Dans ces villages sur l’axe en question, selon des témoignages anonymes, c’est la désolation. Les maisons, de belles villas de cadres de la région (Pol Dokui, colonel Gueye, etc.), sont décoiffées. Les gens ont poussé le cynisme jusqu’à piller le caveau familial de l’ancien maire Wandja. «A la faveur de la guerre postélectorale, nos parents, les gens de toute cette région, ont fui pour aller au Libéria», nous confie un fils de la région, qui a requis l’anonymat. Ceux qui n’ont pas pu fuir, se sont éparpillés, ou retournés dans certains villages de Toulépleu, où quelque part, où ils peuvent trouver, refuge, une oasis de paix. Et les politiciens tentaient tant bien que mal de les ramener, lorsqu’il y a eu la dernière attaque à la frontière contre le post de Frci. Mais selon notre source, comme le village de Pékan se trouve sur l’axe du Libéria suivi par les assaillants, les Frci et leurs supplétifs ont pensé que le village était complice de ces agresseurs. D’où leur furia sur le village. «Ils ont détruit le village de Pékan ! Et j’ai pris mon temps de compter les actuels habitants, mais je n’ai pas trouvé plus de 28 individus y compris les vieillards et les enfants, pour un gros village qui grouillait de monde».
La pauvreté et la mort se côtoient quotidiennement
Le centre de santé, les maisons du personnel médical, tout est broussaille. Les plus petits soins ne sont pas prodigués. Le dispensaire de Tiobli est dirigé par une Ong. Le taux de mortalité a donc grimpé. Les femmes meurent en couche. Les enfants de moins de 5 ans périssent incroyablement. A l’Hôpital général de Toulepleu, il n’y a pas de plateau technique, le bloc opératoire donc inexistant. Pas d’anesthésiste. Les cadres sont informés du délabrement dans lequel beignent leurs villages. Seulement, selon certains que nous avons pu joindre, de peur d’être considérés comme complices des assaillants, ils s’abstiennent d’aller au village et de réhabiliter leur patrimoine. Voilà donc les villageois laissés à l’abandon. Quant au Pékan-barrage, qui fait office de frontière avec le Libéria, il abrite les Frci, les gendarmes, les policiers et quelques ressortissants guinéens, des «Diallo». Ces derniers, commerçants disséminés dans la région, présents dans presque tous les villages, ont la réputation de «véritables indicateurs des Frci». Mais selon notre source, même si tous les villages ont subi la même furia, dans les villages comme Klôbly, Tiobly, les populations ont commencé à revenir. Et la particularité de ces villages où les populations se font perceptibles, c’est qu’ils vivent des Ong, font l’objet d’assistance humanitaire, comme d’Handicap-International et autres. Donc par la solidarité. Mais ces Ong ont leurs conditions : rendre le village propre, la personne qui doit recevoir une ration de riz doit être constamment dans le village, etc. Or, pour être constamment au village, il faut avoir l’assurance d’y avoir à se nourrir et à être en sécurité. Choses pas garanties. Les populations sont donc obligées d’aller de temps en temps en brousse, si elles le peuvent, pour se ravitailler. Mais la pauvreté est véritablement accentuée parce qu’avec les opérations conjointes Frci-Onuci et autres, aller même en brousse constitue un risque. Le paysan qui va dans son champ peut être brandi, d’un côté comme de l’autre de la frontière, comme un assaillant, un mercenaire, un milicien pro-Gbagbo. Si bien que la vie est disloquée. La jeunesse est cloîtrée au village, constamment en train de se livrer à l’alcool et à s’autodétruire. Ce qui est un vrai problème pour le développement et l’avenir de ces villages. De même, l’assistance des Ong se dégrade de plus en plus, malgré la rivalité entre ces organisations sur le terrain. Au lieu d’un sac de riz par ménage, on a vu distribuer, en décembre 2012, 20 kg de riz par ménage.
Les Frci font la pluie et le beau temps
Les Frci sont partout. Même des gens non reconnus par l’état-major des Frci, sont en treillis Frci, et font la pluie et le beau temps dans les villages. Ils maltraitent les populations. Les Frci sont choisies en fonction des obédiences des villages. Le transport coûte extrêmement cher. Le trajet Toulepleu-Abidjan fait 12 000 Fcfa en minicar «Massa». «Du village à seulement Daloa, il y a 20 barrages et 33 jusqu’à Abidjan» dit un témoin. Et à chaque barrage, le passager doit mettre la main à la poche. Au niveau de l’école, il y a une petite embellie. Les Ong ont réhabilité de nombreux établissements scolaires. Il y a certes un déficit d’instituteurs dans certaines écoles, mais «l’école se débrouille tant bien que mal, puisque les Ong ont construit de jolies écoles, peint d’autres, avec des maisons des maitres», témoigne notre source. Mais malgré cela, ce n’est pas la grande affluence, la plupart des populations étant restée au Libéria. Notons qu’à la frontière Côte d’Ivoire Libéria, les populations paient 1000 Fcfa par tête pour traverser. Et la nourriture qui passe la frontière, dans un sens comme dans l’autre, est taxée au barrage. Et le sujet paie des deux côtés du barrage pour le même produit. Chose qui favorise le choix des pistes où bien de gens fuyant l’escroquerie, trouvent la mort, parce que parfois signalés aux Frci par des indicateurs. Vivement que la situation de normalise pour que les populations retrouvent la paix de vivre tranquillement chez elles.
Germain Séhoué
La pauvreté et la mort se côtoient quotidiennement
Le centre de santé, les maisons du personnel médical, tout est broussaille. Les plus petits soins ne sont pas prodigués. Le dispensaire de Tiobli est dirigé par une Ong. Le taux de mortalité a donc grimpé. Les femmes meurent en couche. Les enfants de moins de 5 ans périssent incroyablement. A l’Hôpital général de Toulepleu, il n’y a pas de plateau technique, le bloc opératoire donc inexistant. Pas d’anesthésiste. Les cadres sont informés du délabrement dans lequel beignent leurs villages. Seulement, selon certains que nous avons pu joindre, de peur d’être considérés comme complices des assaillants, ils s’abstiennent d’aller au village et de réhabiliter leur patrimoine. Voilà donc les villageois laissés à l’abandon. Quant au Pékan-barrage, qui fait office de frontière avec le Libéria, il abrite les Frci, les gendarmes, les policiers et quelques ressortissants guinéens, des «Diallo». Ces derniers, commerçants disséminés dans la région, présents dans presque tous les villages, ont la réputation de «véritables indicateurs des Frci». Mais selon notre source, même si tous les villages ont subi la même furia, dans les villages comme Klôbly, Tiobly, les populations ont commencé à revenir. Et la particularité de ces villages où les populations se font perceptibles, c’est qu’ils vivent des Ong, font l’objet d’assistance humanitaire, comme d’Handicap-International et autres. Donc par la solidarité. Mais ces Ong ont leurs conditions : rendre le village propre, la personne qui doit recevoir une ration de riz doit être constamment dans le village, etc. Or, pour être constamment au village, il faut avoir l’assurance d’y avoir à se nourrir et à être en sécurité. Choses pas garanties. Les populations sont donc obligées d’aller de temps en temps en brousse, si elles le peuvent, pour se ravitailler. Mais la pauvreté est véritablement accentuée parce qu’avec les opérations conjointes Frci-Onuci et autres, aller même en brousse constitue un risque. Le paysan qui va dans son champ peut être brandi, d’un côté comme de l’autre de la frontière, comme un assaillant, un mercenaire, un milicien pro-Gbagbo. Si bien que la vie est disloquée. La jeunesse est cloîtrée au village, constamment en train de se livrer à l’alcool et à s’autodétruire. Ce qui est un vrai problème pour le développement et l’avenir de ces villages. De même, l’assistance des Ong se dégrade de plus en plus, malgré la rivalité entre ces organisations sur le terrain. Au lieu d’un sac de riz par ménage, on a vu distribuer, en décembre 2012, 20 kg de riz par ménage.
Les Frci font la pluie et le beau temps
Les Frci sont partout. Même des gens non reconnus par l’état-major des Frci, sont en treillis Frci, et font la pluie et le beau temps dans les villages. Ils maltraitent les populations. Les Frci sont choisies en fonction des obédiences des villages. Le transport coûte extrêmement cher. Le trajet Toulepleu-Abidjan fait 12 000 Fcfa en minicar «Massa». «Du village à seulement Daloa, il y a 20 barrages et 33 jusqu’à Abidjan» dit un témoin. Et à chaque barrage, le passager doit mettre la main à la poche. Au niveau de l’école, il y a une petite embellie. Les Ong ont réhabilité de nombreux établissements scolaires. Il y a certes un déficit d’instituteurs dans certaines écoles, mais «l’école se débrouille tant bien que mal, puisque les Ong ont construit de jolies écoles, peint d’autres, avec des maisons des maitres», témoigne notre source. Mais malgré cela, ce n’est pas la grande affluence, la plupart des populations étant restée au Libéria. Notons qu’à la frontière Côte d’Ivoire Libéria, les populations paient 1000 Fcfa par tête pour traverser. Et la nourriture qui passe la frontière, dans un sens comme dans l’autre, est taxée au barrage. Et le sujet paie des deux côtés du barrage pour le même produit. Chose qui favorise le choix des pistes où bien de gens fuyant l’escroquerie, trouvent la mort, parce que parfois signalés aux Frci par des indicateurs. Vivement que la situation de normalise pour que les populations retrouvent la paix de vivre tranquillement chez elles.
Germain Séhoué