72h après l’assassinat de deux jeunes gens, Ohoueu Brou Thierry, 34ans, planteur et Traoré Ilias, 14ans, couturier, par des éléments des Frci, la tension est toujours vive à Affery. Au cours de notre passage hier dans cette localité située à 152km d’Abidjan, des groupes de jeunes assis de part et d’autre de la gare routière quasiment vide, discutent chaudement des tristes événements qui ont endeuillé la cité. Ils épient les faits et gestes des passants.« Même si c’est dans 10, 20 ans, la situation va changer et ils vont voir. On ne peut pas nous tuer cadeau et ceux qui font ça, on ne leur fait rien. Ce n’est pas normal » fulmine le jeune Acho pour qui l’impunité doit cesser à l’endroit des éléments des Frci basés à Affery. Et un autre jeune de renchérir en ces termes « Pour un oui ou pour un non, ces gens nous frappent, nous tuent. Le 19juin 2011, les Frci ont abattu deux jeunes gens. Le 31décembre 2012 et le 3janvier 2013, ces soldats ont fait de nombreux blessés dans nos rangs. Trop, c’est trop !Le gouvernement doit prendre ses responsabilités en encasernant ces forces armées ou en les déployant ailleurs tout en renforçant les effectifs des policiers et des gendarmes qui ont de bonnes relations avec toute la population ». Du fait des événements, les éléments des Frci ont été consignés dans leur camp au quartier Zossokoi. Personne à leurs quatre barrages qu’ils ont érigés à l’entrée de la ville, route d’Adzopé, sur la voie menant au lycée municipal et sur les chemins des champs. Peu après, au quartier Ambeukoi, des jeunes autochtones s’en sont pris violemment à des filles suspectées d’entretenir des relations amoureuses avec des Frci. Heureusement, il y a eu plus de peur que de mal et le calme est revenu. Des éléments de l’Onuci, de retour d’une rencontre avec les responsables du quartier, ont été conspués par des jeunes. Ceux-ci leur ont signifié qu’ils étaient indésirables en ces lieux. C’est dans ce climat délétère que le président central des jeunes d’Affery, Adou Boni Bertrand tente d’apaiser les esprits en échangeant avec des groupes de jeunes. « Les exactions commises par les Frci ne permettent pas de les supporter. C’est inquiétant car notre sécurité n’est pas assurée » a déploré le président central des jeunes d’Affery. Selon son témoignage, c’est suite au refus de se faire racketter par un élément des Frci, pour la somme de 2000F.cfa, dimanche dernier à 13h, que le jeune coiffeur Anon Ambeu a été séquestré. Venus à la rescousse de leur frangin, des jeunes ont désarmé le soldat qui avait tiré des coups de feu avec sa kalachnikov. Alors que l’arme déposée peu après chez le chef du quartier, avait été rendue aux Frci, ceux-ci ont décidé de terroriser les populations en tirant dans tous les sens, à travers les ruelles. La suite on la connait. Deux jeunes gens abattus à la gare routière (Traoré Ilias) et au rond-point de la ville (Ohoueu Thierry qui revenait des travaux champêtres). Ainsi que quatre blessés graves et des taxis-brousse avec des vitres brisées.
Didier Kéi
Envoyé spécial à Affery
Didier Kéi
Envoyé spécial à Affery