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Société Publié le mercredi 27 février 2013 | LG Infos

Ghana-Guinée : Les deux visages de Ouattara selon les frontières

Laurent Gbagbo disait : «j’ai reçu 322 462 km2 , je laisserai à celui va me succéder 322 462 km2 .» Chose dite, chose faite ; car Alassane Ouattara a hérité de la totalité des 322 462 km2 que Laurent Gbagbo a reçu du Général Robert Guéi. Mais depuis le 11 avril 2011, les Ivoiriens qui aiment leur pays sont inquiets. Alassane Ouattara n’envoie pas de signaux forts qui montrent qu’il a la volonté de transmettre intact l’héritage qu’il a reçu de Laurent Gbagbo. En effet, quand il s’agit de la sécurité aux frontières nationales, le chef de l’Etat ivoirien a deux types de réactions diamétralement opposées ; que certains observateurs ont vite assimilé aux «deux visages de Ouattara selon les frontières à protéger». Ainsi, quand un mystérieux commando a attaqué le poste frontalier de Noé, dans la nuit du jeudi 20 à vendredi 21 septembre, sans avoir la certitude que le danger vient du Ghana voisin, le Président de tous les Ivoiriens a fermé, le lendemain de cette attaque, toutes les frontières aériennes et terrestres avec ce pays ami de longue date. Des commerçants ivoiriens partis faire des achats de l’autre côté de la frontière ainsi des paysans ivoiriens dont les exploitations agricoles se trouvent de l’autre côté du fleuve Tanoé ont été pris de court par la décision du Président ivoirien. Très vite, et sans la moindre enquête, le régime Ouattara a affirmé que les assaillants sont venus du Ghana voisin. Il faisait ainsi allusion aux pro Gbagbo refugiés dans ce pays. Heureusement, la sévère précision du Lieutenant Amadou Koné alias "Sampayo", commandant des opérations au poste frontalier de Noé, a restitué la vérité. «…je n’ai vu personne venu du Ghana», avait-il affirmé sur les antennes de Rfi. Mais cela n’a pas empêché la fermeture des frontières avec le Ghana, «pour des raisons de sûreté». A l’inverse, à la frontière avec la Guinée, le pouvoir d’Abidjan est resté amorphe, presque complice des envahisseurs, lorsqu’un village ivoirien a été annexé et occupé par l’armée guinéenne. En effet, le vendredi 8 février 2013, un détachement des Forces armées guinéennes (Fag) s’est emparé du village de Kpéaba, à une quinzaine de kilomètres de la ville frontalière ivoirienne de Sipilou, dans le département de Biankouma. Ils y ont installé un nouveau chef du village après avoir évincé l’ancien. Ils ont hissé le drapeau guinéen aux lieu et place de celui de la Côte d’Ivoire. C’est une déclaration de guerre aggravée par l’humiliante débandade des Frci déployées dans ce village frontalier, qui ont plié bagage et filé à la malienne, avant l’arrivée des militaires guinéens. A Abidjan on a expliqué cette désertion par la volonté des autorités politiques et militaires ivoiriennes d’éviter un conflit ouvert entre les deux pays. Voici comment le pouvoir ivoirien se comporte à ses frontières. A certains moments, il dégaine et tire avant même d’être sûr que la cible est la bonne. A d’autres occasions, il se lie d’amitié avec le diable, sachant bien que celui-ci vient égorger et tuer. Et ce «deux poids deux mesures» suscite des questions. De fait, les Ivoiriens interrogent et s’interrogent pourquoi Ouattara sort ses griffes contre le Ghana sur lequel il ne pèse que de simples soupçons, et caresse dans le sens du poil la Guinée qui lui a déclaré la guerre ? Des analystes de la scène politique ivoirienne pensent que Ouattara ne veut pas gêner certains longs couteaux de son système qui ont de solides liens avec la Guinée, en plus d’y puiser des bras valides pour «son armée paysanne». «C’est affaire de famille. Chien mange pas chien», ironise-t-on à Adjamé. Sinon, du point de vue menace de déstabilisation, Ouattara ne peut pas dire aux Ivoiriens que la Guinée est blanche comme neige. Quand ses hommes ont arrêté le capitaine Séka Séka le 15 octobre 2011 à l’aéroport Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, il avait été dit qu’il était en partance pour Conakry… Le mercredi 19 octobre 2011, le très introduit Nord Sud Quotidien barrait à sa Une «Arrêté samedi dernier: Séka Séka passe aux aveux». Et le confrère d’expliquer : «Selon des sources proches des services de renseignements généraux qui suivaient les mouvements de Séka Séka depuis le Ghana, il est clair que c’est lui qui devait coordonner la déstabilisation du pays à partir de la Guinée voisine. Il aurait déclaré aux fins limiers qu’il devait, appuyés par plusieurs autres hommes, donner l’assaut sur les localités de Danané, de Korhogo, de Ferké, de Bouna et de Katiola. Le tout en relation avec un groupe de mercenaires basés en Guinée.» Et c’est avec cette Guinée-là que Ouattara ne veut pas d’histoire. Alors qu’il fonce le couteau entre les dents contre le Ghana. Si ce n’est pas une autre facette du rattrapage, ça lui ressemble !

Barthélemy Téhin
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