Voix enrouée, lecture hésitante. Le président Idriss Deby Itno ne respirait pas visiblement la grande forme hier à l’ouverture du sommet de la Cedeao à Yamoussoukro. Mais cela n’a pas empêché le président tchadien de cracher ses vérités à ses hôtes. Chacun en a eu pour son grade. Sans citer le capitaine putschiste malien, Amadou Sanogo, il l’a invité à rejoindre le front que de mettre les bâtons dans les roues du président de la transition. « Aux soldats maliens, votre place est au front pour accomplir votre devoir de protection des populations. Nous vous attendons dans les montagnes du Nord, à la lisière de la frontière algérienne », a insisté celui qui a perdu 25 des 2.000 soldats déployés au Mali. Le numéro un tchadien n’a pas raté l’état-major de la Cedeao qu’il juge « indolent » face à la gravité de la situation au Mali. « L’heure n’est plus aux discours (...) mais plutôt à l’action ; l’ennemi n’attend pas. Nous appelons l’état-major de la Cedeao à accélérer le déploiement des troupes dans les zones libérées », a-t-il soutenu. Même ton de fermeté à l’égard de la classe politique malienne invitée à taire ses querelles byzantines pour privilégier l’intérêt général. « L’heure est grave, car le Mali est menacé. Les hommes politiques doivent se surpasser en ne privilégiant pas les dissensions internes », a conseillé l’officier de l’armée. L’ancien chef d’état-major du président Hissène Habré a émis des réserves sur la transformation de la Mission internationale de soutien au Mali en force de maintien de la paix sous bannière onusienne. Pour lui, cette opération doit avoir une « mission » claire pour qu’elle soit efficace. Idriss Deby a rassuré le président Dioncounda Traoré quant au maintien de ses troupes sur le front malien malgré la perte de 25 soldats.
Nomel Essis, Envoyé spécial à Yamoussoukro
Nomel Essis, Envoyé spécial à Yamoussoukro