Bamako est toujours à la recherche d’une gouvernance stable. Une intervention militaire : risque de catastrophe humanitaire majeure, selon Ban Ki Moon. Comment définit-il la situation actuelle de la population au Nord Mali ? Et la MICEMA : combien de divisions ?
Zizanie à Bamako
L’exigence de mise en ordre dans la maison « Mali », que la communauté internationale avait appelée de ses vœux, est entrain de tourner en eau de boudin. Rappelons que le Groupe International de Suivi et de Contact (GISC) a tenu une réunion importante à Bamako le 18 et 19 octobre dernier. Les partenaires et les bailleurs de fonds ont levé les sanctions financières prises ainsi que l’embargo sur les subventions internationales à la suite du putsch du mois du 22 mars. Moyennant quoi, la société civile malienne doit être incluse dans le processus de sortie de crise. D’où l’idée de l’organisation des concertations nationales. Initialement prévue se tenir le 26 novembre et ce pour une durée de trois jours, elles ont été différées le 11 décembre. Faut-il maintenir ou non les institutions constitutionnelles existantes ? En lieu et place, pourquoi ne pas créer un Haut Comité doté de pouvoirs consultatifs ; une sorte de triumvirat composé du président de la Transition, un officier et une personne issue de la société civile ?
Le climat de suspicion qui mine la classe politique depuis quelques années, exacerbé par le clivage entre pro et anti-putschiste, entrave aujourd’hui le règlement de la crise constitutionnelle. Face aux levées de boucliers des protagonistes comme le Front uni pour la sauvegarde de la Démocratie et la République (FDR), l’Alliance des Démocrates Patriotes (ADP) et la Convergence pour Sauver le Mali (CSM), le gouvernement a choisi d’adopter une position de repli. Le point de discorde se focalise sur deux préalables : les termes de référence de ces assises ; le choix des membres de la commission d’organisation. D’aucuns soupçonnent le staff du premier ministre Cheick Modibo Diarra de vouloir tout régenter.
D’ailleurs, ce dernier lors de son entrevue avec le ministre des Affaires Etrangères Laurent Fabius à Paris, envisagerait de passer en force en cas de remise aux calendes grecques des concertations nationales : l’assemblée nationale. C’est ce qu’il appelle « une solution de sortie par le haut ». De quel droit les parlementaires élus avant la chute du régime peut-il encore légiférer ?
Certes le GISC a exigé une feuille de route claire, condition sine qua non, pour un retour progressif à l’ordre constitutionnel. Mais chambouler les instances de décision au sommet de l’Etat est-il opportun au regard de la situation qui prévaut au Nord ? L’idée d’une élection présidentielle avant une intervention militaire aurait été évoquée par certains protagonistes nationaux. Les américains ne disent pas autre chose. Car selon le général Ham Carter, commandant des Forces Armées en Afrique (AFRICOM) : « un gouvernement légitime et démocratique est un préalable politique à toute intervention militaire ».
Les médiations du Burkina et de l’Algérie
Les bons offices des voisins sont-ils vraiment dénués d’arrière-pensée ? Depuis que l’ONU a voté la résolution 2071 le 12 octobre dernier, actant l’intervention d’une force armée internationale pour reconquérir le Nord Mali, le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA) et Ansar Dine se sont rapprochés des pays voisins pour tenter de trouver une solution négociée. Inédit, le président burkinabé Blaise Compaoré a reçu ensemble une délégation conjointe des deux mouvements touareg à Ouagadougou, le mois de novembre dernier. Ils ont exprimé « leur disponibilité à s’engager résolument dans un processus de dialogue politique ». Et de poursuivre la déclaration en ses termes : « que l’armée malienne s’engage à arrêter toutes formes d’hostilités militaires à l’encontre des populations civiles ». A la suite, du tête-à-tête franco-malien du Quai d’Orsay, la cellule diplomatique de l’Elysée a indiqué que « des contacts préliminaires entre une délégation malienne et le MNLA serait prévu au début du mois de décembre à Ouagadougou ».
Tout récemment, Al-Gabass Ag Intalla, un des responsables d’Ansar Dine affirme qu’une délégation de son groupe a été reçue à Alger pour la recherche d’une solution négociée avec les autorités maliennes. Au cours des discussions, la diplomatie algérienne a demandé à Ansar Dine de faire des concessions. C’est ainsi que ses membres finirent par accepter unilatéralement deux clauses : renoncer à appliquer la charia dans tout le Mali, excepté la région de Kidal ; condamner officiellement les groupes terroristes du Nord Mali.
La position de l’Algérie n’a jamais été claire vis-à-vis de ses voisins et leur minorité touarègue. Les algériens ont toujours soufflé le chaud et le froid. Tout comme les mauritaniens, ils ont armé les touarègues en croyant que ces derniers serviraient de rempart contre AQMI. C’était sans compter un renversement d’alliance grâce à un concours de circonstance exceptionnel : la révolution libyenne. La chute du colonel Kadhafi a provoqué la démobilisation des contingents touaregs, rentrés avec un arsenal d’armes. Pressé par les Etats-Unis et la communauté internationale à participer à la future force d’intervention, le président Abdelaziz Bouteflika essaye de repousser, autant que faire se peut, cette éventualité. AQMI est un avatar de la guerre civile des années 1990 entre les islamistes et l’armée algérienne. Se débarrasser coûte que coûte des djiahdistes quitte à les renvoyer aux confins du désert du Sud, proche de la frontière malienne ; telle est la solution algérienne pour obtenir sa concorde nationale. Surtout que l’Algérie ne voit pas d’un très bon œil une présence occidentale durable dans son arrière-cour.
La majorité des maliens goûtent assez peu ces négociations hors de ses frontières, initiées par des voisins dont les intérêts sont à l’opposé d’un pays qui se considère comme agressé par des mouvements rebelles longtemps entretenus par ceux-là même qui prônent aujourd’hui une solution négociée. La seule solution qui prévaut aujourd’hui à Bamako est l’intervention militaire au Nord Mali. Tant pis si le MNLA et Ansar Dine se sont fourvoyés en pactisant avec le diable ; ils sont maintenant considérés comme des terroristes.
Les laïcs du MNLA chassés par les islamistes
Les touarègues sont aujourd’hui aux abois. Ils se sont rendus compte, hélas mais un peu tard, que les djihadistes se sont servis d’eux comme un cheval de Troie. Dès le mois de juin, le MNLA, regroupant des touaregs laïcs, fut délogé de Gao par AQMI et le MUJAO. Obligé de se replier dans la région de Ménaka, pour se reconstituer, les touarègues ont lancé une contre-offensive, il y a deux semaines. Le mouvement sécessionniste souhaitait évincer les islamistes et reprendre au moins la ville de Gao. Mais il s’est heurté à une farouche résistance des hommes de MUJAO appuyé par les miliciens d’AQMI et même des hommes d’Ansar Dine. Le porte-parole du Mujao, Walid Abu Sahraoui, a annoncé que « dans tout l’Azawad, nous allons poursuivre le MNLA, partout où ils sont encore, nous allons les poursuivre. Nous maîtrisons la situation ». Dernier épisode en date, les islamistes d’Ansar Dine arrivèrent dans la ville de Léré - bourgade de 20.000 habitants située à une cinquantaine de kilomètres de la frontière mauritanienne - tenue par le MNLA. Ils demandèrent aux touarègues de quitter les lieux qui se sont exécutés sans combattre.
Les islamistes ne seront pas prêts de céder ne serait-ce qu’un pouce de leur position. Les katiba (groupes de combat) sont aujourd’hui prêts à affronter les mécréants qui les empêcheront de réaliser leur grand dessein : appliquer la charia dans toutes les régions occupées et mettre en coupe réglée l’économie du Nord Mali. Assurer le contrôle du désert du Sahara est vital pour les djihadistes ; il permettrait de perpétuer les trafics de drogue qui financeront la guerre
L’intervention militaire remise en question
Il existe deux lignes de fracture sur cette opération militaire : d’un côté, les interventionnistes c’est-à-dire la CEDAO et l’Union Africaine (UA) soutenues par la France qui veulent une résolution rapide et les partisans d’une solution négociée ; de l’autre les modérés emmenés par les Etats-Unis, l’Algérie et depuis peu l’ONU.
Les forces ouest-africaines de la MICEMA, seront dirigées par l’ex-chef de la transition guinéenne le Général Sékouba Konaté, chargé par l’UA de piloter l’intervention au Nord Mali. Combien d’hommes disposera-t-il ? Environ 3.300 hommes auxquels s’ajouteront les 5.000 militaires maliens.
Le 15 novembre la France a accueilli une réunion de l’Europe de la Défense composée de ministres des Affaires Etrangères et de la Défense des pays membres. Aucune estimation chiffrée des mesures d’aides concernant l’intervention européenne n’a été divulguée ; les participants se sont contenté de propos lénifiants comme celui du ministre allemand des Affaires Etrangères, tout juste rentré du Mali : « à présent, il faut faire avancer le processus politique au Mali, a-t-il déclaré. Sans un dialogue entre le sud et le nord du Mali, aucune solution ne sera stable et durable ». L’UE ne peut qu’adopter ce genre de posture en tant que récipiendaire du prix Nobel de la paix 2012. Mais sa feuille de route de la mission militaire au Mali est inscrite dans le rapport Concept de Gestion de Crise présenté par Catherine Asthon, la Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. L’UE enverra quelques 500 instructeurs uniquement pour former l’armée malienne.
Du côté américain, le général de l’AFRICOM Carter Ham estime qu’il faut épuiser toutes les solutions politiques négociées avant d’envisager une intervention militaire, qui n’est toutefois pas totalement écartée. Cette position américaine a été affirmée à la suite de la visite de la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton à Alger au mois d’octobre. Les Etats-Unis jugent qu’une opération militaire dans le Nord Mali ne peut se faire sans l’Algérie. Car celle-ci dispose d’une expertise en matière de renseignement et de contre-terrorisme. En creux, le général Carter Ham ne fait pas du tout confiance à la capacité de l’armée malienne et aux forces de la MICEMA pour déloger les islamistes d’AQMI et de MUJAO.
Le Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki Moon vient d’adresser un rapport au Conseil de Sécurité. Il juge que « l’option militaire peut avoir de graves conséquences humanitaires… qu’il risque de ruiner les efforts de dialogue politique avec les touaregs ». Il met également en exergue les questions relatives à la composition, l’équipement et le financement des forces de la MICEMA.
En tout état de cause deux logiques s’affrontent quant au timing de l’intervention militaire au nord Mali. Pierre Buyoya, ancien chef d’Etat burundais aujourd’hui Haut Représentant de l’UA pour le Mali et au Sahel, estime qu’une opération militaire est envisageable au premier trimestre 2013. Tandis que Romano Prodi, l’Envoyé spécial de Ban Ki Moon estime, quant à lui, qu’il n’y aurait pas d’intervention militaire avant le mois de septembre 2013.
ALEX ZAKA
Zizanie à Bamako
L’exigence de mise en ordre dans la maison « Mali », que la communauté internationale avait appelée de ses vœux, est entrain de tourner en eau de boudin. Rappelons que le Groupe International de Suivi et de Contact (GISC) a tenu une réunion importante à Bamako le 18 et 19 octobre dernier. Les partenaires et les bailleurs de fonds ont levé les sanctions financières prises ainsi que l’embargo sur les subventions internationales à la suite du putsch du mois du 22 mars. Moyennant quoi, la société civile malienne doit être incluse dans le processus de sortie de crise. D’où l’idée de l’organisation des concertations nationales. Initialement prévue se tenir le 26 novembre et ce pour une durée de trois jours, elles ont été différées le 11 décembre. Faut-il maintenir ou non les institutions constitutionnelles existantes ? En lieu et place, pourquoi ne pas créer un Haut Comité doté de pouvoirs consultatifs ; une sorte de triumvirat composé du président de la Transition, un officier et une personne issue de la société civile ?
Le climat de suspicion qui mine la classe politique depuis quelques années, exacerbé par le clivage entre pro et anti-putschiste, entrave aujourd’hui le règlement de la crise constitutionnelle. Face aux levées de boucliers des protagonistes comme le Front uni pour la sauvegarde de la Démocratie et la République (FDR), l’Alliance des Démocrates Patriotes (ADP) et la Convergence pour Sauver le Mali (CSM), le gouvernement a choisi d’adopter une position de repli. Le point de discorde se focalise sur deux préalables : les termes de référence de ces assises ; le choix des membres de la commission d’organisation. D’aucuns soupçonnent le staff du premier ministre Cheick Modibo Diarra de vouloir tout régenter.
D’ailleurs, ce dernier lors de son entrevue avec le ministre des Affaires Etrangères Laurent Fabius à Paris, envisagerait de passer en force en cas de remise aux calendes grecques des concertations nationales : l’assemblée nationale. C’est ce qu’il appelle « une solution de sortie par le haut ». De quel droit les parlementaires élus avant la chute du régime peut-il encore légiférer ?
Certes le GISC a exigé une feuille de route claire, condition sine qua non, pour un retour progressif à l’ordre constitutionnel. Mais chambouler les instances de décision au sommet de l’Etat est-il opportun au regard de la situation qui prévaut au Nord ? L’idée d’une élection présidentielle avant une intervention militaire aurait été évoquée par certains protagonistes nationaux. Les américains ne disent pas autre chose. Car selon le général Ham Carter, commandant des Forces Armées en Afrique (AFRICOM) : « un gouvernement légitime et démocratique est un préalable politique à toute intervention militaire ».
Les médiations du Burkina et de l’Algérie
Les bons offices des voisins sont-ils vraiment dénués d’arrière-pensée ? Depuis que l’ONU a voté la résolution 2071 le 12 octobre dernier, actant l’intervention d’une force armée internationale pour reconquérir le Nord Mali, le Mouvement National pour la Libération de l’Azawad (MNLA) et Ansar Dine se sont rapprochés des pays voisins pour tenter de trouver une solution négociée. Inédit, le président burkinabé Blaise Compaoré a reçu ensemble une délégation conjointe des deux mouvements touareg à Ouagadougou, le mois de novembre dernier. Ils ont exprimé « leur disponibilité à s’engager résolument dans un processus de dialogue politique ». Et de poursuivre la déclaration en ses termes : « que l’armée malienne s’engage à arrêter toutes formes d’hostilités militaires à l’encontre des populations civiles ». A la suite, du tête-à-tête franco-malien du Quai d’Orsay, la cellule diplomatique de l’Elysée a indiqué que « des contacts préliminaires entre une délégation malienne et le MNLA serait prévu au début du mois de décembre à Ouagadougou ».
Tout récemment, Al-Gabass Ag Intalla, un des responsables d’Ansar Dine affirme qu’une délégation de son groupe a été reçue à Alger pour la recherche d’une solution négociée avec les autorités maliennes. Au cours des discussions, la diplomatie algérienne a demandé à Ansar Dine de faire des concessions. C’est ainsi que ses membres finirent par accepter unilatéralement deux clauses : renoncer à appliquer la charia dans tout le Mali, excepté la région de Kidal ; condamner officiellement les groupes terroristes du Nord Mali.
La position de l’Algérie n’a jamais été claire vis-à-vis de ses voisins et leur minorité touarègue. Les algériens ont toujours soufflé le chaud et le froid. Tout comme les mauritaniens, ils ont armé les touarègues en croyant que ces derniers serviraient de rempart contre AQMI. C’était sans compter un renversement d’alliance grâce à un concours de circonstance exceptionnel : la révolution libyenne. La chute du colonel Kadhafi a provoqué la démobilisation des contingents touaregs, rentrés avec un arsenal d’armes. Pressé par les Etats-Unis et la communauté internationale à participer à la future force d’intervention, le président Abdelaziz Bouteflika essaye de repousser, autant que faire se peut, cette éventualité. AQMI est un avatar de la guerre civile des années 1990 entre les islamistes et l’armée algérienne. Se débarrasser coûte que coûte des djiahdistes quitte à les renvoyer aux confins du désert du Sud, proche de la frontière malienne ; telle est la solution algérienne pour obtenir sa concorde nationale. Surtout que l’Algérie ne voit pas d’un très bon œil une présence occidentale durable dans son arrière-cour.
La majorité des maliens goûtent assez peu ces négociations hors de ses frontières, initiées par des voisins dont les intérêts sont à l’opposé d’un pays qui se considère comme agressé par des mouvements rebelles longtemps entretenus par ceux-là même qui prônent aujourd’hui une solution négociée. La seule solution qui prévaut aujourd’hui à Bamako est l’intervention militaire au Nord Mali. Tant pis si le MNLA et Ansar Dine se sont fourvoyés en pactisant avec le diable ; ils sont maintenant considérés comme des terroristes.
Les laïcs du MNLA chassés par les islamistes
Les touarègues sont aujourd’hui aux abois. Ils se sont rendus compte, hélas mais un peu tard, que les djihadistes se sont servis d’eux comme un cheval de Troie. Dès le mois de juin, le MNLA, regroupant des touaregs laïcs, fut délogé de Gao par AQMI et le MUJAO. Obligé de se replier dans la région de Ménaka, pour se reconstituer, les touarègues ont lancé une contre-offensive, il y a deux semaines. Le mouvement sécessionniste souhaitait évincer les islamistes et reprendre au moins la ville de Gao. Mais il s’est heurté à une farouche résistance des hommes de MUJAO appuyé par les miliciens d’AQMI et même des hommes d’Ansar Dine. Le porte-parole du Mujao, Walid Abu Sahraoui, a annoncé que « dans tout l’Azawad, nous allons poursuivre le MNLA, partout où ils sont encore, nous allons les poursuivre. Nous maîtrisons la situation ». Dernier épisode en date, les islamistes d’Ansar Dine arrivèrent dans la ville de Léré - bourgade de 20.000 habitants située à une cinquantaine de kilomètres de la frontière mauritanienne - tenue par le MNLA. Ils demandèrent aux touarègues de quitter les lieux qui se sont exécutés sans combattre.
Les islamistes ne seront pas prêts de céder ne serait-ce qu’un pouce de leur position. Les katiba (groupes de combat) sont aujourd’hui prêts à affronter les mécréants qui les empêcheront de réaliser leur grand dessein : appliquer la charia dans toutes les régions occupées et mettre en coupe réglée l’économie du Nord Mali. Assurer le contrôle du désert du Sahara est vital pour les djihadistes ; il permettrait de perpétuer les trafics de drogue qui financeront la guerre
L’intervention militaire remise en question
Il existe deux lignes de fracture sur cette opération militaire : d’un côté, les interventionnistes c’est-à-dire la CEDAO et l’Union Africaine (UA) soutenues par la France qui veulent une résolution rapide et les partisans d’une solution négociée ; de l’autre les modérés emmenés par les Etats-Unis, l’Algérie et depuis peu l’ONU.
Les forces ouest-africaines de la MICEMA, seront dirigées par l’ex-chef de la transition guinéenne le Général Sékouba Konaté, chargé par l’UA de piloter l’intervention au Nord Mali. Combien d’hommes disposera-t-il ? Environ 3.300 hommes auxquels s’ajouteront les 5.000 militaires maliens.
Le 15 novembre la France a accueilli une réunion de l’Europe de la Défense composée de ministres des Affaires Etrangères et de la Défense des pays membres. Aucune estimation chiffrée des mesures d’aides concernant l’intervention européenne n’a été divulguée ; les participants se sont contenté de propos lénifiants comme celui du ministre allemand des Affaires Etrangères, tout juste rentré du Mali : « à présent, il faut faire avancer le processus politique au Mali, a-t-il déclaré. Sans un dialogue entre le sud et le nord du Mali, aucune solution ne sera stable et durable ». L’UE ne peut qu’adopter ce genre de posture en tant que récipiendaire du prix Nobel de la paix 2012. Mais sa feuille de route de la mission militaire au Mali est inscrite dans le rapport Concept de Gestion de Crise présenté par Catherine Asthon, la Haute Représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité. L’UE enverra quelques 500 instructeurs uniquement pour former l’armée malienne.
Du côté américain, le général de l’AFRICOM Carter Ham estime qu’il faut épuiser toutes les solutions politiques négociées avant d’envisager une intervention militaire, qui n’est toutefois pas totalement écartée. Cette position américaine a été affirmée à la suite de la visite de la Secrétaire d’Etat Hillary Clinton à Alger au mois d’octobre. Les Etats-Unis jugent qu’une opération militaire dans le Nord Mali ne peut se faire sans l’Algérie. Car celle-ci dispose d’une expertise en matière de renseignement et de contre-terrorisme. En creux, le général Carter Ham ne fait pas du tout confiance à la capacité de l’armée malienne et aux forces de la MICEMA pour déloger les islamistes d’AQMI et de MUJAO.
Le Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki Moon vient d’adresser un rapport au Conseil de Sécurité. Il juge que « l’option militaire peut avoir de graves conséquences humanitaires… qu’il risque de ruiner les efforts de dialogue politique avec les touaregs ». Il met également en exergue les questions relatives à la composition, l’équipement et le financement des forces de la MICEMA.
En tout état de cause deux logiques s’affrontent quant au timing de l’intervention militaire au nord Mali. Pierre Buyoya, ancien chef d’Etat burundais aujourd’hui Haut Représentant de l’UA pour le Mali et au Sahel, estime qu’une opération militaire est envisageable au premier trimestre 2013. Tandis que Romano Prodi, l’Envoyé spécial de Ban Ki Moon estime, quant à lui, qu’il n’y aurait pas d’intervention militaire avant le mois de septembre 2013.
ALEX ZAKA