report. La Cpi fait droit à cette requête. Une nouvelle date est arrêtée pour cette audience de confirmation. Il s’agit de la date du 13 août 2012. Elle ne sera pas respectée. Entre-temps, les démarches pour repousser aux calendes grecques la comparution de l’ancien chef de l’Etat ivoirien ne manquent pas. Juste après l’audience de comparution initiale, Laurent Gbagbo, sous le prétexte qu’il est indigent, demande une assistance financière à la Cpi. La haute cour se déclare disposée à avancer quelques fonds à M. Gbagbo pour assurer sa défense. Après, ce sera une demande de remise en liberté. Cette fois, la Cpi dit niet. Loin d’être découragés par ce revers, les avocats de l’ancien chef de l’Etat sortent un autre tour de la besace de leur client : le faire passer pour un malade pas apte à être jugé. Au grand dam des victimes, Laurent Gbagbo vient donc de boucler un an dans le luxueux pénitencier de Scheveningen, sans être jugé. Une situation qui met hors de lui, Diaby Almamy. «Je pense que la Cpi joue avec les Ivoiriens. Si elle ne veut pas juger Laurent Gbagbo, qu’elle nous le ramène, nous saurons quoi en faire», fulmine-t-il, évoquant le sort des victimes qui continuent de porter leur traumatisme. «Il dort tranquillement pendant que les victimes continuent de souffrir. Il y en a qui ont encore des impacts de balle dans le corps. Il y en a qui, à cause de leur traumatisme, n’arrivent même pas à manger», se désole M. Diaby qui ne ménage non plus les autorités ivoiriennes. «Il faut que le président de la République prenne directement en main le dossier des victimes. Il est vrai qu’il ne peut pas tout gérer, mais ses collaborateurs qui sont chargés de s’occuper des victimes sont dans le folklore pour faire croire qu’ils travaillent. Ils foutent le bord… », peste le président de l’Ong Nouvelle vision contre la pauvreté (Nvcp). «Excusez-moi si vous trouvez que mes propos sont trop durs, trop crus mais, la souffrance des victimes me fait profondément souffrir. Il faut faire quelque chose», insiste-t-il.
Marc Dossa