Les avocats de Laurent Gbagbo ont catégoriquement nié hier, les événements relatifs au massacre des femmes d’Abobo et au bombardement du marché de la dite commune en mars 2011.
«Pendant que certaines femmes faisaient mine de marcher, d’autres étaient couchées. Puis on a versé du sang du mouton sur elles. Et c’est cela que nos informaticiens ont filmé pour venir faire du montage ».
Oui, vous avez bien lu : du sang de mouton aurait été utilisé par les femmes d’Abobo le 3 mars 2011 pour accréditer la thèse de la tuerie attribuée aux forces pro-Gbagbo.
Hier après-midi, lors de la sixième séance de l’audience de confirmation des charges, à la Cour pénale internationale de La Haye (Pays-Bas), Me Natacha Fauveau Ivanovic n’a pas trouvé meilleur argument que cette parade improbable. En termes plus cruels, aucune femme n’a été tuée à Abobo, ce jour-là ! Propos cyniques ou simples provocations ? A deux jours de la fin de cette audience capitale qui déterminera la convocation d’un procès ou non, les avocats de Gbagbo jouent leur va-tout. Et espèrent, à l’évidence, éviter à leur célèbre client, une prolongation de son séjour au centre pénitencier de Scheveningen (Pays-Bas). Dans cette optique, tout argument peut sembler judicieux pour peser sur la prochaine sentence de la juge Sylvia de Gurmendi. A l’instar de ce témoignage attribué à un prétendu membre du commando invisible sur lequel se cramponne la défense. Mais qui est ce membre du commando invisible ? Il s’agirait «du commandant du théâtre des opérations », ose Mme Fauveau Ivanovic devant la cour, sans avancer d’autres précisions. Près d’une heure d’horloge, les allégations de ce mystérieux personnage servent de socle à la rhétorique de la défense. D’après ce même « membre du commando invisible », la marche des femmes du 3 mars 2011 avait pour but d’attirer l’attention de la communauté internationale en faisant un montage. La bande de montage existerait, selon Me Ivanovic, pince-sans-rire. Poursuivant son récit, l’avocate détaille les circonstances de cet événement douloureux. «Au moment où les femmes simulaient la marche, plusieurs miliciens partisans fermes de Dramane (ndlr : une allusion au président Alassane Ouattara) avec des roquettes et des kalachs en mains se trouvaient masqués dans la foule. Ils avaient reçu ces armes dans la mosquée du quartier Marley de l’imam Sidik dans le but de tirer sur les troupes loyalistes au cas où cette manifestation devait être sécurisée par les forces de Gbagbo », précise t-elle. Mais le scénario initial, digne d’un film hollywoodien tombe à l’eau : aucune présence de soldats loyalistes pour pimenter l’intrigue. Afin de parvenir à leur dessein, « sept femmes ont alors été désignées pour mimer cette mascarade. Chacune d’elle devait recevoir cent mille Francs Cfa. Tous les encadreurs et les participantes devraient recevoir cinquante mille FCfa par personne. Et tous ont reçu leur argent à la mosquée du quartier Marley », conclut-elle, sereinement. Clap de fin. La suite on la connaît. Avec de tels arguments, la défense s’est prise dans sa propre nasse : «le témoignage d’une seule personne ne suffit pas en justice pour établir un fait ». Tout au long de l’audience d’hier, Me Nahori Jennifer n’a cessé de lancer invariablement à la face des hommes du procureur ce reproche. Dans ses assertions relatives au bombardement du marché Siaka Koné d’Abobo, elle a maintes fois rejeté les accusations du procureur sous le prétexte que cette dernière s’est principalement appuyée sur un seul témoin. Poursuivant dans cette ligne de défense, elle a mis en doute cet « incident » du 17 mars 2011 qui fait partie des principales charges retenues contre Laurent Gbagbo. A la fin de sa démonstration, elle conclut : « les preuves avancées par le procureur comporte trop d’incohérences qu’il est difficile de croire qu’un bombardement a eu lieu ce jour-là ». Là où le public attendait des illustrations pour confondre l’accusation, les avocats ont plutôt lancé un florilège d’interrogations adressées à Fatou Bensouda. « Pourquoi le procureur ne s’est-il pas rendu sur place pour vérifier les informations rapportées par les Ong ? ». Ou encore « Pourquoi ne s’est-elle pas fait accompagner par des experts neutres pour procéder à des examens balistiques ? ». Enfin, réfutant les exactions et viols perpétrés dans certains quartiers de Yopougon, au lendemain de la chute de l’ex-président Gbagbo, la défense a plutôt indexé les forces pro-Ouattara. Et principalement les hommes du commandant Coulibaly Ousmane. Ceux que le bureau du procureur qualifie de « miliciens et mercenaires » ne seraient en réalité que «des groupes d’auto-défense composés d’habitants de Yopougon qui n’ont fait que défendre leurs familles », aux dires des avocats.
En somme, la défense, par la voix de Me Fauveau Ivanovic rejette l’existence d’un « plan commun » attribué à Laurent Gbagbo. En sa qualité de chef d’Etat et chef suprême des armées, il était logique que ce dernier dispose d’une armée pour la défense du pays. Ces propos ont enchanté le principal accusé qui par moments hochait la tête en signe d’approbation et esquissait des sourires. L’avant-dernière audience qui se tient cet après-midi permettra à Me Emmanuel Altit et ses collaborateurs d’achever leur partition : celle de gagner les juges de la chambre préliminaire à leur cause.
Karim Wally, envoyé spécial à La Haye (Pays-Bas)
«Pendant que certaines femmes faisaient mine de marcher, d’autres étaient couchées. Puis on a versé du sang du mouton sur elles. Et c’est cela que nos informaticiens ont filmé pour venir faire du montage ».
Oui, vous avez bien lu : du sang de mouton aurait été utilisé par les femmes d’Abobo le 3 mars 2011 pour accréditer la thèse de la tuerie attribuée aux forces pro-Gbagbo.
Hier après-midi, lors de la sixième séance de l’audience de confirmation des charges, à la Cour pénale internationale de La Haye (Pays-Bas), Me Natacha Fauveau Ivanovic n’a pas trouvé meilleur argument que cette parade improbable. En termes plus cruels, aucune femme n’a été tuée à Abobo, ce jour-là ! Propos cyniques ou simples provocations ? A deux jours de la fin de cette audience capitale qui déterminera la convocation d’un procès ou non, les avocats de Gbagbo jouent leur va-tout. Et espèrent, à l’évidence, éviter à leur célèbre client, une prolongation de son séjour au centre pénitencier de Scheveningen (Pays-Bas). Dans cette optique, tout argument peut sembler judicieux pour peser sur la prochaine sentence de la juge Sylvia de Gurmendi. A l’instar de ce témoignage attribué à un prétendu membre du commando invisible sur lequel se cramponne la défense. Mais qui est ce membre du commando invisible ? Il s’agirait «du commandant du théâtre des opérations », ose Mme Fauveau Ivanovic devant la cour, sans avancer d’autres précisions. Près d’une heure d’horloge, les allégations de ce mystérieux personnage servent de socle à la rhétorique de la défense. D’après ce même « membre du commando invisible », la marche des femmes du 3 mars 2011 avait pour but d’attirer l’attention de la communauté internationale en faisant un montage. La bande de montage existerait, selon Me Ivanovic, pince-sans-rire. Poursuivant son récit, l’avocate détaille les circonstances de cet événement douloureux. «Au moment où les femmes simulaient la marche, plusieurs miliciens partisans fermes de Dramane (ndlr : une allusion au président Alassane Ouattara) avec des roquettes et des kalachs en mains se trouvaient masqués dans la foule. Ils avaient reçu ces armes dans la mosquée du quartier Marley de l’imam Sidik dans le but de tirer sur les troupes loyalistes au cas où cette manifestation devait être sécurisée par les forces de Gbagbo », précise t-elle. Mais le scénario initial, digne d’un film hollywoodien tombe à l’eau : aucune présence de soldats loyalistes pour pimenter l’intrigue. Afin de parvenir à leur dessein, « sept femmes ont alors été désignées pour mimer cette mascarade. Chacune d’elle devait recevoir cent mille Francs Cfa. Tous les encadreurs et les participantes devraient recevoir cinquante mille FCfa par personne. Et tous ont reçu leur argent à la mosquée du quartier Marley », conclut-elle, sereinement. Clap de fin. La suite on la connaît. Avec de tels arguments, la défense s’est prise dans sa propre nasse : «le témoignage d’une seule personne ne suffit pas en justice pour établir un fait ». Tout au long de l’audience d’hier, Me Nahori Jennifer n’a cessé de lancer invariablement à la face des hommes du procureur ce reproche. Dans ses assertions relatives au bombardement du marché Siaka Koné d’Abobo, elle a maintes fois rejeté les accusations du procureur sous le prétexte que cette dernière s’est principalement appuyée sur un seul témoin. Poursuivant dans cette ligne de défense, elle a mis en doute cet « incident » du 17 mars 2011 qui fait partie des principales charges retenues contre Laurent Gbagbo. A la fin de sa démonstration, elle conclut : « les preuves avancées par le procureur comporte trop d’incohérences qu’il est difficile de croire qu’un bombardement a eu lieu ce jour-là ». Là où le public attendait des illustrations pour confondre l’accusation, les avocats ont plutôt lancé un florilège d’interrogations adressées à Fatou Bensouda. « Pourquoi le procureur ne s’est-il pas rendu sur place pour vérifier les informations rapportées par les Ong ? ». Ou encore « Pourquoi ne s’est-elle pas fait accompagner par des experts neutres pour procéder à des examens balistiques ? ». Enfin, réfutant les exactions et viols perpétrés dans certains quartiers de Yopougon, au lendemain de la chute de l’ex-président Gbagbo, la défense a plutôt indexé les forces pro-Ouattara. Et principalement les hommes du commandant Coulibaly Ousmane. Ceux que le bureau du procureur qualifie de « miliciens et mercenaires » ne seraient en réalité que «des groupes d’auto-défense composés d’habitants de Yopougon qui n’ont fait que défendre leurs familles », aux dires des avocats.
En somme, la défense, par la voix de Me Fauveau Ivanovic rejette l’existence d’un « plan commun » attribué à Laurent Gbagbo. En sa qualité de chef d’Etat et chef suprême des armées, il était logique que ce dernier dispose d’une armée pour la défense du pays. Ces propos ont enchanté le principal accusé qui par moments hochait la tête en signe d’approbation et esquissait des sourires. L’avant-dernière audience qui se tient cet après-midi permettra à Me Emmanuel Altit et ses collaborateurs d’achever leur partition : celle de gagner les juges de la chambre préliminaire à leur cause.
Karim Wally, envoyé spécial à La Haye (Pays-Bas)