Au delà d’une simple célébration, l’Abyssa représente un véritable symbole pour le peuple N’Zima et son roi. L’édition 2012, avec tous ses différents rituels a permis aux festivaliers et simples curieux de mesurer toute la dimension de cette fête. Une fête qui cache très bien l’identité réelle d’une population. Ce sont le carrefour (Nwonda) et l’estrade (Kpoda).
Si le carrefour (Nwonda), selon le Pr Agbroffi, sociologue par ailleurs, fils de la région signifie « pardon, assouplissement des positions inconciliables et irréconciliables, de hauteur d’esprit », l’estrade (Kpoda), lui a ses définir comme « transformation de l’unique, du pouvoir sans partage, de la force, de l’autorité s’exerçant sans contrôle, ni opposition exprimée, en leurs contraires ». Ce sont « le partage du pouvoir, le contrôle de l’exercice de l’autorité, la limitation du pouvoir par les critiques sociales et politiques acceptées, la transformation du tyran, du dictateur, de l’autocrate, du despote, du faible en démocratique ». Le tout vu comme institution sociale et politique de grande envergure démocrate. Par sa construction à un carrefour, l’estrade sur laquelle se placent les tambours, selon l’auteur de “L’Abyssa, est l’ordre social et politique chez les Nzima’’ . Elle leur donne des ouvertures de pistes démocratiques.
Quand le colonisateur s’allie à la pratique et à la vision
Le carrefour est pour les Nzima « la croisée des chemins, le centre d’un monde meilleur, l’acceptation d’autrui dans ses différences qui constituent un miroir, une révélation de soi et à travers autrui, la formation du jugement, le développement du goût et de l’efficacité de soi, fait à partir des ses propres faiblesses, le perfectionnement des connaissances, l’amélioration du style de vie, la formation d’une personnalité lus apte au contrôle des soi ». Toutes ces qualités sont comme des voies, des pistes qui conduisent de l’aisance démocrate. Le carrefour est vu comme le lieu de transformation de soi dans l’anonymat. C’est l’endroit où le négatif devient le positif, le faible, le fort, l’accablé, le triomphateur de l’adversité, le mal, le bien. En dehors de l’estrade, l’autre mouvement essentiel à constater, est celui qui se fait dans le sens du Sud (Nyakè) vers Nord (Solo) et vis versa. L’estrade est donc une machine sociale et politique à deux tours simultanés. S’agissant du premier tour, il importe que l’Est symbolise « le soleil levant, le levant, la vie, le neuf, la naissance du jour, et tout commencement bienheureux ». L’Ouest qui est son contraire, représente « la mort, la fin, le néant, le négatif ». Les deux points cardinaux évoquent le combat de la vie contre la mort et vis versa. Les faiblesses, les critiques non corrigées peuvent conduire à l’Ouest. Lorsqu’elles ont été acceptées et corrigées, elles placent les personnes visées sur le chemin de l’Est et de la vie, et de leurs qualités multiples. Concernant le deuxième tour, celui qui s’effectue dans le Nord Sud et vice versa, il symbolise « la permanence de la vie, la vie jaillissante des zones arides du Nord, évocatrice d’une mort génératrice ». Cette permanence est exprimée à travers les sources des cours et l’eau coulant du Nord sec vers le sud humide. Il s’agit de la vie ordinaire et de celle que symbolisent le roi et les chefs de village. Cette symbolisation est une invitation au changement. Cela posé, les Nzima de Grand-Bassam, installent, à la place de l’Abyssa, leur roi, du côté nord, le dos tourné vers le Nord, et le regard vers le Sud. C’est un positionnement stratégique et démocratique qui évoque et symbolise à la fois, la vie et la source de la plupart des cours d’eau. L’estrade et sa borne, ainsi que le groupe de poètes-chanteurs qui effectuent la critique sociale et politique, perche de raphia à la main gauche, en imitant les mouvements des vagues, se situent tous du côté sud et symbolise ce point cardinal qui représente le réservoir intarissable d’eau, et dont également la source de la vie.
Le sens caché des différentes positions du roi
Les deux points cardinaux sont l’expression d’une complémentarité enrichissante, en matière de démocratie symbolisée. C’est entre autre, l’expression selon laquelle, le chef et le roi sont des gouvernants. Le roi et les chefs symbolisent l’ordre, les êtres qui effectuent la critique sont ceux sans lesquels, l’ordre est impossible. Nul ne peut être chef, ni roi s’il n’a une maîtrise de lui-même devant la critique et tout ce qui peut le conduire à l’évènement. Chez les Nzima, on ne devient chef, roi que si l’on a une maîtrise de soi. Aussi, l’Abyssa, à travers ses critiques diverses, est-elle une constitution pour tester cette maîtrise de soi. La symbolique du Nord-Sud, c’est le respect mutuel et la complémentarité entre gouvernants et gouvernés dans l’exercice du pouvoir et de l’autorité. Chez les Nzima, il n’y a rien de plus insignifiant que les matières fécales (ebili). Cependant, symbolisant le caractère acerbe des critiques sociales et politiques, ces matières fécales revêtent des valeurs que témoignent encore, aujourd’hui, les recherches sur la copolalie(la consommation de matières fécales), l’encoprésie(la défection involontaire montre bien, jusqu’où sont allés les Nzima , dans la pratique bien pointue de la Démocratie. Les Nzima, selon Pr. Agbroffi, qui se sont installés plus loin de la frontière ivoiro-ghanéenne, plus précisément à partir de Moamin, ont assigné à leur système politique, des avancées décisives, en matière de Démocratie, au sens plénier du terme. Deux cas majeurs ont été abordés demanière approfondie dans la présentation des Nzima. Le premier cas concerne le libre choix des gouvernements dans l’organisation des villages et villes, et dans celle du gouvernement de toute la communauté Nzima, fait avant 2004 dans la localité de Grand-Bassam, d’autre part. Le deuxième cas, est la marque de Démocratie imprimée à l’Abyssa par une organisation particulière et pointue. C’est le cas du carrefour, érigé en une véritable institution sociale et politique. C’est aussi le respect des sens et significations des points cardinaux, dans le processus de l’accroissement de la pratique de la démocratie.
Réalisée par JULES CESAR
Si le carrefour (Nwonda), selon le Pr Agbroffi, sociologue par ailleurs, fils de la région signifie « pardon, assouplissement des positions inconciliables et irréconciliables, de hauteur d’esprit », l’estrade (Kpoda), lui a ses définir comme « transformation de l’unique, du pouvoir sans partage, de la force, de l’autorité s’exerçant sans contrôle, ni opposition exprimée, en leurs contraires ». Ce sont « le partage du pouvoir, le contrôle de l’exercice de l’autorité, la limitation du pouvoir par les critiques sociales et politiques acceptées, la transformation du tyran, du dictateur, de l’autocrate, du despote, du faible en démocratique ». Le tout vu comme institution sociale et politique de grande envergure démocrate. Par sa construction à un carrefour, l’estrade sur laquelle se placent les tambours, selon l’auteur de “L’Abyssa, est l’ordre social et politique chez les Nzima’’ . Elle leur donne des ouvertures de pistes démocratiques.
Quand le colonisateur s’allie à la pratique et à la vision
Le carrefour est pour les Nzima « la croisée des chemins, le centre d’un monde meilleur, l’acceptation d’autrui dans ses différences qui constituent un miroir, une révélation de soi et à travers autrui, la formation du jugement, le développement du goût et de l’efficacité de soi, fait à partir des ses propres faiblesses, le perfectionnement des connaissances, l’amélioration du style de vie, la formation d’une personnalité lus apte au contrôle des soi ». Toutes ces qualités sont comme des voies, des pistes qui conduisent de l’aisance démocrate. Le carrefour est vu comme le lieu de transformation de soi dans l’anonymat. C’est l’endroit où le négatif devient le positif, le faible, le fort, l’accablé, le triomphateur de l’adversité, le mal, le bien. En dehors de l’estrade, l’autre mouvement essentiel à constater, est celui qui se fait dans le sens du Sud (Nyakè) vers Nord (Solo) et vis versa. L’estrade est donc une machine sociale et politique à deux tours simultanés. S’agissant du premier tour, il importe que l’Est symbolise « le soleil levant, le levant, la vie, le neuf, la naissance du jour, et tout commencement bienheureux ». L’Ouest qui est son contraire, représente « la mort, la fin, le néant, le négatif ». Les deux points cardinaux évoquent le combat de la vie contre la mort et vis versa. Les faiblesses, les critiques non corrigées peuvent conduire à l’Ouest. Lorsqu’elles ont été acceptées et corrigées, elles placent les personnes visées sur le chemin de l’Est et de la vie, et de leurs qualités multiples. Concernant le deuxième tour, celui qui s’effectue dans le Nord Sud et vice versa, il symbolise « la permanence de la vie, la vie jaillissante des zones arides du Nord, évocatrice d’une mort génératrice ». Cette permanence est exprimée à travers les sources des cours et l’eau coulant du Nord sec vers le sud humide. Il s’agit de la vie ordinaire et de celle que symbolisent le roi et les chefs de village. Cette symbolisation est une invitation au changement. Cela posé, les Nzima de Grand-Bassam, installent, à la place de l’Abyssa, leur roi, du côté nord, le dos tourné vers le Nord, et le regard vers le Sud. C’est un positionnement stratégique et démocratique qui évoque et symbolise à la fois, la vie et la source de la plupart des cours d’eau. L’estrade et sa borne, ainsi que le groupe de poètes-chanteurs qui effectuent la critique sociale et politique, perche de raphia à la main gauche, en imitant les mouvements des vagues, se situent tous du côté sud et symbolise ce point cardinal qui représente le réservoir intarissable d’eau, et dont également la source de la vie.
Le sens caché des différentes positions du roi
Les deux points cardinaux sont l’expression d’une complémentarité enrichissante, en matière de démocratie symbolisée. C’est entre autre, l’expression selon laquelle, le chef et le roi sont des gouvernants. Le roi et les chefs symbolisent l’ordre, les êtres qui effectuent la critique sont ceux sans lesquels, l’ordre est impossible. Nul ne peut être chef, ni roi s’il n’a une maîtrise de lui-même devant la critique et tout ce qui peut le conduire à l’évènement. Chez les Nzima, on ne devient chef, roi que si l’on a une maîtrise de soi. Aussi, l’Abyssa, à travers ses critiques diverses, est-elle une constitution pour tester cette maîtrise de soi. La symbolique du Nord-Sud, c’est le respect mutuel et la complémentarité entre gouvernants et gouvernés dans l’exercice du pouvoir et de l’autorité. Chez les Nzima, il n’y a rien de plus insignifiant que les matières fécales (ebili). Cependant, symbolisant le caractère acerbe des critiques sociales et politiques, ces matières fécales revêtent des valeurs que témoignent encore, aujourd’hui, les recherches sur la copolalie(la consommation de matières fécales), l’encoprésie(la défection involontaire montre bien, jusqu’où sont allés les Nzima , dans la pratique bien pointue de la Démocratie. Les Nzima, selon Pr. Agbroffi, qui se sont installés plus loin de la frontière ivoiro-ghanéenne, plus précisément à partir de Moamin, ont assigné à leur système politique, des avancées décisives, en matière de Démocratie, au sens plénier du terme. Deux cas majeurs ont été abordés demanière approfondie dans la présentation des Nzima. Le premier cas concerne le libre choix des gouvernements dans l’organisation des villages et villes, et dans celle du gouvernement de toute la communauté Nzima, fait avant 2004 dans la localité de Grand-Bassam, d’autre part. Le deuxième cas, est la marque de Démocratie imprimée à l’Abyssa par une organisation particulière et pointue. C’est le cas du carrefour, érigé en une véritable institution sociale et politique. C’est aussi le respect des sens et significations des points cardinaux, dans le processus de l’accroissement de la pratique de la démocratie.
Réalisée par JULES CESAR