Un document à charge corsé a été déposé le 25 janvier dernier, par la procureure de la Cour pénale internationale (CPI), Fatou Bnesouda, sur la table de la juge Silvia Fernandez de Gurnendi, présidente de la chambre préliminaire I de la cour internationale dans l’affaire qui l’oppose à l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo. Fait marquant : l’ex-homme fort d’Abidjan est désigné après la lecture des 58 pages du document, comme responsable direct des crimes commis sous son régime, notamment pendant la violente et meurtrière crise postélectorale. La CPI a ainsi requalifié son accusation à l’encontre de Laurent Gbagbo poursuivi jusque là en tant que co-auteur indirect des faits à lui reprochés. En effet, dans les moindre détails, l’équipe du successeur de Louis Moreno Ocampa a fait remonter à la surface les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre commis par les forces pro-Gbagbo, les miliciens et les mercenaires recrutés par l’ancien régime, sous la supervision et la bénédiction de l’ancien locataire du palais présidentiel et son entourage immédiat. Des réunions sécrètes pour donner des consignes dans le sens de massacrer les pro-Ouattara aux déclarations publiques pour inciter à la violence et au meurtre en passant par les dates des pires crimes contre la dignité humaine, en l’occurrence l’application de la fameuse ‘’article 125’’ qui a consisté à brûler vif des personnes sur un simple soupçon de ne pas être du coté de l’ancien pouvoir des frontistes, tout a été mentionné avec précision. «Laurent Gbagbo et son entourage immédiat avaient adopté et mis en ?uvre une politique visant à attaquer son rival Alassane Ouattara ainsi que des membres civils du cercle politique de celui-ci et des civils considérés comme ses partisans, dans le but de conserver le pouvoir par tous les moyens y compris la force létale’’, indique le document. Laurent Gbagbo, selon l’accusation était au fait des assassinats, des meurtres perpétrés dans les quartiers réputés pro-Ouattara, des viols, des pillages…Il a même armé ses troupes dans la mise en ?uvre de la politique de conservation du pouvoir par tous les moyens. Mais pourquoi le procureur de la CPI a attendu l’approche de l’audience de confirmation des charges qui débute le 19 février prochain pour revoir sa copie? La réponse à cette interrogation est toute simple. Il s’agit de cadrer avec les faits. En effet, comment accuser quelqu’un d’être co-auteur indirect des faits alors que les preuves démontrent à tout point de vue sa responsabilité direct ? On le voit, pendant que les défenseurs de Laurent Gbagbo s’évertuaient à repousser l’audience de confirmation des charges par l’introduction de nombreuses requêtes, l’équipe de la gambienne était au travail. Et les résultats sont sans pitié pour leur client. Ils ont voulu gagner du temps, les défenseurs de Laurent Gbagbo ont aujourd’hui fort à faire devant le dossier en béton de Bensouda. A malin, malin et demi, pourrait-on dire.
Lacina Ouattara
Lacina Ouattara