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Art et Culture Publié le lundi 24 décembre 2012 | L’intelligent d’Abidjan

Lopou / Fête de Ebêb (Célébration des patriarches) : Un phénomène inhabituel gâche tout

La cérémonie solennelle de Ebêb célébrant les patriarches qui marquait aussi pour l’occasion, le passage de pouvoir exécutif et parlementaire aux Nigbessi s’est déroulée le samedi 22 décembre 2012, dans le village de Lopou, à Dabou, en présence de l’ex- Premier ministre Ahoussou- Kouadio Jeannot et du président de la Cour Suprême, Mamadou Koné. Au cours de la cérémonie sur la place publique du village, à l’église Catholique de Lopou, il s’est produit un incident inhabituel devant toutes les sept générations que compte le village Lopou. La classe d’âge qui accède au pouvoir est surveillée par une génération. C’est ainsi que les N’djrouman (classe d’âge anciennement au pouvoir) qui cèdent le pouvoir au Nigbessi devraient remettre le gage de sécurité du village (Lopou) matérialisé par une machette à leur génération cadette Abrman ne l’a pas fait. «Les N’djrouman qui devaient remettre la machette qui matérialise la sécurité du village a refusé de le faire parce qu’ils estiment que leur cadet, les Abrman, leur ont manqué de respect. Pour cela, les N’djrouman les ont amendés. Ils ont sommé de leur payer une somme de deux cent mille francs CFA», a clarifié le président du Comité d’organisation, Akpa François. Une telle décision qui n’était pas du goût des Abrman (la génération amendée) qui ont aussitôt pris d’assaut la place de la cérémonie. Assis à même le sol, les membres de la génération Abrman – vêtus de tee-shirts avec un slogan ‘’Abrman, changement absolu’’ - entendaient ainsi protester contre leurs aînés (les N’djrouman). Ce quiproquo a amené les organisateurs à mettre fin de façon prématurée à la cérémonie. Approché, le meneur de la fronde se défend. «Les N’djrouman refusent de nous donner la machette. Ils nous imposent de payer une amende de cent mille cents francs CFA. Dans la loi fondamentale Adjoukrou, cela n’existe pas. Il n’y a qu’une somme significative d’argent à payer comme amende et deux bouteilles de liqueur à offrir. Nous ne sommes pas là pour un coup d’Etat, mais plutôt pour une démocratie villageoise. Nous allons rester ici. Si nos parents ne décident pas de cohabiter avec nous, nous allons rester sur les lieux de la cérémonie pour obtenir notre pouvoir. La tradition nous oblige à prendre la machette», a déclaré Essi Michaël, membre de la génération Abrman Nkongba (aîné de la classe des Abrman). Le parrain de la cérémonie Ebêb de Lopou, l’ex-Premier ministre, Jeannot Ahoussou-Kouadio, s’est réjoui du jeu démocratique en pays Adjoukrou dont il a été l’un des principaux témoins. «Nous pouvons nous réjouir qu’il ait dans nos traditions des principes démocratiques qui montrent que nous les Africains avons des systèmes de gouvernance qui sont des modèles de démocratie universelle», a commenté l’ancien Premier ministre, qui a dit être venu de Vienne en Autriche pour assister à ladite cérémonie. La fête de Ebêb marque le départ à la retraite de la génération N’djrouman qui a dirigé le village pendant un cycle de huit ans (8) et le passage de pouvoir à la génération Nigbessi. Ces anciens sont âgés pour la plupart, de plus de soixante-cinq (75) ans. Chaque famille célèbre à cet effet, ses patriarches qui sont appelés ‘’Ebêbou’’. Qui sont chargés de la gestion exécutive et législative du village de Lopou. Après avoir remis les attributs du pouvoir (canne, le chapeau, le chasse-mouche et le pagne), Milowel Lasme Clément de la génération Nigbessi est désormais le chef du village de Lopou.

Patrick Krou
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