Dans un document de 58 pages datant du 25 janvier 2013, la Chambre préliminaire 1 de la Cour pénale internationale (Cpi) revient en détail sur la crise postélectorale qui a valu à Laurent Gbagbo d’être transféré à La Haye. Le rôle néfaste de Charles Blé Goudé y est également mis en exergue.
Si ce document amendé des charges contre Laurent Gbagbo est accablant pour l’ex-chef d’Etat ivoirien, il met également Charles Blé Goudé en très mauvaise posture. Dans un rapport de 58 pages faisant l’ «état des lieux avant le procès» du 19 février prochain de l’ex-président à la Cour pénale internationale (Cpi), la Chambre préliminaire 1 de la Cpi revient sur le détail des crimes qui lui valent d’être poursuivi. La Cpi met également en évidence l’implication de «son entourage immédiat » dont fait partie le leader de l’ex-galaxie patriotique contre qui un mandat d’arrêt de la Cour courrait. Le document indique par exemple que « le ministre de la rue » a recommandé « des actions de terreur en réplique» à des manifestations des partisans d’Alassane Ouattara.
Le rôle de Kassy, Dakoury, Dibopieu
«Blé Goudé a incité les jeunes à plusieurs reprises à recourir à la violence contre les opposants politiques de Gbagbo», a révélé plus explicitement le rapport qui donne des exemples : « le 26 mars 2011, un journaliste britannique a interviewé Blé Goudé et lui a demandé s’il s’inquiétait du fait que ses rebelles armés pouvaient échapper à son contrôle. Ce dernier a répondu : « dans une révolution, il y a forcément des dommages collatéraux […] nous devons nous battre pour notre liberté […]». Les mots qui suivent sont encore plus accablants : «C’est le même Blé Goudé qui donnait l’ordre aux leaders de la galaxie patriotique Serge Kassy, Richard Dakoury ou Jean Yves Dibopieu de « faire les barrages dans les rues», de « contrôler les étrangers», de «faire la chasse aux hommes qui portaient le gris-gris» car ils étaient considérés «comme des rebelles […] ils venaient du nord». A plusieurs reprises, la Chambre préliminaire 1 soutient que « le général de la rue » donnait des ordres directement aux miliciens et inspirait les tueurs. « Le 1er mars 2011, à Abidjan, une unité du CeCos a brûlé vifs deux Nigériens en invoquant, ce faisant, un discours enflammé de Blé Goudé tenu quelques jours auparavant. Les 4 et 8 mars 2011, environ 150 jeunes miliciens armés de machettes et de haches ont scandé «tuer, brûler, tuer, brûler, vous devez tous partir» lorsqu’ils ont fait irruption et se sont livrés au pillage dans les étalages de nombreux marchands ouest‐africains de Yopougon».
Des crimes planifiés
Selon la juridiction internationale, l’ancien président, « Gbagbo était déterminé à rester au pouvoir ». Elle en veut pour preuve son slogan de campagne « On gagne ou on gagne » et les dispositions prises « quelque temps avant l’élection de 2010 (…) visant à attaquer son rival politique Alassane Dramane Ouattara, ainsi que des membres du cercle politique de celui‐ci et des civils considérés comme ses partisans, dans le but de conserver le pouvoir par tous les moyens y compris la force létale» que le camp Gbagbo appelait «la Politique.» «En conséquence, la mise en œuvre coordonnée de la Politique a abouti à des attaques systématiques et généralisées à l’encontre des civils pris pour des partisans de Ouattara, et aux crimes reprochés en l’espèce. Du 27 novembre 2010 au 8 mai 2011, les forces pro‐Gbagbo ont attaqué les civils considérés comme partisans de Ouattara. Elles ont tué plus de 700 personnes, en ont violé plus de 40 (la plupart des femmes ont été violées en réunion et certaines avaient leurs enfants avec elles au moment des faits, ndlr), en ont arbitrairement arrêté au moins 520 et ont infligé à plus de 140 personnes de grandes souffrances et des atteintes graves à l’intégrité physique. Ces crimes ont été commis avec une intention discriminatoire pour des motifs d’ordre politique, national, ethnique et religieux», relève le document. «Les crimes en question s’inscrivaient dans le cadre d’une attaque généralisée et systématique menée contre la population civile à l’initiative de Gbagbo et de son entourage immédiat dans la poursuite de la Politique », ajoute le rapport qui insiste que « Gbagbo et son entourage immédiat ont planifié et mis en œuvre les attaques. » Autre point attestant le caractère gravissime des crimes commis, à en croire le rapport : « le recours à la violence n’était pas fortuit et les victimes étaient visées.»
Bamba K. Inza
Si ce document amendé des charges contre Laurent Gbagbo est accablant pour l’ex-chef d’Etat ivoirien, il met également Charles Blé Goudé en très mauvaise posture. Dans un rapport de 58 pages faisant l’ «état des lieux avant le procès» du 19 février prochain de l’ex-président à la Cour pénale internationale (Cpi), la Chambre préliminaire 1 de la Cpi revient sur le détail des crimes qui lui valent d’être poursuivi. La Cpi met également en évidence l’implication de «son entourage immédiat » dont fait partie le leader de l’ex-galaxie patriotique contre qui un mandat d’arrêt de la Cour courrait. Le document indique par exemple que « le ministre de la rue » a recommandé « des actions de terreur en réplique» à des manifestations des partisans d’Alassane Ouattara.
Le rôle de Kassy, Dakoury, Dibopieu
«Blé Goudé a incité les jeunes à plusieurs reprises à recourir à la violence contre les opposants politiques de Gbagbo», a révélé plus explicitement le rapport qui donne des exemples : « le 26 mars 2011, un journaliste britannique a interviewé Blé Goudé et lui a demandé s’il s’inquiétait du fait que ses rebelles armés pouvaient échapper à son contrôle. Ce dernier a répondu : « dans une révolution, il y a forcément des dommages collatéraux […] nous devons nous battre pour notre liberté […]». Les mots qui suivent sont encore plus accablants : «C’est le même Blé Goudé qui donnait l’ordre aux leaders de la galaxie patriotique Serge Kassy, Richard Dakoury ou Jean Yves Dibopieu de « faire les barrages dans les rues», de « contrôler les étrangers», de «faire la chasse aux hommes qui portaient le gris-gris» car ils étaient considérés «comme des rebelles […] ils venaient du nord». A plusieurs reprises, la Chambre préliminaire 1 soutient que « le général de la rue » donnait des ordres directement aux miliciens et inspirait les tueurs. « Le 1er mars 2011, à Abidjan, une unité du CeCos a brûlé vifs deux Nigériens en invoquant, ce faisant, un discours enflammé de Blé Goudé tenu quelques jours auparavant. Les 4 et 8 mars 2011, environ 150 jeunes miliciens armés de machettes et de haches ont scandé «tuer, brûler, tuer, brûler, vous devez tous partir» lorsqu’ils ont fait irruption et se sont livrés au pillage dans les étalages de nombreux marchands ouest‐africains de Yopougon».
Des crimes planifiés
Selon la juridiction internationale, l’ancien président, « Gbagbo était déterminé à rester au pouvoir ». Elle en veut pour preuve son slogan de campagne « On gagne ou on gagne » et les dispositions prises « quelque temps avant l’élection de 2010 (…) visant à attaquer son rival politique Alassane Dramane Ouattara, ainsi que des membres du cercle politique de celui‐ci et des civils considérés comme ses partisans, dans le but de conserver le pouvoir par tous les moyens y compris la force létale» que le camp Gbagbo appelait «la Politique.» «En conséquence, la mise en œuvre coordonnée de la Politique a abouti à des attaques systématiques et généralisées à l’encontre des civils pris pour des partisans de Ouattara, et aux crimes reprochés en l’espèce. Du 27 novembre 2010 au 8 mai 2011, les forces pro‐Gbagbo ont attaqué les civils considérés comme partisans de Ouattara. Elles ont tué plus de 700 personnes, en ont violé plus de 40 (la plupart des femmes ont été violées en réunion et certaines avaient leurs enfants avec elles au moment des faits, ndlr), en ont arbitrairement arrêté au moins 520 et ont infligé à plus de 140 personnes de grandes souffrances et des atteintes graves à l’intégrité physique. Ces crimes ont été commis avec une intention discriminatoire pour des motifs d’ordre politique, national, ethnique et religieux», relève le document. «Les crimes en question s’inscrivaient dans le cadre d’une attaque généralisée et systématique menée contre la population civile à l’initiative de Gbagbo et de son entourage immédiat dans la poursuite de la Politique », ajoute le rapport qui insiste que « Gbagbo et son entourage immédiat ont planifié et mis en œuvre les attaques. » Autre point attestant le caractère gravissime des crimes commis, à en croire le rapport : « le recours à la violence n’était pas fortuit et les victimes étaient visées.»
Bamba K. Inza