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Politique Publié le mardi 12 février 2013 | Le Temps

Sommet Ivoiro-Burkinabè : Ouattara et Compaoré signent un pacte

© Le Temps Par Aristide
Activités du chef de l`Etat: le Président Alassane Ouattara a effectué une visite officielle au Burkina Faso
Lundi 16 mai 2011. Ouagadougou (Burkina Faso).
C’est avec grand battage médiatique que cela s’annonce : «Côte d’Ivoire-Burkina Faso : début à Abidjan des travaux préparatoires d’un sommet des chefs d’Etat». Le Gouvernement d’Alassane Ouattara va recevoir celui de son frère et ami Blaise Compaoré du Burkina Faso, pour réviser, fixer et donner de nouvelles perspectives à leur coopération. C’est pour bientôt dans la capitale économique de la Côte d’Ivoire.

C’est pourquoi le Premier ministre ivoirien Daniel Kablan Duncan, vient de recevoir, pour une séance de travaux préparatoires à ce sommet, son homologue burkinabé Luc-Adolphe Tiao Beyon. Qui a passé 72 heures au bord de la lagune Ebrié, depuis jeudi 7 au 9 février 2013. Pour la communication et le change politiques, il est signifié que «Le sommet des chefs d’Etat doit évaluer l’état de mise en œuvre des recommandations du deuxième sommet tenu en novembre 2011 dans la capitale burkinabè et envisager de nouvelles perspectives de coopération.» Et l’envoyé du chef de l’Etat burkinabé s’est dit "confiant" quant à l’issue des travaux qui devraient aboutir à "des conclusions pertinentes pour le renforcement de la coopération et de la fraternité entre les deux Etats". Voilà les mots derrière lesquels se trament les accords qui se feraient sur le dos d’un peuple. La coopération historique entre deux peuples voisins étant une tradition voire une culture, est nécessaire. Et souhaitable. Si les deux peuples sont frères, ce sont la conduite des affaires par les hommes et la manipulation qui en découlent qui posent problème. Et le pacte actuel entre la Côte d’Ivoire sous Alassane Ouattara et le pouvoir burkinabé, incarné par Blaise Compaoré, qui fut pendant la crise, le Médiateur (en réalité un acteur du complot) dans le dialogue direct inter-ivoirien, donne lieu à une «suspicion légitime». Pendant que la Côte d’Ivoire plonge, depuis la rébellion (Mpci-Forces nouvelles) de Soro Guillaume et de Ouattara et que ce dernier est arrivé au Palais présidentiel dans les conditions que l’on sait, le Burkina Faso a fière allure. Et ses dirigeants se fixent désormais des objectifs de pays émergents en l’an 2020. Or, nous sommes déjà en 2013. Sur quoi tablent-ils pour faire de leur pays un Etat émergent en 2020, dépassant même la Côte d’Ivoire qui se fixe le même objectif, dans son recul? Le «pays des hommes intègres» ne vient pas de découvrir des gisements inépuisables de pétrole, gaz et autres matières premières, source de grandes richesses de ces derniers siècles. Sur quoi compte donc ce pays pour se projeter à cet horizon si proche avec autant de défis ? Si le Burkina Faso avait autant de richesses cachées, le taux immigration vers la Côte d’Ivoire et à travers le monde de ses ressortissants ne serait pas aussi élevé. Pis, à l’Ouest, le régime en place pousse la communauté burkinabé à occuper les terres, de gré ou de force, par vagues toutes les semaines.

Certes ces millions de bras sont des soutiens à l’économie burkinabé. Une diaspora qui renvoie au pays des masses d’argent considérables pour propulser son économie. Mais avec les Seigneurs de guerre burkinabé à l’Ouest de la Côte d’Ivoire comme Amadé Ourémi et ses hommes présents au Mont Péko dans tous les trafics (café cacao, bois, drogues, organes humains, etc.), certains parlent d’un «butin» qui alimente de façon détournée le Burkina Faso. Sans produire un seul pied de caféier et de cacaoyer, le pays de Compaoré est devenu «pays producteur» de café cacao, logé parmi les pays exportateurs de ces produits ravis à la Côte d’Ivoire. De ce point de vue, on comprend ceux qui souhaitent voir éternellement se maintenir Ouattara à la tête de la Côte d’Ivoire, par tous les moyens, afin de garantir le règne de ces seigneurs de guerre. C’est avec la richesse de la Côte d’Ivoire que certains au Burkina Faso veulent financer leurs ambitions. La Côte d’Ivoire est pour eux la vache à lait, les béquilles qu’il faut, pour faire peau neuve.

Et il n’y a pas que cela. Il y a aussi tous les nouveaux accords liés aux activités des ports. Celui d’Abidjan et celui de San-Pedro. Avec Ouattara, sur ces dossiers, le Burkina Faso se frotte les mains. Les marchandises destinées à ce pays ou en sa provenance bénéficient désormais d’un régime de faveur, défiant les règles commerciales ou économiques. L’électricité de la Côte d’Ivoire et bien d’autres services profitent au Burkina Faso. La coopération entre les deux pays à travers ce sommet, annoncée à grand boucan médiatique, présage du partage du gâteau ivoire, après l’ex-rébellion et la guerre postélectorale. Le Burkina ayant aidé Ouattara, la France et l’Onu à la gagner. C’est l’heure de passer à la caisse... Et comme l’on observe que l’argent qui travaille en Côte d’Ivoire circule abondamment dans les poches au Burkina Faso et dans la sous-région, on ne peut que s’attendre à ce que le sommet ivoire-burkinabé sous régime fasse davantage la promotion de la Cedeao que celle des intérêts ivoiriens…

Germain Séhoué
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