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Politique Publié le samedi 20 avril 2013 | L’intelligent d’Abidjan

Les samedis de Biton - Par Isaïe Biton Koulibaly - Le contrôle populaire

Un ministre sénégalais, en visite à Abidjan, à l’époque de Félix Houphouët-Boigny, avait accordé au journal gouvernemental, une interview mémorable. Certains se diront comment peut-il se rappeler des propos d’un ministre datant de plus de vingt-ans. Et pourtant c’est si facile pour ceux de ma génération. Nous avions connu l’école où on apprenait les leçons par cœur. Il fallait nous voir sous les lampadaires, jusqu’à tard dans la nuit, pour répéter entre nous les leçons, à réciter le lendemain devant le maître ou le professeur. Et cela jusqu’à la classe de troisième. Et nos leçons, de toutes les matières, étaient longues. Ne parlons pas des récitations. Comment n’aurions-nous pas de mémoire ? On savait même où placer, en récitant, les virgules, les points. Les points virgules étaient très importants. Chaque jour, nous étions dans l’obligation d’apprendre trois à quatre leçons par cœur. Sans oublier les cours de catéchisme pour les cathos et l’école coranique, les jeudis, pour les musulmans. Je ne comprends plus l’école d’aujourd’hui. Revenons à notre ministre. Il disait que dans l’opposition, il fustigeait sans cesse le parti au pouvoir et surtout sa propension au gaspillage. Que le train de vie de l’Etat était trop élevé. A la faveur d’un gouvernement d’union national, un gadget très apprécié en Afrique, pour que tout le monde « bouffe », notre homme fait son entrée dans le gouvernement. Quelques mois, plus tard, sa surprise ne cesse de s’étendre. Il ne voit pas du tout ce train de vie de l’Etat qu’il dénonçait. Au contraire, il voit tous les gymnastiques budgétaires de l’Etat. Combien pensent-ils encore et toujours la même chose des pouvoirs en Afrique ? Des centaines de millions. Le pouvoir c’est bouffer, c’est la corruption à tous les étages. Impossible d’enlever cela dans la tête du peuple et des élites. Aucun combat contre la corruption ne changera leurs idées à ce sujet. En psychologie, pour comprendre le caractère d’un homme, c’est d’une facilité banale. Il suffit de l’écouter. Il dénonce très souvent quelque chose, avec hargne, il ne fait qu’étaler son propre caractère. Dénoncer tous les jours ceux qui «volent» démontre tout simplement qu’on pense que ça se passe ainsi et surtout qu’on a envie de faire la même chose ou qu’on le fera si le destin nous positionnait à ce poste. En écoutant certains candidats, aux élections régionales et municipales, je me dis qu’ils partent vers des désillusions. Ils reviendront très vite à la réalité. Mais, le poison dans la tête de l’opinion est contagieux. Comment amener tout le monde à participer à la gestion collective pour éviter les suspicions ? Je crois qu’il faut, à tous les niveaux, créer un contrôle populaire. L’Afrique change. L’Afrique bouge. Les rumeurs détruisent une ville, une région, un pays. Elles paralysent tout effort de développement. C’est vrai que les Etats ont des structures de contrôle, mais le peuple, même si la transparence est de mise, ne croit jamais. On ne peut pas contrôler son ami. Pour le peuple, toute l’élite est liée par un pacte secret qui leur permet de s’enrichir sur le dos du brave peuple. Un peuple qui a pour caractéristique de ne jamais se mettre en cause, de voir seulement que le mal dans les autres. Pour l’amener à plus de discernement, le contrôle populaire devient une exigence. Pour tout projet, en dehors des structures techniques, il faut désigner des personnes de toutes les catégories socioprofessionnelles pour suivre les dépenses au jour le jour. Et pas seulement pour les projets. Mais aussi dans les ministères, les directions, les entreprises. Non seulement les employés doivent participer à ce contrôle populaire, mais des personnes aussi extérieures à l’entreprise, à l’usine, à la mairie. C’est une survie politique. Tout ‘’sou’’ dépensé doit être contrôlé par des yeux extérieurs. Il faut savoir lire les signes des temps. Tôt ou tard un sou sorti de sa trajectoire reviendra avec fracas frapper au visage du corrompu. En comptabilité, rien ne se perd. Tout se retrouve. Le voleur est loin d’imaginer que dans la nuit avancée, dans une maison vide, qu’il ne sera jamais pris après son larcin. Tout se voit. Tout s’entend. Le discernement est une obligation. Il faut éviter que le peuple mette tout le monde dans le même sac. En ouvrant les portes à tous, personne ne parlera plus comme notre ministre sénégalais. A suivre des candidats dire qu’ils feront venir des investisseurs dans leur ville où ils construiront des usines est un programme présidentiel. Chaque candidat doit avant tout, chercher à faire sortir les électeurs pour aller voter. Un vrai défi. Les vainqueurs seront les candidats qui auront réussi à faire déplacer leurs partisans. Mais ce ne serait qu’une étape. Après leur élection, il faudra se faire contrôler par ces mêmes électeurs pour que le développement de la ville ou de la région devienne une réalité. Le contrôle populaire est devant nous. Courons pour le saisir. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
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