L’exhumation s’accompagne d’accidents physiques et d’autres perturbations surnaturelles. Des spécialistes édifient sur l’opération qui débute aujourd’hui.
Des pioches, des houes et des pelles creusent la terre, dès aujourd’hui, à la recherche de squelettes humains. Les fouilles visant à exhumer des victimes de la crise postélectorale débutent ainsi comme annoncé par le ministère de la Justice. Les recherches commencent principalement à Yopougon, à Abobo, pour ce qui est de la ville d’Abidjan, et se poursuivront à Duékoué dans l’Ouest du pays. Ces communes regorgent des fosses communes et d’autres tombes creusées à la va-vite, pendant la crise postélectorale. Il est temps, selon le gouvernement, de donner des sépultures dignes aux personnes enterrées de cette façon et de savoir aussi la cause de leur mort. D’où l’initiative de l’opération d’exhumation. Mais si l’idée est noble de restaurer la mémoire des victimes, force est de réaliser qu’elle n’est pas sans risque. En effet, fossoyeurs et riverains sont exposés à des dangers.
Fossoyeurs en péril
Il est vrai qu’avant de saisir leurs outils de creusage, les employés des pompes funèbres prennent des précautions. Mais les seuls gants et les cache-nez ne suffiront pas pour braver l’odeur des corps putréfiés ou en putréfaction. Il conviendrait pour atténuer les risques d’inhalation de ces émanations nauséabondes que soient prises des mesures drastiques d’hygiène, visant à protéger davantage les creuseurs. En général, explique sous l’anonymat un expert, ils sont exposés à des risques de blessures avec des clous, des ferrailles. L’étanchéité du site à creuser expose aussi les fossoyeurs à des problèmes traumatiques musculaires. Comme on ne sait pas de quoi sont mortes toutes les victimes, se doute-t-il aussi, il y a fort à parier qu’un taux de contagion soit grand. On pourra, par exemple, observer des cas de contamination de pathologies, si les victimes avaient été malades avant leur mort accidentelle. Compte tenu du fait que les enfouissements des corps ont été faits dans la précipitation, argumente-t-il, il est possible que les fossoyeurs inspirent les émanations des corps décomposés. C’est le « risque biologique et chimique » par l’inhalation de souffre, de carbone, d’azote et autres émanations chimiques provoquées par la chaleur et la décomposition des vêtements. On peut déplorer, prévient l’interlocuteur, des surinfections cutanées qu’il ne cite pas, estimant que ces données sont trop techniques.
Risques encourus par les riverains
S’il faut circonscrire les sites d’investigation, il faut aussi préserver les riverains des conséquences des fouilles. De façon traditionnelle, exhumer des corps revient à déstabiliser un équilibre. Car, les humains enterrent toujours à des endroits qu’ils se sont appropriés. Or, dans le cas d’espèce, des enterrements ont été faits là où les auteurs de crimes présumés ou des parents de victimes pouvaient se débarrasser des corps. Dans tous les cas, analyse cette fois un docteur en anthropologie, on dérangera un ordre établi par la force des choses. « Du point de vue de la signification de l’inhumation au niveau africain, on se dit toujours que le fait d’enterrer un mort sans prendre un certain nombre de dispositions irrationnelles, psycho-mystiques, peut pousser le cadre à déséquilibrer la société », dit Dr Coulibaly Djakaridja. « Le mort, ajoute-t-il, par vengeance ou par colère, peut jeter une maladie sur la société ». Mais pour parer à l’effet des enterrements précaires, il faut recourir à des rituels. Un raison de plus, pour l’interlocuteur, de se réjouir des libations initiées par le ministère. « Quand on exhume, il faut toujours anéantir les forces qui peuvent se dérouler autour du mort », commente Dr Coulibaly. A l’en croire, si en Afrique on considère qu’un pouvoir gravite autour du mort, et que le mort lui-même dispose de pouvoirs, il est nécessaire de circonscrire cette puissance. Ce préalable (la libation, la purification) devrait épargner les riverains d’être hantés par la divagation de l’âme du mort.
Bidi Ignace
Des pioches, des houes et des pelles creusent la terre, dès aujourd’hui, à la recherche de squelettes humains. Les fouilles visant à exhumer des victimes de la crise postélectorale débutent ainsi comme annoncé par le ministère de la Justice. Les recherches commencent principalement à Yopougon, à Abobo, pour ce qui est de la ville d’Abidjan, et se poursuivront à Duékoué dans l’Ouest du pays. Ces communes regorgent des fosses communes et d’autres tombes creusées à la va-vite, pendant la crise postélectorale. Il est temps, selon le gouvernement, de donner des sépultures dignes aux personnes enterrées de cette façon et de savoir aussi la cause de leur mort. D’où l’initiative de l’opération d’exhumation. Mais si l’idée est noble de restaurer la mémoire des victimes, force est de réaliser qu’elle n’est pas sans risque. En effet, fossoyeurs et riverains sont exposés à des dangers.
Fossoyeurs en péril
Il est vrai qu’avant de saisir leurs outils de creusage, les employés des pompes funèbres prennent des précautions. Mais les seuls gants et les cache-nez ne suffiront pas pour braver l’odeur des corps putréfiés ou en putréfaction. Il conviendrait pour atténuer les risques d’inhalation de ces émanations nauséabondes que soient prises des mesures drastiques d’hygiène, visant à protéger davantage les creuseurs. En général, explique sous l’anonymat un expert, ils sont exposés à des risques de blessures avec des clous, des ferrailles. L’étanchéité du site à creuser expose aussi les fossoyeurs à des problèmes traumatiques musculaires. Comme on ne sait pas de quoi sont mortes toutes les victimes, se doute-t-il aussi, il y a fort à parier qu’un taux de contagion soit grand. On pourra, par exemple, observer des cas de contamination de pathologies, si les victimes avaient été malades avant leur mort accidentelle. Compte tenu du fait que les enfouissements des corps ont été faits dans la précipitation, argumente-t-il, il est possible que les fossoyeurs inspirent les émanations des corps décomposés. C’est le « risque biologique et chimique » par l’inhalation de souffre, de carbone, d’azote et autres émanations chimiques provoquées par la chaleur et la décomposition des vêtements. On peut déplorer, prévient l’interlocuteur, des surinfections cutanées qu’il ne cite pas, estimant que ces données sont trop techniques.
Risques encourus par les riverains
S’il faut circonscrire les sites d’investigation, il faut aussi préserver les riverains des conséquences des fouilles. De façon traditionnelle, exhumer des corps revient à déstabiliser un équilibre. Car, les humains enterrent toujours à des endroits qu’ils se sont appropriés. Or, dans le cas d’espèce, des enterrements ont été faits là où les auteurs de crimes présumés ou des parents de victimes pouvaient se débarrasser des corps. Dans tous les cas, analyse cette fois un docteur en anthropologie, on dérangera un ordre établi par la force des choses. « Du point de vue de la signification de l’inhumation au niveau africain, on se dit toujours que le fait d’enterrer un mort sans prendre un certain nombre de dispositions irrationnelles, psycho-mystiques, peut pousser le cadre à déséquilibrer la société », dit Dr Coulibaly Djakaridja. « Le mort, ajoute-t-il, par vengeance ou par colère, peut jeter une maladie sur la société ». Mais pour parer à l’effet des enterrements précaires, il faut recourir à des rituels. Un raison de plus, pour l’interlocuteur, de se réjouir des libations initiées par le ministère. « Quand on exhume, il faut toujours anéantir les forces qui peuvent se dérouler autour du mort », commente Dr Coulibaly. A l’en croire, si en Afrique on considère qu’un pouvoir gravite autour du mort, et que le mort lui-même dispose de pouvoirs, il est nécessaire de circonscrire cette puissance. Ce préalable (la libation, la purification) devrait épargner les riverains d’être hantés par la divagation de l’âme du mort.
Bidi Ignace