L’ampleur des arrestations tous azimuts qui ont suivi la prétendue attaque d’Agban n’a pas laissé beaucoup d’observateurs indifférents. Le Nouveau Courrier a enquêté sur l’enchaînement des événements depuis le 23 décembre dernier.
Le 27 décembre 2012, alors en service au sein de la brigade de gendarmerie de M’Bahiakro où il exerce depuis plus d’un an, le Mdl/C Assandi Valery Ghislain est convoqué au secrétariat du commandant supérieur adjoint de la gendarmerie, le colonel-major Vako Bamba. Le jour suivant, il répond à la convocation. Le patron des lieux qui le reçoit l’accule de questions notamment au sujet du «poste précédent» où le gendarme a servi avant son affectation à M’Bahiakro. Lorsqu’il répond qu’il venait du Groupement d’escadron blindé (Geb-Gn) d’Agban où il a servi 12 ans durant et vu se succéder différents commandants d’unité dont le commandant Abéhi, Assandi est conduit à la brigade de recherche par le lieutenant Sanfo Dramane sans avoir été informé sur les raisons de cet harcèlement, surtout que son téléphone portable vient de lui être confisqué.
Après avoir été soumis à des auditions en ce lieu, il sera transféré au camp Agban, aux environs de 20 heures, par le lieutenant Sanfo Dramane, l’adjudant Gnabro et le Mdl/C N’Drin qui lui refuse l’autorisation d’alerter sa famille restée à M’Bahiakro et de lui transférer la moindre somme d’argent pour lui permettre de subvenir à ses besoins le temps que prenne fin cette «prise d’otage» qu’il croyait brève.
A Agban, il croise plusieurs autres détenus arrêtés dans le cadre de cette même affaire, parmi lesquels se trouve le Mdl/C Kla Guiraud Félix Clark, présenté par le commissaire du gouvernement comme le cerveau de la prétendue attaque. Du procès-verbal de l’audition de ce gendarme, auquel Le Nouveau Courrier a eu accès, il ressort que le dimanche 23 décembre dernier, après le culte à la mission évangélique «La Résurrection» sise à Vridi-cité, il est rentré chez lui autour de 14h. Après son déjeuner et compte tenu d’une migraine subite, il a dû s’aliter jusqu’à 17h. C’est autour de 18h qu’un jeune homme de son bâtiment à Agban arrive à son domicile pour lui dire qu’un collègue souhaiterait qu’il le rejoigne au rez-de-chaussée de son immeuble. Alors qu’il demande que le solliciteur le rejoigne plutôt au 3ème étage où se trouve son appartement, trois gendarmes dont deux en armes pointent leur nez. Ils lui intiment l’ordre de les suivre au poste de police. Une fois sur les lieux, le Mdl/C Kla Guiraud Valery Ghislain est aussitôt mis aux arrêts. Depuis son arrestation, les membres de sa famille ne cessent de faire l’objet de menaces de la part de sa hiérarchie. Son fils Guiraud Romuald, 16 ans, en classe de 1ère, a été enlevé le samedi 5 janvier dernier à 20h à son domicile par le Mdl Tiédé Dimitri et cinq autres éléments pour être conduit à la Direction de la surveillance du territoire (Dst). Il y a subi un interrogatoire avant d’être ramené au domicile familial à 1 heure du matin. La somme de 5 000 FCFA lui a été remise pour servir de frais de transport afin qu’il réponde présent dans les locaux de la DST – la convocation était pour hier dimanche avant 8h – s’il veut s’en sortir sain et sauf de l’affaire pour laquelle son père est écroué.
Toujours samedi dernier, un peu plus tard dans la nuit, le Mdl Galea Gnahoré Sylvain arrive à la DST. Une source proche du dossier a rapporté le témoignage du Mdl Galéa Gnahoré au Nouveau Courrier. «Le mardi 25 décembre 2012, j’ai été arrêté chez moi aux environs de 5h du matin sur indication, selon mes ravisseurs, d’un certain Zago Yves alias «Marie Claire», et j’ai été déporté au sous-sol de la préfecture de police. Chaque nuit, dans le souci de m’arracher des aveux, on m’enlève et on me torture. Mes ravisseurs voulaient que je reconnaisse mon implication dans l’attaque de l’escadron 2/1. L’intensité des tortures étaient telles que j’ai reconnu les faits pour épargner ma vie», a-t-il révélé.
Les Mdl Guébo Aimé, Kassi Aka Justin, Karambéa Georges n’ont pas été épargnés. Dans la journée du dimanche 23 décembre dernier, entre 13 heures et 14 heures, selon le rapport de leurs collègues de service, trois individus non identifiés ont surpris le «piquet». Se faisant passer pour des visiteurs, ils ont été neutralisés par les éléments du piquet qui les ont déférés dans les locaux disciplinaires aux environs de 21h. Quelques minutes plus tard, les Mdl Guébo Aimé, Kassi Aka Justin, Karambéa Georges sont appelés individuellement de leur domicile par le commandant d’unité à minuit. Celui-ci déclare à ses éléments que le commandant supérieur de la gendarmerie exige de lui leur mise en garde à vue pour nécessité d’enquête concernant la prétendue attaque qui a eu lieu dans la journée. Ils seront donc mis aux arrêts dans le violon du camp Agban où ils seront auditionnés par la brigade de recherche pendant quatre jours.
Le Mdl Assabou Atsé Paulin, en service à la brigade de sécurité de Yopougon a connu, quant à lui, un cas atypique. Il fait la connaissance de deux jeunes. Le premier a eu maille à partir avec lui au cours d’une patrouille. Le second est électricien. Ce dernier, qui le dépanne occasionnellement, lui demande un prêt de 10.000 FCFA à rembourser dès le lendemain. Dans la nuit du 24 au 25 décembre 2012, alors qu’il est en mission de sécurisation sur l’autoroute du nord, il est joint à 4h du matin par l’électricien qui lui demande sa position. Le Mdl Assabou indique qu’il est précisément à Attinguié. A 5h, son commandant d’unité rappelle l’équipage au corridor de Gesco où il l’attend. Arrivé sur les lieux, le Mdl Assabou Atsé Paulin découvre deux équipages de la police nationale et un véhicule aux vitres teintées dans lequel se trouvent le jeune qui a joint le gendarme quelques minutes plus tôt et celui dont il avait fait la connaissance au cours d’une patrouille. Ces individus disent reconnaître Assabou Atsé Paulin comme l’une des personnes armées qui participent aux attaques des camps à Abidjan. A peine ont-ils fini de parler que le lieutenant-colonel Kouyaté empoigne son subalterne pour le gifler et ensuite le menotter. Il est conduit à la préfecture de police.
Fred Mélèdje, qui se trouvait à Agban lors des événements, a été également mis aux arrêts par les hommes du commandant Gervais Kouassi. Il ressort de son audition qu’il avait rendez-vous, ce dimanche 23 décembre, avec un proche exerçant à Agban. Celui-ci lui avait promis de l’argent pour les fêtes de fin d’année. «Je suis entré dans le camp par la voie normale, je me suis fait enregistrer au poste de police, ils (les gendarmes) détiennent ma carte nationale d’identité et ont le nom du gendarme que je suis allé rencontrer», rapporte Fred Mélèdje, précisant que des propositions de grosses sommes d’argent et de voyage en Europe lui ont été faites pour citer des noms qui lui ont été dictés. Il s’agissait de donner des arguments aux «sécurocrates» du régime Ouattara pour la mise aux arrêts de ces personnes. Refusant de mordre à l’appât, Fred Mélèdje a été gardé par ses ravisseurs qui l’ont présenté à un juge d’instruction. C’est au parquet, selon son témoignage, qu’il apprendra qu’il a tué, pillé des magasins, dressé des barrages d’auto-défense sous le régime Gbagbo, est en contact avec des personnalités en exil dans le but de déstabiliser le pouvoir d’Alassane Ouattara, fait partie des assaillants qui attaquent les positions des Frci. «Pourtant je ne sais même pas utiliser un pistolet», a-t-il confié.
Toutes ces personnes arrêtées à la suite de l’attaque de l’escadron de Yopogoun et de la prétendue déstabilisation du camp Agban ont en commun le bâtiment C de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Après 3 jours pour certains et 4 jours pour d’autres au camp Agban, ils ont été transférés à la Direction de la surveillance du territoire, dans des endroits tenus secrets, à la préfecture de police, où des méthodes de torture, selon le témoignage de leurs proches, leur ont été appliquées pour leur arracher des aveux.
Maintenus en captivité en ces lieux pendant de nombreux jours – au-delà d’une semaine – ils seront déférés à la Maca, après avoir été accusés d’atteinte à la sûreté de l’Etat, d’atteinte à la défense nationale, etc…
Le commandant en second du nouveau camp d’Akouédo déféré à la MACA
Le commandant en second du nouveau camp d’Akouédo a été déféré à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), hier dimanche 6 janvier. Il s’agit d’Atto Thibault Judicaël, détenu depuis le 10 août dernier à la Direction de la surveillance du territoire. Torturé par des agents de cette police du régime Ouattara, le commandant Atto est arrivé très mal en point dans la plus grande prison du pays. Il a été directement conduit au blindé du bâtiment C à la Maca.
L’ex-commandant en second du nouveau camp d’Akouédo est poursuivi pour «atteinte à la défense nationale».
Dans la nuit du 5 au 6 août 2012, le nouveau camp d’Akouédo avait subi la furia, selon des informations divulguées par le pouvoir, d’assaillants non identifiés. L’attaque, qui a fait 5 morts, avait occasionné de nombreuses arrestations dont celle du commandant Atto. Tenu loin de ses proches et torturé à la Dst durant plus de 5 mois, il retrouve certains de ses éléments emprisonnés par le régime Ouattara.
Le frère de Simone Gbagbo déféré à la MACA
Enlevé et détenu au secret à la Direction de la surveillance du territoire (Dst) depuis 3 mois, le petit frère de Simone Gbagbo a été déféré à la Maca le 4 janvier dernier.
Simon Pierre Ehivet avait été enlevé à son domicile par des hommes en civil, et enfermé à la Direction de la surveillance du territoire (Dst) à Abidjan. Le prétexte est qu’il est impliqué dans les attaques d'hommes armés à Bonoua. L'arrestation de Simon Pierre Ehivet est survenue au lendemain de la publication d’un article, par le quotidien français Libération - sous la plume de Maria Malagardis, où il est nommément cité. La journaliste y avait écrit : «On pourrait croire qu’elle a sombré dans l’oubli. Mais à Moossou, le souvenir de la «première dame» hante encore les esprits. «Elle reste populaire. Pourtant, on ne peut pas le dire publiquement. Nous vivons des temps incertains», confie un homme de haute stature dans le petit bar de la bourgade. Il est accompagné de sa femme qui gardera longtemps le visage fermé. Elle était la gouvernante de Simone Gbagbo. L’homme qu’elle a épousé frappe d’emblée par une ressemblance physique troublante. Même silhouette, même visage : c’est Simon-Pierre, le frère cadet de Simone Gbagbo. Autour d’eux, les autres inconnus finissent par s’identifier à leur tour : il y a Paul, un autre frère de Simone, et aussi une sœur, et encore un ou deux neveux.» La journaliste avait-elle exposé son interlocuteur en divulguant son nom dans un article publié au sujet d'un pays qu'elle sait être un pays où la torture et les arrestations arbitraires sont légion ?
Avec la présence de Simon Pierre dans cette célèbre prison du pays, le nombre de prisonniers politiques du régime Ouattara qui y sont détenus s’élève, au moment où nous mettions sous presse, à 300 personnes dont 80 éléments des Frci, de la police et de la gendarmerie.
St-C.O
liste des personnes déférées à la maca depuis le 31 décembre 2012
Corps habillés
1 – Mdl/Chef Assandi Valery Ghislain
2 – Mdl/C Kla Guiraud Félix Clark
3 – Mdl Karambea Georges
4 – Mdl Guébo Lidéilly
5 – Mdl Konan N’Goran Désiré
6 – Mdl Assagou Atsé Paulin
7 – Mdl Galéa Gnahoré Sylvain
8 – Mea Kouassi Thibault
9 – Mdl Kassi Aka Justin
10 – Gnamien Oppa Pierre
11 – Mdl Aguia Kéké Sylvanice
12 – Mdl Yayo Daba Loba Octave
13 – Sgt de police Zorougnon Cyprien
14 – Caporal Dépié Gnoleba Marius
15 – Caporal Gnamia Godé Joseph
Civils
1 – Doffou Doffou Privat
2 – Agness Mélèdje Fred
3 – Assalé Amon Jaubert
4 – Djyby Tatchi Prosper
5 – Amari Nomel Sosthène Aubin
6 – Mey Adobi Philippe
7 – Bléka Oble Claude
8 – Dépié Gnoléba Marius
9 – Agnimel Gnagne Jean-Marc
10 – Gnago Dido Christian
11 – Tah Bi Modeste
12 – Gnakalé Louis Armel
13 – Yéhé Gloadé Wili
14 – Péhé Dédjognon Toussaint
15 – Aka Boro Eugène
16 – Tah Patrick Hervé
St-C.O
Le 27 décembre 2012, alors en service au sein de la brigade de gendarmerie de M’Bahiakro où il exerce depuis plus d’un an, le Mdl/C Assandi Valery Ghislain est convoqué au secrétariat du commandant supérieur adjoint de la gendarmerie, le colonel-major Vako Bamba. Le jour suivant, il répond à la convocation. Le patron des lieux qui le reçoit l’accule de questions notamment au sujet du «poste précédent» où le gendarme a servi avant son affectation à M’Bahiakro. Lorsqu’il répond qu’il venait du Groupement d’escadron blindé (Geb-Gn) d’Agban où il a servi 12 ans durant et vu se succéder différents commandants d’unité dont le commandant Abéhi, Assandi est conduit à la brigade de recherche par le lieutenant Sanfo Dramane sans avoir été informé sur les raisons de cet harcèlement, surtout que son téléphone portable vient de lui être confisqué.
Après avoir été soumis à des auditions en ce lieu, il sera transféré au camp Agban, aux environs de 20 heures, par le lieutenant Sanfo Dramane, l’adjudant Gnabro et le Mdl/C N’Drin qui lui refuse l’autorisation d’alerter sa famille restée à M’Bahiakro et de lui transférer la moindre somme d’argent pour lui permettre de subvenir à ses besoins le temps que prenne fin cette «prise d’otage» qu’il croyait brève.
A Agban, il croise plusieurs autres détenus arrêtés dans le cadre de cette même affaire, parmi lesquels se trouve le Mdl/C Kla Guiraud Félix Clark, présenté par le commissaire du gouvernement comme le cerveau de la prétendue attaque. Du procès-verbal de l’audition de ce gendarme, auquel Le Nouveau Courrier a eu accès, il ressort que le dimanche 23 décembre dernier, après le culte à la mission évangélique «La Résurrection» sise à Vridi-cité, il est rentré chez lui autour de 14h. Après son déjeuner et compte tenu d’une migraine subite, il a dû s’aliter jusqu’à 17h. C’est autour de 18h qu’un jeune homme de son bâtiment à Agban arrive à son domicile pour lui dire qu’un collègue souhaiterait qu’il le rejoigne au rez-de-chaussée de son immeuble. Alors qu’il demande que le solliciteur le rejoigne plutôt au 3ème étage où se trouve son appartement, trois gendarmes dont deux en armes pointent leur nez. Ils lui intiment l’ordre de les suivre au poste de police. Une fois sur les lieux, le Mdl/C Kla Guiraud Valery Ghislain est aussitôt mis aux arrêts. Depuis son arrestation, les membres de sa famille ne cessent de faire l’objet de menaces de la part de sa hiérarchie. Son fils Guiraud Romuald, 16 ans, en classe de 1ère, a été enlevé le samedi 5 janvier dernier à 20h à son domicile par le Mdl Tiédé Dimitri et cinq autres éléments pour être conduit à la Direction de la surveillance du territoire (Dst). Il y a subi un interrogatoire avant d’être ramené au domicile familial à 1 heure du matin. La somme de 5 000 FCFA lui a été remise pour servir de frais de transport afin qu’il réponde présent dans les locaux de la DST – la convocation était pour hier dimanche avant 8h – s’il veut s’en sortir sain et sauf de l’affaire pour laquelle son père est écroué.
Toujours samedi dernier, un peu plus tard dans la nuit, le Mdl Galea Gnahoré Sylvain arrive à la DST. Une source proche du dossier a rapporté le témoignage du Mdl Galéa Gnahoré au Nouveau Courrier. «Le mardi 25 décembre 2012, j’ai été arrêté chez moi aux environs de 5h du matin sur indication, selon mes ravisseurs, d’un certain Zago Yves alias «Marie Claire», et j’ai été déporté au sous-sol de la préfecture de police. Chaque nuit, dans le souci de m’arracher des aveux, on m’enlève et on me torture. Mes ravisseurs voulaient que je reconnaisse mon implication dans l’attaque de l’escadron 2/1. L’intensité des tortures étaient telles que j’ai reconnu les faits pour épargner ma vie», a-t-il révélé.
Les Mdl Guébo Aimé, Kassi Aka Justin, Karambéa Georges n’ont pas été épargnés. Dans la journée du dimanche 23 décembre dernier, entre 13 heures et 14 heures, selon le rapport de leurs collègues de service, trois individus non identifiés ont surpris le «piquet». Se faisant passer pour des visiteurs, ils ont été neutralisés par les éléments du piquet qui les ont déférés dans les locaux disciplinaires aux environs de 21h. Quelques minutes plus tard, les Mdl Guébo Aimé, Kassi Aka Justin, Karambéa Georges sont appelés individuellement de leur domicile par le commandant d’unité à minuit. Celui-ci déclare à ses éléments que le commandant supérieur de la gendarmerie exige de lui leur mise en garde à vue pour nécessité d’enquête concernant la prétendue attaque qui a eu lieu dans la journée. Ils seront donc mis aux arrêts dans le violon du camp Agban où ils seront auditionnés par la brigade de recherche pendant quatre jours.
Le Mdl Assabou Atsé Paulin, en service à la brigade de sécurité de Yopougon a connu, quant à lui, un cas atypique. Il fait la connaissance de deux jeunes. Le premier a eu maille à partir avec lui au cours d’une patrouille. Le second est électricien. Ce dernier, qui le dépanne occasionnellement, lui demande un prêt de 10.000 FCFA à rembourser dès le lendemain. Dans la nuit du 24 au 25 décembre 2012, alors qu’il est en mission de sécurisation sur l’autoroute du nord, il est joint à 4h du matin par l’électricien qui lui demande sa position. Le Mdl Assabou indique qu’il est précisément à Attinguié. A 5h, son commandant d’unité rappelle l’équipage au corridor de Gesco où il l’attend. Arrivé sur les lieux, le Mdl Assabou Atsé Paulin découvre deux équipages de la police nationale et un véhicule aux vitres teintées dans lequel se trouvent le jeune qui a joint le gendarme quelques minutes plus tôt et celui dont il avait fait la connaissance au cours d’une patrouille. Ces individus disent reconnaître Assabou Atsé Paulin comme l’une des personnes armées qui participent aux attaques des camps à Abidjan. A peine ont-ils fini de parler que le lieutenant-colonel Kouyaté empoigne son subalterne pour le gifler et ensuite le menotter. Il est conduit à la préfecture de police.
Fred Mélèdje, qui se trouvait à Agban lors des événements, a été également mis aux arrêts par les hommes du commandant Gervais Kouassi. Il ressort de son audition qu’il avait rendez-vous, ce dimanche 23 décembre, avec un proche exerçant à Agban. Celui-ci lui avait promis de l’argent pour les fêtes de fin d’année. «Je suis entré dans le camp par la voie normale, je me suis fait enregistrer au poste de police, ils (les gendarmes) détiennent ma carte nationale d’identité et ont le nom du gendarme que je suis allé rencontrer», rapporte Fred Mélèdje, précisant que des propositions de grosses sommes d’argent et de voyage en Europe lui ont été faites pour citer des noms qui lui ont été dictés. Il s’agissait de donner des arguments aux «sécurocrates» du régime Ouattara pour la mise aux arrêts de ces personnes. Refusant de mordre à l’appât, Fred Mélèdje a été gardé par ses ravisseurs qui l’ont présenté à un juge d’instruction. C’est au parquet, selon son témoignage, qu’il apprendra qu’il a tué, pillé des magasins, dressé des barrages d’auto-défense sous le régime Gbagbo, est en contact avec des personnalités en exil dans le but de déstabiliser le pouvoir d’Alassane Ouattara, fait partie des assaillants qui attaquent les positions des Frci. «Pourtant je ne sais même pas utiliser un pistolet», a-t-il confié.
Toutes ces personnes arrêtées à la suite de l’attaque de l’escadron de Yopogoun et de la prétendue déstabilisation du camp Agban ont en commun le bâtiment C de la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca). Après 3 jours pour certains et 4 jours pour d’autres au camp Agban, ils ont été transférés à la Direction de la surveillance du territoire, dans des endroits tenus secrets, à la préfecture de police, où des méthodes de torture, selon le témoignage de leurs proches, leur ont été appliquées pour leur arracher des aveux.
Maintenus en captivité en ces lieux pendant de nombreux jours – au-delà d’une semaine – ils seront déférés à la Maca, après avoir été accusés d’atteinte à la sûreté de l’Etat, d’atteinte à la défense nationale, etc…
Le commandant en second du nouveau camp d’Akouédo déféré à la MACA
Le commandant en second du nouveau camp d’Akouédo a été déféré à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (Maca), hier dimanche 6 janvier. Il s’agit d’Atto Thibault Judicaël, détenu depuis le 10 août dernier à la Direction de la surveillance du territoire. Torturé par des agents de cette police du régime Ouattara, le commandant Atto est arrivé très mal en point dans la plus grande prison du pays. Il a été directement conduit au blindé du bâtiment C à la Maca.
L’ex-commandant en second du nouveau camp d’Akouédo est poursuivi pour «atteinte à la défense nationale».
Dans la nuit du 5 au 6 août 2012, le nouveau camp d’Akouédo avait subi la furia, selon des informations divulguées par le pouvoir, d’assaillants non identifiés. L’attaque, qui a fait 5 morts, avait occasionné de nombreuses arrestations dont celle du commandant Atto. Tenu loin de ses proches et torturé à la Dst durant plus de 5 mois, il retrouve certains de ses éléments emprisonnés par le régime Ouattara.
Le frère de Simone Gbagbo déféré à la MACA
Enlevé et détenu au secret à la Direction de la surveillance du territoire (Dst) depuis 3 mois, le petit frère de Simone Gbagbo a été déféré à la Maca le 4 janvier dernier.
Simon Pierre Ehivet avait été enlevé à son domicile par des hommes en civil, et enfermé à la Direction de la surveillance du territoire (Dst) à Abidjan. Le prétexte est qu’il est impliqué dans les attaques d'hommes armés à Bonoua. L'arrestation de Simon Pierre Ehivet est survenue au lendemain de la publication d’un article, par le quotidien français Libération - sous la plume de Maria Malagardis, où il est nommément cité. La journaliste y avait écrit : «On pourrait croire qu’elle a sombré dans l’oubli. Mais à Moossou, le souvenir de la «première dame» hante encore les esprits. «Elle reste populaire. Pourtant, on ne peut pas le dire publiquement. Nous vivons des temps incertains», confie un homme de haute stature dans le petit bar de la bourgade. Il est accompagné de sa femme qui gardera longtemps le visage fermé. Elle était la gouvernante de Simone Gbagbo. L’homme qu’elle a épousé frappe d’emblée par une ressemblance physique troublante. Même silhouette, même visage : c’est Simon-Pierre, le frère cadet de Simone Gbagbo. Autour d’eux, les autres inconnus finissent par s’identifier à leur tour : il y a Paul, un autre frère de Simone, et aussi une sœur, et encore un ou deux neveux.» La journaliste avait-elle exposé son interlocuteur en divulguant son nom dans un article publié au sujet d'un pays qu'elle sait être un pays où la torture et les arrestations arbitraires sont légion ?
Avec la présence de Simon Pierre dans cette célèbre prison du pays, le nombre de prisonniers politiques du régime Ouattara qui y sont détenus s’élève, au moment où nous mettions sous presse, à 300 personnes dont 80 éléments des Frci, de la police et de la gendarmerie.
St-C.O
liste des personnes déférées à la maca depuis le 31 décembre 2012
Corps habillés
1 – Mdl/Chef Assandi Valery Ghislain
2 – Mdl/C Kla Guiraud Félix Clark
3 – Mdl Karambea Georges
4 – Mdl Guébo Lidéilly
5 – Mdl Konan N’Goran Désiré
6 – Mdl Assagou Atsé Paulin
7 – Mdl Galéa Gnahoré Sylvain
8 – Mea Kouassi Thibault
9 – Mdl Kassi Aka Justin
10 – Gnamien Oppa Pierre
11 – Mdl Aguia Kéké Sylvanice
12 – Mdl Yayo Daba Loba Octave
13 – Sgt de police Zorougnon Cyprien
14 – Caporal Dépié Gnoleba Marius
15 – Caporal Gnamia Godé Joseph
Civils
1 – Doffou Doffou Privat
2 – Agness Mélèdje Fred
3 – Assalé Amon Jaubert
4 – Djyby Tatchi Prosper
5 – Amari Nomel Sosthène Aubin
6 – Mey Adobi Philippe
7 – Bléka Oble Claude
8 – Dépié Gnoléba Marius
9 – Agnimel Gnagne Jean-Marc
10 – Gnago Dido Christian
11 – Tah Bi Modeste
12 – Gnakalé Louis Armel
13 – Yéhé Gloadé Wili
14 – Péhé Dédjognon Toussaint
15 – Aka Boro Eugène
16 – Tah Patrick Hervé
St-C.O