Enfin, le jour tant attendu dans cette audience d’infirmation des charges retenues contre le Président Gbagbo est arrivé. Depuis le box des accusés de la Cour pénale internationale de la Haye, l’ex-Président ivoirien parle au monde entier. Dans son cercle d’amitié, ceux qui le connaissent bien pour l’avoir longtemps pratiqué sont formels : «Gbagbo entame ce jour son voyage vers ce qu’il a lui-même appelé «jusqu’au bout»». Mais contrairement à ce que pourraient penser certains esprits stériles, son discours va se décliner en cinq grandes articulations. Les différents accords de paix signés avec la rébellion pour éviter le chaos. Le 29 septembre 2002, soit seulement dix jours après l’attaque des rebelles du Mpci de Guillaume Soro, Me Abdoulaye Wade, Président de la République du Sénégal et Président en exercice de la Cedeao, a convoqué une session extraordinaire des chefs d'Etat et de Gouvernement des Etats membres de la Cedeao, à Accra. Comme le prévoient les dispositions pertinentes du Protocole relatif au Mécanisme de Prévention, de Gestion, de Règlement des Conflits, de Maintien de la Paix et de la Sécurité. «A l'issue de leurs travaux, les chefs d'Etat et de Gouvernement ont fermement condamné la tentative de remise en cause de la démocratie et de la légalité constitutionnelle en Côte d'Ivoire et déploré les nombreuses pertes en vies humaines et la destruction inutile de biens», sans toutefois demander fermement à la rébellion en gestation de cesser d’occuper d’autres villes. Le résultat de cette supercherie est l’apparition du Mjp et du Mpigo dans l’Ouest ivoirien, au mois de novembre 2002. D’où la nécessité après Accra I d’aller à Lomé pour y obtenir une cessation des hostilités. Laurent Gbagbo a du avaler cette autre couleuvre au nom de la paix. Mais c’était mal connaître ceux d’en face qui nourrissaient depuis le secret espoir de diriger la course derrière la paix vers Paris. Pour y dépecer le pouvoir que les Ivoiriens ont donné à Laurent Gbagbo. A la table ronde de Linas-Marcoussis organisée au mois de janvier 2003 en banlieue parisienne, où même les partis non représentés au parlement ont été invités, celui dont le pouvoir a été attaqué par des assaillants était absent. On l’y a imposé un Premier ministre inamovible, avec les pleins pouvoirs, à la tête d’un gouvernement «n’zassa». Gbagbo a accepté depuis Kléber un gouvernement de renonciation aussi capricieux de jamais. Qui a fait plus preuve de mauvaise foi qu’il n’a travaillé pour accomplir la mission assignée. On est obligé de retourner à Accra au Ghana pour la seconde fois. Pour que cesse la guerre des pouvoirs et commence le processus de normalisation tel conçu à Linas- Marcoussis et à Kléber. Mais rien n’y fit. Interviendra l’accord d’Accra III le 30 juillet 2004, qui donne un échéancier de désarmement et de solution politique. Laurent Gbagbo promet de réviser l’article 35 de la Constitution qui écarte Alassane Ouattara de la présidence. Mais cela n’a pas suffi. A Pretoria du 3 au 6 avril 2005, à l’invitation du Médiateur de l’Union africaine, Thabo Mbeki, Président de la République sud-africaine, en présence d’Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara et Guillaume Soro, Gbagbo avale d’autres couleuvres, notamment la composition et la présidence de la commission électorale indépendante qui fait la part belle à ses adversaires politiques et militaires. Retour à Pretoria pour «lever les obstacles» au processus électoral. Gbagbo prendra l’article 48 in fine pour faire d’Alassane Ouattara candidat par exception à l’élection présidentielle d’octobre 2010. Mais comme toujours, la rébellion lui en demandera encore davantage. S’ouvriront avec Guillaume Soro les discussions de Ouattara à la demande du Président Gbagbo. C’est le dialogue direct avec la rébellion. Soro devient Premier ministre et prend le contrôle du processus électoral. Il est émaillé de fraudes massives. En plus, Soro n’a pas fait le désarmement comme stipulé dans les conclusions de l’Accord politique de Ouagadougou. Gbagbo le sait, mais pour la paix, pour éviter à son peuple de s’éterniser dans une situation de ni paix ni guerre, il va aux élections en comptant sur la bonne foi de la communauté internationale.
La présidentielle d’octobre 2010 et la crise post-électorale
A la barre le président Gbagbo rappellera les circonstances dans lesquelles s’est organisée l’élection présidentielle d’octobre-novembre 2010. La rébellion était toujours en armes. Elle n’a jamais opéré le désarmement et le cantonnement de ses combattants. Mais cela n’a ému personne dans les rangs de ceux qui pressaient le Président ivoirien à aller aux élections. Comme si cela devrait servir de tremplin pour valider une technologie électorale minutieusement orchestrée. En effet, avec leurs canons, les ex-rebelles ont traumatisé les partisans de Laurent Gbagbo dans la moitié nord du pays où il n’y a pas eu de vote, sinon des opérations grotesques de bourrage d’urnes au profit d’Alassane Ouattara. Le monde entier a encore ces bureaux de vote où il y a eu plus de votants que d’inscrits, avec zéro votant pour Gbagbo. Alors qu’il y avait au moins deux représentants. Il y a eu aussi ces fraudes massives à l’étranger, dont Paris avait la palme d’or, au détriment du candidat Gbagbo, et le tripatouillage des résultats par la Commission centrale de la Cei. Le tout couronné par la honteuse proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle au Qg du candidat Ouattara par la commission électorale indépendante. De là est née la crise post-électorale que Gbagbo croyait résoudre politiquement.
Le recomptage des voix comme solution de sortie de crise.
Comme le disait Houphouët-Boigny, «la paix ce n’est pas un vain mot, c’est un comportement.» Gbagbo voulait faire corps avec cette célèbre citation. Il a préconisé un règlement politique pour le différend électoral qui l’opposait à son adversaire, à savoir «un simple recomptage des voix». Ni le Représentant Spécial du Secrétaire général des Nations unies, ni personne n’ont épousé cette idée lumineuse. C’est plutôt par les bombes légitimées par une Résolution (R-1975) du Conseil de sécurité qu’il a été pulvérisé afin que son adversaire accède ainsi au pouvoir. On le voit donc, le pensionnaire de la Cpi, l’ancien Président ivoirien, n’est pas un criminel. Gbagbo est plutôt un homme de paix. Un homme d’Etat qui a le sens de l’Etat. Il a toujours mis en avant l’intérêt de son peuple. C’est pourquoi, aujourd’hui, il surprendra le monde par son discours aux antipodes des polémiques stériles pour présenter à la Cour le visage hideux que présente la Côte d’Ivoire depuis le 11 avril 2011, jour de sa chute. Mon pays va mal. Mon peuple a besoin d’être réconcilié.
Barthélemy Téhin.
La présidentielle d’octobre 2010 et la crise post-électorale
A la barre le président Gbagbo rappellera les circonstances dans lesquelles s’est organisée l’élection présidentielle d’octobre-novembre 2010. La rébellion était toujours en armes. Elle n’a jamais opéré le désarmement et le cantonnement de ses combattants. Mais cela n’a ému personne dans les rangs de ceux qui pressaient le Président ivoirien à aller aux élections. Comme si cela devrait servir de tremplin pour valider une technologie électorale minutieusement orchestrée. En effet, avec leurs canons, les ex-rebelles ont traumatisé les partisans de Laurent Gbagbo dans la moitié nord du pays où il n’y a pas eu de vote, sinon des opérations grotesques de bourrage d’urnes au profit d’Alassane Ouattara. Le monde entier a encore ces bureaux de vote où il y a eu plus de votants que d’inscrits, avec zéro votant pour Gbagbo. Alors qu’il y avait au moins deux représentants. Il y a eu aussi ces fraudes massives à l’étranger, dont Paris avait la palme d’or, au détriment du candidat Gbagbo, et le tripatouillage des résultats par la Commission centrale de la Cei. Le tout couronné par la honteuse proclamation des résultats définitifs de l’élection présidentielle au Qg du candidat Ouattara par la commission électorale indépendante. De là est née la crise post-électorale que Gbagbo croyait résoudre politiquement.
Le recomptage des voix comme solution de sortie de crise.
Comme le disait Houphouët-Boigny, «la paix ce n’est pas un vain mot, c’est un comportement.» Gbagbo voulait faire corps avec cette célèbre citation. Il a préconisé un règlement politique pour le différend électoral qui l’opposait à son adversaire, à savoir «un simple recomptage des voix». Ni le Représentant Spécial du Secrétaire général des Nations unies, ni personne n’ont épousé cette idée lumineuse. C’est plutôt par les bombes légitimées par une Résolution (R-1975) du Conseil de sécurité qu’il a été pulvérisé afin que son adversaire accède ainsi au pouvoir. On le voit donc, le pensionnaire de la Cpi, l’ancien Président ivoirien, n’est pas un criminel. Gbagbo est plutôt un homme de paix. Un homme d’Etat qui a le sens de l’Etat. Il a toujours mis en avant l’intérêt de son peuple. C’est pourquoi, aujourd’hui, il surprendra le monde par son discours aux antipodes des polémiques stériles pour présenter à la Cour le visage hideux que présente la Côte d’Ivoire depuis le 11 avril 2011, jour de sa chute. Mon pays va mal. Mon peuple a besoin d’être réconcilié.
Barthélemy Téhin.