Ils sont jeunes et travaillent dans le cinéma en Côte d’Ivoire. Présents à Ouagadougou, dans le cadre de ce 23ème Fespaco, ils essaient, avec des fortunes diverses, de nouer de « très bons contacts” Ouagadougou, Azalaï Hôtel (Ex-Indépendance). Dans l’une des salles de cet hôtel de luxe situé en plein cœur de la capitale du Burkina Faso, trônent une trentaine de stands, aussi bariolés les uns que les autres d’affiches de films, de séries télé et autres productions cinématographiques. C’est le Marché international du cinéma et de la télévision africains (MICA), qui est, cette année, à sa 16ème édition. Un espace où les professionnels du cinéma en Afrique se rencontrent pour échanger des contacts utiles et, qui sait, vendre des œuvres. Parmi eux, on retrouve un bon nombre de jeunes ivoiriens : cinéastes, réalisateurs, producteurs et techniciens du cinéma… Ils ont une cinquantaine à avoir effectué le déplacement d’Abidjan. Certains par avion, en général ceux qui sont invités par le Fespaco parce que leurs films sont en compétition, ou encore font partie de la Délégation officielle de Côte d’Ivoire. Et d’autres, les plus nombreux, par la route, grâce à un convoi organisé par la structure Activistes Associés, pilotée par la journaliste Edwige H, en partenariat avec Africadoc Côte d’Ivoire dirigé par Adama Kokombo. Avec tout ce que cela comporte comme fatigue et péripéties. Pour ces jeunes, peu importe le moyen de locomotion utilisé pour rallier Ouagadougou. L’essentiel, comme aimait à le dire le Baron Pierre de Coubertin, fondateur des Jeux olympiques modernes, est de participer à la plus grande fête du cinéma du Afrique. Dans leur tête, chacun a sa petite idée. Mais, les ambitions sont les mêmes : avoir de « bons tuyaux » pour avancer. « Le Fespaco est une belle opportunité de rencontrer des professionnels du cinéma. Les cartes de visite pleuvent. J’ai pris des contacts intéressants», indique Jeanne N’Go, scénariste et actrice du long métrage « Yeza Beline », qui est à son second Fespaco, après celui de 2009. Comme elle, Joëlle Hargina, comédienne dans la série EPP Iroko (en compétition dans la catégorie série télévisuelle), est tout aussi heureuse d’être à Ouagadougou. Le Fespaco, pense t- elle, est une intéressante plate-forme, pour les acteurs du monde du cinéma en Afrique. « Nous avons un stand au MICA où nous avons rencontré des producteurs, des responsables de chaînes de télé qui se sont renseignés sur notre série », témoigne t-elle, tout en avouant avoir pris « beaucoup de contacts » avec les comédiens vivant au Burkina Faso. « Peut-être que j’obtiendrai un rôle ici (Ouagadougou) dans une série ou un film de fiction », sourit-elle. Producteur et réalisateur, Philippe Monhin, président d’une union des professionnels du cinéma et de l’audiovisuel, admet, de son côté, avoir pris « de nombreux contacts fructueux », depuis qu’il est à Ouagadougou. «En plus des invités venus de l’Europe, d’Amérique et d’autres pays d’Afriques, nous avons eu des séances de travail avec les structures qui existent au Burkina Faso en vue d’une collaboration étroite entre les professionnels du cinéma ivoiriens et burkinabè. Beaucoup de contacts pour certains, des promesses de contrats déjà pour d’autres ! Et il est possible que nous travaillions ensemble sur des projets », explique t-il, en mettant de l’ordre dans les cartes visites qu’il a, jusque-là, glanées. Un enthousiasme partagé par son confrère Henri Porquet. Bien plus, lui semble déjà avoir pris ses marques pour des collaborations futures à Ouagadougou. « Moi, je suis venu vendre mes compétences en qualité de technicien audiovisuel du cinéma, dans le domaine de l’étalonnage numérique et des effets spéciaux », fait-il savoir, avant d’enchaîner : « J’ai pu vendre certaines de mes productions entre autres le long métrage ‘’Les têtes brûlées’’, deux collections de courts, « Au-delà du miroir’’ et ‘’ Les versets ambigus’’ ». Henri Porquet confie également avoir été contacté par des Américains qui mettent en ligne des films africains, et, mieux, il a obtenu des accords avec des structures en Algérie et au Nigéria. Sans oublier la signature d’un contrat avec une société qui vend du matériel cinématographique. Pour Jeannette Faithê N’guessan, actrice dans « Histoire d’une vie », une série réalisée par Arantess de Bonalii, présent aussi au Fespaco, sa présence dans la capitale burkinabé lui a permis, ironie du sort, de faire la connaissance des vedettes ivoiriennes Akissi Delta et Ouattara Eugénie Djuéduessi, qu’elle a côtoyées au Stand Akwaba, de la Côte d’Ivoire au Mica. « J’ai aussi rencontré un réalisateur gabonais et d’autres personnes intéressantes », poursuit Jeannette Faithê N’guessan. A l’instar de cette comédienne sympathique, Koumba Sissoko, qui joue dans « Campus » et « HLM », deux séries ivoiriennes, est au Fespaco 2013, pour se faire connaître et trouver des producteurs qui pourraient lui offrir des rôles dans des films burkinabè. « J’ai discuté avec un réalisateur guinéen et un metteur en scène burkinabé. C’était des échanges vraiment fructueux », confesse t-elle. Chose curieuse, des producteurs ivoiriens l’ont découverte ici en visionnant des extraits de ses films. L’éventualité qu’elle travaille avec eux n’est pas à écarter. Même s’ils sont dans l’ensemble contents d’être à Ouagadougou, tout n’est quand même pas rose pour ces professionnels du cinéma en Côte d’Ivoire. Malgré l’effervescence autour du festival, ils sont en proie, pour la plupart d’entre eux à quelques difficultés. « On n’a pas eu encore nos badges. Donc, on ne peut pas avoir accès aux salles pour voir les films tant qu’on n’achète pas les tickets. Quand tu n’as pas prévu cela, ça t’embête un peu», regrette Joëlle Hargina. Autre galère, le transport dans la ville. Faute de trouver un logement dans le centre-ville, ils ont pris leurs quartiers dans un hôtel, à la périphérie de Ouagadougou, pour beaucoup d’entre eux. «Non seulement, ce n’est pas facile de trouver les taxis, mais en plus c’est cher, à cause du Fespaco », déplore Jeanneette N’guessan, contrariée par cette situation. Tout comme les autres. Sinon, conclut Henri Porquet, « on est content d’être là et c’est tout bénef pour nous».
Y. Sangaré, envoyé spécial
Y. Sangaré, envoyé spécial