Le vendredi dernier, les lampions se sont éteints sur l’historique visite d’Etat du président Alassane Ouattara dans les régions du Gontougo (Bondoukou) et du Bounkany (Bouna). Commencée le 27 novembre dernier, cette visite d’Etat a été un succès total tant du point de vue de la mobilisation populaire que des promesses de développement faites par le Chef de l’Etat. Mais en définitive, que retenir de cette visite ? Que cette région du Nord-Est de notre pays est quelque peu revenue dans la République, le temps d’un passage du président de la République là-bas. En effet, pour que les chefs-lieux de régions de Bondoukou et de Bouna soient à la hauteur de l’événement, des rues ont été bitumées à la hâte, des dépotoirs sauvages, qui faisaient partie du quotidien des populations de ces villes, ont disparu, des bâtiments publics (Préfectures et sous-préfectures notamment) ont été rafraîchis du fait de nouvelles couches de peinture qu’ils ont reçues, des quartiers entiers de ces villes, privés d’eau et d’électricité des décennies durant, ont été reliés aux réseaux nationaux de distribution. Bref, rien de nouveau n’a été fait là-bas que ce qui devait être fait dans le quotidien de ces cités. Des régions du Gontougo et du Bounkany, on ne peut retenir que l’extrême dénuement et la grande pauvreté dans lesquels ces grandes villes du Nord-Est de notre pays vivent. Des grandes villes en marge du développement national. Un de mes amis internautes écrivait sur Facebook que nos compatriotes malades dans ces zones préféraient aller se soigner au Burkina Faso voisin. Outré, il s’insurgeait contre l’absence de cybercafé dans ces villes. Faut-il s’en étonner quand des noms de villes comme Téhini, Doropo, Sandégué, Gouméré, sonnent comme dans le Nord lointain alors que ce Nord de notre pays est en fait le Sud en plein développement de nos voisins du Nord de notre Nord ? De cette visite d’Etat du président Ouattara, 3 choses en vérité sont à retenir. Premièrement, qu’il ya eu trop de villes ou de chefs-lieux de départements ou de régions qui ont été délaissés dans le cadre du programme national de développement de notre pays. Des grandes villes de ce pays, aux noms mythiques comme Boundiali, Odienné, Tengréla, Touba, Tiébissou, Sakassou et que sais-je encore, n’ont de grandeur que leurs noms tant les éléments primaires de développement manquent dans ces villes. Ces villes ne ressemblent à rien quand on foule leur sol. Ruine, pauvreté, parfois même la honte. A qui, ou du moins à quoi, la faute ? Entre le village, la sous-préfecture, la commune, le département, le district et la région maintenant, on ne sait plus quel est le niveau décentralisé de l’administration qui doit impulser le développement dans nos villes. Deuxièmement, loin des discours de circonstance, des promesses, des poses de premières pierres et autres actions républicaines, il importe qu’on mette sur pied de solides comités de suivi des promesses faites au cours de ces visites d’Etat afin que celles-ci soient réalisées effectivement sur le terrain. Tout récemment encore, le président de la République était dans l’Ouest du pays pour une visite d’Etat tout aussi historique que celle du Gontougo et du Bounkany. De nombreuses promesses ont été faites par le Chef de l’Etat. Où en sommes-nous à cette heure dans leurs réalisations effectives et concrètes sur le terrain ? Là aussi, il importe de sortir des sentiers battus de la rhétorique politicienne et du discours populiste. Troisièmement, et cela est à l’honneur du président Ouattara, il importe ici et maintenant d’activer le Plan National de Développement (PND). On ne peut pas continuer de niveler le développement de nos régions uniquement qu’avec les visites d’Etat du Chef de l’Etat. Et pour les villes qui n’auraient pas la chance ou le privilège de recevoir la visite du président de la République, que fera-t-on pour elles ? En attendant, avec cette visite dans le Nord-Est du pays, il importe de préciser que la Côte d’Ivoire, ce sont 322000 Km2 qui couvrent toutes les régions et toutes les villes de ce pays, sans exception. Pas de privilège donc pour certaines villes ou régions au détriment d’autres. Toutes les régions de ce pays doivent se sentir concernées par notre position de 1er producteur mondial de cacao avec 1,3 millions de tonnes par an.
Editorial signé de JMK AHOUSSOU
Editorial signé de JMK AHOUSSOU