Le Discours de la méthode. Un texte qui n’échappe pas aux amoureux de la philosophie. Il est le premier texte philosophique publié par René Descartes à La Haye le 8 juin 1637. Aujourd’hui, nous somme jeudi 28 février 2013. Environ 4 siècles après. Laurent Gbagbo va prononcer un discours à partir de La Haye. Un discours sur papier. Les circonstances ne prêtent guère à une improvisation. Car tout mot mal placé peut coûter cher. Le Discours de la méthode a été écrit quelques années après le procès de Galilée (juin 1633), qui avait été condamné par l'Église à cause de son ouvrage «Dialogue sur les deux grands systèmes du monde». Dont la trame porte sur les mouvements de rotation et révolution de la terre autour du soleil. Il a payé de sa vie cette vérité. En somme, il est mort pour avoir eu raison trop tôt. Quel lien avec Gbagbo ? Le lieu du discours. La Haye. Le contexte des écrits. La vérité de l’élection présidentielle de 2010 en Côte d’Ivoire. Celle qui a conduit Laurent Gbagbo à La Haye. Certes, il n’a pas connu le sort que l’Eglise a réservé à Galilée. Mais, n’empêche qu’il y a une similitude entre les faits : des vérités historiques. Qui éclatent tôt ou tard. Le discours que va faire Gbagbo aujourd’hui s’articulera autour de ce qui fait l’Homme : un homme de paix, foncièrement ancré dans les méthodes pacifiques pour obtenir toute chose. Bien sûr, il fera la radioscopie des différents accords qui ont meublé la décennie de crise. Accra I, Lomé, Marcoussis-Kléber, Accra II, Accra III, Pretoria I, Pretoria II, et enfin l’accord de Ouattara avec ses quatre avenants. Un véritable parcours de combattant pour aboutir à une paix, par les élections. Malheureusement, en face, il y avait de petites gens qui usaient de subterfuges pour l’évincer du pouvoir. Ce qui devait arriver, arriva. Qu’a apporté au pays la déportation de Gbagbo à La Haye ? Rien. La réconciliation a du plomb dans l’aile. Laurent Gbagbo appellera ses concitoyens à se tourner résolument vers la recherche de la paix. Pour étayer ses propos, il aura recours à Lyndon Johnson, pour dire «qu’il n’y a pas de perdant dans la paix, ni de vainqueur dans la guerre». Il dira à ses partisans de ne pas percevoir le choix de la paix comme une capitulation. Mais comme une grandeur d’esprit d’hommes et de femmes qui témoignent un amour profond pour leur pays. Qu’on se le tienne pour dit. Laurent Gbagbo n’entrera pas dans une polémique stérile avec la France. Il a déjà déclaré à la face du monde que c’est la France de Sarkozy qui a «fait le travail». La France de Hollande aurait peut-être agi autrement. Mais vu que la douleur qu’on lui inflige est injuste et injustifié, il demandera à la communauté dite internationale de reconnaitre ses erreurs en Côte d’Ivoire, pour ne pas qu’elle ne les reproduise ailleurs. Aux juges, il leur demandera d’être justes et de dire le droit. Le célèbre prisonnier renouvellera sa foi en la Côte d’Ivoire et prendra le pari d’œuvrer à sa sortie de prison, à la cohésion nationale dans son pays.
Tché Bi Tché
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