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Société Publié le mardi 26 février 2013 | Le Nouveau Navire

Transport / Phénomène gnambro : Une plaie qui fait saigner le secteur

Le secteur agricole n'est pas le seul à tirer le train du développement ivoirien. Celui du transport terrestre veut devenir un pilier du renouveau économique mis en chantier par le Chef de l'Etat, Alassane Ouattara. Cela passe nécessairement par une organisation parfaite. Et suppose une rupture radicale d'avec les anciennes méthodes, faites de ''loubardise'' et de bagarres à la machette dans les gares. Pour inverser la tendance et redresser la barre, les transporteurs ont décidé de désormais parler d'une même voix. Fort de cela, sur financement du ministre des Transports, Gaoussou Touré, une délégation sillonne le pays depuis le 9 janvier dernier pour faire élire les représentants régionaux. Cependant, un grain de sable fait gripper l'engrenage : le phénomène ''gnambro''.

Son origine
''Gnambro'' est un mot composé issu de la langue malinké. Au niveau lexicale, il signifie ''arranger les mains de quelqu'un, une situation”. Pour coller cette expression au secteur du transport terrestre, le ''gnambro'', à l'origine, était un jeune désœuvré qui venait ''grouiller'' dans les gares, en aidant les chauffeurs à charger leurs véhicules moyennant quelques piècettes (50 ou 100Fcfa). Au fil du temps, si la définition du mot n'a pas changé, force est de reconnaître que les pratiques de ces jeunes a basculé dans les travers. Depuis près d'une décennie, c'est de force que ces jeunes, loin d'opérer seulement dans les gares, sont maintenant sur toutes les voies, et réclament de force leur ''dû''. C'est clair, ce qui apparaissait hier comme une plaidoirie, est devenu aujourd'hui une obligation. Et désormais, de Pk18 à Gonzagueville, en passant par Abobo, Plateau, Yopougon, Treichville, Attécoubé, ces jeunes sèment la terreur partout. Même Cocody, Angré et II Plateaux, réputés pour leurs légendaires différences, n'échappent pas à cette sinistrose.

Un phénomène à la peau dure

Excédés, les chauffeurs qui paient cash le prix de ce fléau, tentent de s'en défaire actuellement. Mais, n'y parviennent pas. Du moins pour le moment. En effet, Konaté Lanciné dit ''Matchè'', président du Bien-être des auxiliaires du transport en Côte d'Ivoire (Beat-CI), a exprimé son mécontentement à travers une grève de plus de 72 heures. Ce mouvement avait été largement suivi, perturbant la circulation à Abidjan. L'on a pensé qu'une solution définitive serait trouvée au problème. Mais que non. Il a même pris de l'ampleur. Le Commandant Koné Zakaria a alors pris ce dossier de ''gnambro'', en main. Mais en dépit de tout ceci, le phénomène a toujours la peau dure. Pourquoi ? Selon nos investigations, derrière cette plaie qui fait saigner le secteur aujourd'hui, se cachent tous les syndicats significatifs. Pour la seule commune de Yopougon, plus de 80 syndicats sont rançonnés par ces jeunes gens. A Adjamé, ce sont plus de 100 syndicats qui trouvent leur salut dans cette sale besogne, selon les mêmes sources. Qui refusent de livrer le montant approximatif ou exact recueilli quotidiennement. Pour elles, cela relève de leur cuisine intérieure.
Mais, un coût d'œil jeté sur un document ouvert par inadvertance par l'un de nos interlocuteurs, a permis de voir des montants de 140 000 Fcfa versés à chaque syndicat. Si on s'en tient à cette donne, c'est clair que la fin du phénomène n'est pas pour maintenant. Et il faudra batailler très dur encore pour voir le bout du tunnel.

''L'alignement'' comme solution

Comment mettre fin à ce problème ? A cette préoccupation, tous sont unanimes : il faut opter pour l'alignement, assorti de deux tickets journaliers pris par le chauffeur. De la sorte, si celui-ci prend ces tickets, dont le montant sera déterminé de commun accord, il n'a plus rien à débourser à qui que ce soit tout le reste de la journée. Ainsi, la somme générée sera partagée entre les différents syndicats (de transporteurs et de chauffeurs), et les vendeurs de billets. A en croire nos interlocuteurs, cela permettra de mettre de l'ordre dans le secteur. Car répondant, selon nombre d'entre eux, à la Convention collective interprofessionnelle de la République de Côte d'Ivoire signée le 19 juillet 1977. En effet, sur le recouvrement des cotisations syndicales, cette convention, en son, article 12, stipule : " Le recouvrement des cotisations syndicales est autorisé à l'intérieur de l'établissement. Il s'effectue à la source, sur le salaire du travailleur ". Du côté du Bien-être des employés et chauffeurs de Côte d'Ivoire (Beat-CI) de Matchè, l'on partage certes cet avis, mais fonde beaucoup d'espoirs sur une franche collaboration entre ''gnambros'' et syndicats. Pour Matchè, ce rapprochement qui a commencé est sur la bonne voie. A l'occasion d'une rencontre tenue le mercredi 30 janvier dernier à Adjamé, le président du Beat-CI, disait ceci :''je remercie le ministre Gaoussou Touré, le Pca de l'Agetu et le Dg de Sonatt. Grâce à leurs sages conseils, nous avons accordé nos violons et ma structure est maintenant en phase avec les syndicats. Les ''gnambros'' seront désormais appelés chargeurs et ils travailleront au compte des chauffeurs qui se devront les rémunérer''. Pour lui, le secteur a besoin de se moderniser et cela ne peut se faire dans le désordre. De fait, les acteurs du transport terrestre, selon lui, doivent travailler main dans la main, dans la cohésion et l'entente.

Koné Seydou
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