Lundi 04 février 2013. Il est 11 heures 30mn. Nous sommes au Centre hospitalier universitaire (Chu) de Treichville. Les va-et-vient habituels de patients, parents et personnel du corps médical, sont visibles dans la cour. Au service pédiatrie, Dame Ross marie s’apprête à quitter la chambre d’hôpital avec son enfant qui y était hospitalisé pendant une semaine. « Je rentre à la maison avec mon bébé. Ça va mieux chez lui aujourd’hui. Le médecin nous a autorisés à rentrer. On a remarqué que le docteur n’avait pas notre temps aujourd’hui. Il vient seulement faire un tour pour s’assurer que tout va bien et disparait par la suite », raconte Dame Ross. Miessan Sandrine elle, raconte que dès son arrivée avec son enfant malade, elle a été informée de la grève et qu’il y a un seul médecin en urgence. « On m’a fait savoir que les médecins sont en grève. Mais lorsque nous sommes arrivés, on a été bien accueilli. Et une femme (Ndlr : aide soignante) vient régulièrement nous voir », nous indique-t-elle. Un agent du service pédiatrie qui a tenu à garder l’anonymat raconte que le chef de service a donné instruction afin qu’il y ait un service minimum. « Le service minimum est assuré en pédiatrie. Nous accueillons les malades et nous les orientons. S’il y a des premiers soins à faire, on s’en occupe. Les malades n’y sont pour rien dans cette grève. Ils ont seulement besoin de soins et c’est à cela que nous nous attelons », fait-il savoir. Avant de souhaiter : « les revendications que réclament les médecins doivent tenir compte de tout le corps médical. Que ce soit les archivistes, l’administration et le service social. Nous avons tous droit aux mêmes avantages parce que nous travaillons dans la même corporation qui est la santé ». Nous poursuivons notre tournée au service maternité. Là, l’entrée est bondée de monde. Des femmes assises à même le sol, sous un manguier, attendent impatiemment. A l’intérieur de la maternité, la pharmacienne est à son poste et sert les médicaments aux patients. Quant aux autres agents, ils prodiguent des soins aux patientes. Sylla Korotoum, parente d’une patiente se réjouit du fait que le personnel médical soit présent. «Ce matin quand je venais avec ma fille qui était en travail, j’avais peur qu’on ne nous reçoive pas. J’ai cru que les médecins n’allaient pas travailler et que le Chu allait être fermé. Dieu merci, nous sommes arrivés, ils nous ont reçu et ma fille a accouché dans de bonnes conditions », nous confie-t-elle. Aux urgences médicales, les agents rencontrés nous orientent vers le chef de service pour plus d’informations. Ce dernier nous fait savoir qu’il s’en tient à la hiérarchie, c’est-à-dire la direction. Là encore, une autorisation du ministère de la santé et de la lutte contre le Sida, nous a été demandée avant tout propos. Autre lieu, même ambiance, le centre hospitalier et universitaire (CHU) de Yopougon. Au service de radiologie, le surveillant, Konan Dieudonné est à son poste. Mais ce n’est pas l’ambiance des jours ordinaires. Ce service comprend la radio, l’échographie et le scanner. « Ici, la grève est effective. Tout le personnel est arrivé le matin mais pas de travail. Nous n’assurons que le service minimum. Cela consiste à la prise en charge des cas urgents envoyés par les médecins», nous confie Konan Dieudonné. En ce qui concerne les motivations de la grève, lui et ses collègues sont formels : «Nous observons la grève malgré nous. La grève a un impacte sur tout le monde. Mais il s’agit d’interpeller le gouvernement sur notre situation. Comparaison n’est pas raison mais comment comprendre que les professeurs ont un indice supérieur à celui du cadre supérieur de la santé ! Nous voulons juste que nos indices, à savoir 400 points pour les cadres supérieurs de la santé et 150 points pour les techniciens de la santé fassent l’objet d’un décret », clament-ils. Au service gynécologie, c’est la même situation. Le personnel présent affirme n’être là que pour assurer le service minimum. Idem pour les urgences. A notre arrivée, les médecins s’attelaient à recevoir un malade évacué par le CHR de Gagnoa. Difficile de circuler dans le service. Plusieurs malades sont alités. Les médecins s’affairent autour d’eux. Une infirmière du nom de Sadia nous confirme l’effectivité de la grève mais aussi l’assurance du service minimum. Elle nous prend à témoin. « Vous constatez vous-mêmes que nous travaillons. Tout le personnel est présent à son poste ». KL, parent d’un malade, nous confirme ces propos. « Les médecins ont consulté mon malade le matin. On m’a donné cette ordonnance pour aller faire des analyses », soutien-t-il. A l’hôpital général de Port-Bouët, ce n’est également pas l’ambiance des jours habituels. Certes les urgences fonctionnent, mais les consultations se font au compte goutte du fait de l’absence des médecins. Au CHU de Cocody, les médecins ont déserté les services pour se regrouper à l’entrée des urgences, sous un arbre. «Nous sommes au piquet », nous lancent-ils. Pour autant, le service minimum est assuré aux urgences pédiatrique, médicale et chirurgicale. Les agents de la santé ont donc mis à exécution leur menace de grève. Les hôpitaux publics ont tourné au ralenti. Seul le service minimum y est assuré. A travers cet arrêt de travail, les agents de santé réclament la prise en compte de leurs nouveaux indices par le gouvernement. On peut donc le dire.
Soumba.O & DM
Soumba.O & DM