Nous sommes à Adjamé, non loin de la pharmacie Saint Michel. Fabrice Dosso et ses collaborateurs n’ont pas de temps de répit. Chacun est occupé à terminer sa tâche. Les tee-shirts à l’effigie des différents candidats sont visibles à l’entrée du magasin. « Nous avons reçu des commandes d’un candidat qu’il faudra livrer aujourd’hui (Ndlr : hier) », nous dit le responsable du magasin, pour expliquer son manque de temps. Devant notre insistance, il décide de se prêter à nos questions. En effet, il est le gérant du magasin Friday, une structure de sérigraphie et calligraphie, sise à Adjamé. Il explique que la période de campagne électorale est considérée comme “une traite” pour eux. « Nous avons vendu environ 11000 tee-shirts depuis le début de la campagne. On vend entre 200 à 300 tee-shirts par jour», dit Fabrice Dosso. En effet, les candidats s’arrachent les tee-shirts comme de petits pains pour les distribuer aux populations. Fabrice dit gagner entre 200 FCFA et 300 FCFA sur un tee-shirt. «En dehors de la période de campagne, nous vendons à peine 50 tee-shirts par jour. Nos prix varient entre 1200 FCFA et 1500 FCFA. Alors qu’en campagne, nous faisons des remises aux candidats. Les tee-shirts de qualité moyenne, estimés à 1200 FCFA, passent à 1000 FCFA. Les auto-collants A4, en couleur, passent de 700 FCFA à 500 FCFA et les A3, en couleur, se négocient à 700 FCFA contre 800 FCFA. Nous faisons également, à moindres coûts, des papiers transferts pour les candidats », révèle Fabrice Dosso. A kas D2co, un autre magasin de sérigraphie, toujours à Adjamé, les tee-shirts sont exposés sur une table, à l’entrée de l’entreprise. Tata Zéba, responsable de la boutique indique qu’elle reçoit par jour, plusieurs commandes de tee-shirts. « On vend 500 à 1000 tee-shirts par jour pendant les périodes de campagne alors qu’en dehors de celles-ci, nous vendons entre 50 et 100. Les tee-shirts de 1000 FCFA sont à 900 FCFA pendant cette période. Ceux de 1300 FCFA, nous les faisons à 1100 FCFA », explique la magasinière. Et de préciser que son chiffre d’affaires double en cette période, avec un bénéfice de 300 FCFA sur un tee-shirt. Selon Zéba, cette campagne est timide par rapport aux campagnes précédentes. « Il n y a pas trop de commandes comme aux élections législatives. Nous avons enregistré moins de commande cette fois-ci par rapport aux campagnes passées », affirme-t-elle. Un autre imprimeur, répondant aux initiales de H.D, dans la commune de Koumassi, soutient cette assertion : « Nous n’avons pas eu beaucoup de marchés cette fois-ci. La Commission électorale indépendante (Cie) donne les marchés aux imprimeurs qu’ils veulent. Alors que ces imprimeurs n’ont pas tous les agréments et ne sont pas reconnus en tant que tel. Je suis allé chercher moi-même des candidats pour leur faire des propositions de tee-shirts. Aujourd’hui, je travaille directement avec huit candidats qui font une rotation de 2000 à 3000 tee-shirts renouvelables ». H.D imprime les tee-shirts et les polos pour les revendre aux candidats, à 900 FCFA, 1000 FCFA, 1200 FCFA et 5000 FCFA, selon la qualité. Une autre activité qui marche en cette période, est la location de chaises, bâches et sonorisation. Dans une entreprise de location, les clients font leur commande, deux jours, voire une semaine avant. Un temps leur ait accordé pour permettre aux autres d’en bénéficier. « Nous sommes débordés ces deux jours, à tel point que nous avons acheté 200 chaises pour augmenter notre stock. Nous sommes obligés à chaque fois, de dire aux clients, de respecter une certaine durée dans leur cérémonie pour que nous puissions mettre les appareils à la disposition des autres qui attendent », soutient Soungalo Traoré, gérant d’un magasin de location vente. Sur les lieux de campagnes, les vendeuses d’eaux glacées ne sont pas en reste. Elles viennent en grand nombre proposer de l’eau aux personnes assises sur les différentes bâches. Vu la grande chaleur qui y règne. Faut-il le préciser, pendant la période de campagne, il y a ceux qui se vident les poches et ceux qui les remplissent en un laps de temps. Et ce ne sont pas les imprimeurs, les infographes, les calligraphes, les gérants d’entreprise de location et les vendeuses d’eaux qui diront le contraire. Eux qui trouvent leur compte grâce au désir de paraître des candidats pour les élections municipales et régionales.
Soumba.O
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