Nous sommes retombés, hier, dans le spectre de ce que furent nos campus universitaires par le passé. Mais cette fois-ci, c’est de manière civilisée que les étudiants, membres de plusieurs structures et mouvements syndicaux, ont bruyamment dénoncé les conditions d’apprentissage. «Le départ nouveau tel que clamé par le ministre de l’Enseignement supérieur n’est, en réalité, qu’un leurre dans la pratique», dénoncent-ils. Revenons sur une grogne qui n’a duré qu’1/4 d’heure. Hier, aux environs de 10 h, par petits groupes, des étudiants ont chassé leurs camarades qui faisaient cours pour aller exprimer leur colère à la présidence de l’Université. Certains étudiants que nous avons rencontrés à l’université Houphouët-Boigny ne sont pas passés par quatre chemins pour crier leur amertume «Nous dénonçons le manque de salles de Td, il n’y a pas de laboratoire, pas de toilette, même pour boire de l’eau, on a des difficultés, difficultés pour se restaurer. Les deux restaurants sont à des prix au-delà de nos bourses, la délocalisation du Quai Sotra nous crée des difficultés, notamment pour avoir accès au campus. Nous dénonçons aussi la présence de Frci en armes sur le campus. On nous avait dit que les travaux sont bouclés mais nous constatons encore la présence d’engins lourds, de machines, d’ouvriers et dans un vacarme assourdissant qui nous perturbe énormément». Pour cet autre étudiant toujours sous le sceau de l’anonymat, «le plus grave, c’est qu’on parle de système Lmd mais nous continuons de prendre les cours dans des amphis surchargés, sans climatisation, très souvent, c’est à même le sol que nous prenons cours, il n’y a pas de bibliothèque, quand on sait qu’il nous est nécessaire de nous documenter. On nous a parlé de mise en ligne des cours, rien de tout cela…donc nous voulons que l’opinion sache ce qui se passe ici, trop de choses se disent mais la réalité est tout autre», a-t-il déploré. La présidente de l’Université, qui a échangé avec ces étudiants, dit avoir pris bonne note de tout et a promis que dans un délai très bref, les choses s’amélioreront. Pour rappel, les universités ont été fermées pour 18 mois et leur réhabilitation a coûté la somme de 110 milliards à l’Etat.
Jean Prisca
Jean Prisca