Avec Fatou Bensouda comme procureur de la CPI en remplacement de Luis Moreno-Ocampo, les pro-Gbagbo avaient jubilé. Pour eux, elle était le sauveur, en ce qu’elle devrait contribuer à faire libérer très rapidement l’ancien Président de la République de Côte d’Ivoire. Cette conviction, ils la tiraient entre autres du fait que, pour la première fois depuis la création, en juillet 2002, de la juridiction internationale, un procureur d’origine africaine en prenait les rênes. Et comme l’Argentin Louis Ocampo était considéré par les pro-Gbagbo comme un homme à la solde des occidentaux, prompt à ne s’en prendre qu’aux dirigeants africains, l’accession de Bensouda à la tête de la CPI sonnait dans la tête des partisans de Gbagbo comme une sorte de revanche des Africains sur les blancs. Helas ! les pro-Gbagbo devront déchanter. La supposée redresseuse de tort n’a pas voulu marcher dans les combines sulfureuses à relents nationalistes. Bien au contraire, elle a décidé de s’inscrire dans la même ligne que son prédécesseur. Mieux, elle est allée plus loin, en requalifiant les charges retenues jusque-là contre celui qui, par son refus de céder le fauteuil présidentiel au mois de décembre 2010, a fait subir le martyre aux Ivoiriens. Dans une version de notification des charges, rendue publique le 25 Janvier dernier, Fatou Bensouda a requalifié les faits. Désormais, Laurent Gbagbo n’est plus « co-auteur indirect », mais « responsable direct », des trois mille morts de la crise postélectorale, des milliers de blessés, etc. Conséquemment, il est évident que la peine encourue par le dictateur des lagunes sera lourde à l’image de son codétenu, Charles Taylor, ancien Président du Libéria. Pour les mêmes faits, c’est-à-dire crimes contre l’humanité et crime de guerre, l’ancien homme fort de Monrovia a écopé de 50 ans de prison devant le tribunal spécial pour la Sierra Léone. Le parallélisme des formes aidant, il est fort à parier que Laurent Gbagbo connaisse le même sort que Charles Taylor, sinon pire. Justifiant cette lourde peine, Samoan Richard Lussick, président du tribunal avait affirmé : « la condamnation de Charles Taylor marque une nouvelle ère de responsabilité ». Et le magistrat d’asséner : «Les responsables doivent montrer l’exemple et ne doivent pas commettre les crimes». En clair, l’heure est venue pour la communauté internationale de mettre fin à l’impunité. Nul n’étant au-dessus de la loi, Laurent Gbagbo devra suivre la rigueur de celle-ci. Le procès de confirmation des charges qui s’ouvre dans trois semaines nous situera. Thiery Latt
Politique Publié le mercredi 30 janvier 2013 | Le Patriote
Ce que risque Gbagbo après la requalification des charges
© Le PatrioteLa Haye : Laurent Gbagbo comparaît en direct a la CPI
Lundi 5 décembre 2011. La Haye, CPI (Pays-Bas)