La course est terminée. Les espoirs des partisans du champion des refondateurs, Laurent Gbagbo, écroué à la prison de La Haye, relatifs à une certaine liberté provisoire se sont envolés comme des feuilles mortes à la merci du vent. En effet, au terme des audiences des 11 et 12 décembre derniers sur la compétence de la CPI, à juger l’ex-président d’une part, et sur la requête de mise en liberté provisoire d’autre part, sanctionnées par un rejet catégorique de la Cour pénale internationale, l’équipe d’avocats dirigée par Me Altit Emmanuel chargée de la défense de l’ex-président , a certainement épuisé ses dernières cartouches dans la bataille pour éviter un procès à son client. Deux défaites en deux jours, la note, on peut le dire, a été très salée pour les défenseurs du « machiavel des lagunes ». Et un point final semble être mis sur les gesticulations des avocats afin d’empêcher la procédure d’avancer pour le jugement de l’ex-président. En outre, depuis son transfèrement à La Haye, le 30 novembre 2011, les avocats de l’ancien homme fort d’Abidjan n’ont eu qu’un seul souci : introduire des requêtes pour tenter de piéger la Cour en cas de refus d’acceptation de leurs demandes. Cependant, la CPI très vigilante a joué le jeu jusqu’au bout. Ainsi la défense a beaucoup gesticulé par des requêtes concernant l’état de santé de Laurent Gbagbo, son indigence proclamée par ses avocats, la compétence de la Cour et la mise en liberté provisoire. Sur tous ses points, la CPI a donné libre cours aux débats pour démontrer que Laurent Gbagbo n’était pas poursuivi pour son combat politique en Côte d’Ivoire mais bien pour les crimes commis sous son pouvoir. En outre, la bataille juridique n’a pas été de tous repos tant pour la défense que pour l’accusation. Cependant, le procureur est sorti victorieux avec ses preuves irréfutables à chaque round. Tout est parti de l’argument sur de supposées tortures subies par l’époux de Simone Gbagbo lors de sa détention à Korhogo, avancé par Me Altit et son équipe. Fort de cet argumentaire, les avocats ont sollicité une mise en liberté provisoire de leur client pour disent-ils ‘’lui permettre de récupérer physiquement et moralement». La CPI en réponse a formé une équipe d’experts médicaux pour examiner l’état de santé de Laurent Gbagbo. Le 02 novembre, les médecins publient leur rapport. «La question n'est pas de savoir si M. Gbagbo est actuellement en pleine possession des facultés maximum qu'il avait auparavant, mais si ses capacités actuelles sont suffisantes pour qu'il puisse prendre part aux procédures engagées contre lui», indiquent les experts médicaux dans le document. Mais quant est-il de ses capacités à suivre la procédure? Les experts soulignent qu’il est largement capable. Conséquence : la Chambre préliminaire I de la Cour pénale internationale (CPI) a décidé à l’issue d’une audience tenue en juin dernier que Laurent Gbagbo était apte à participer à la procédure devant la Cour. Cependant, selon la décision des juges, des ajustements pratiques devront être mis en place afin de permettre à Gbagbo de participer à l'audience de confirmation des charges. Ceux-ci, ont-ils précisé, peuvent inclure la tenue d’audiences plus courtes, la mise à disposition d'installations appropriées pour se reposer pendant les pauses, la possibilité pour le suspect de se dispenser de tout ou partie de la procédure, ainsi que de la suivre par liaison vidéo s'il le désirait. Cette bataille perdue, les avocats sont revenus sur leur requête déjà rejetée en aout concernant l’annulation des procédures à l’encontre de Laurent Gbagbo due, selon eux, à l’incompétence de la CPI dans le dossier. Morceaux choisis : ‘’la déclaration de reconnaissance de la CPI signée par la Côte d’Ivoire le 18 avril 2003 ne concernait pas la période pendant laquelle se sont déroulés les faits pour lesquels Laurent Gbagbo est poursuivi devant la CPI’’. Réponse du berger à la bergère. «Le dernier paragraphe de la déclaration de 2003 suggère que la Côte d’Ivoire accepte explicitement la compétence de la CPI en ce qui concerne les crimes qui auraient été commis après la déclaration», a répliqué la juge Usacka. On le voit, Laurent Gbagbo et sa défense ont mordu la poussière sur toute la ligne. Et plus rien ne s’oppose à la tenue de l’audience de confirmation des charges dont la date, selon la CPI, sera connue en février prochain. La course a été certes longue, mais elle est bel et bien finie cette fois. Vraiment Bori-bana. En avant pour la manifestation de la vérité. Elle doit et elle sera sue au grand bonheur des nombreuses victimes de la refondation.
Lacina Ouattara
Lacina Ouattara